L’intelligence artificielle s’invite au cœur de la stratégie durable des entreprises européennes. Dans leur 4ᵉ baromètre RSE, dévoilé le 24 octobre 2025, Wavestone et l’ORSE dressent un état des lieux inédit de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) à l’échelle européenne. Réalisée pour la première fois en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, l’étude met en lumière un constat clair : la RSE se digitalise à grande vitesse, portée par la donnée et l’IA, avec, en toile de fond, la nécessité d’en maîtriser les impacts environnementaux, sociaux et éthiques.
La RSE s’impose dans le pilotage des entreprises
Mais qu’entend-on exactement par RSE, et pourquoi compte-t-elle autant aujourd’hui ? Concrètement, il s’agit de l’ensemble des engagements qu’une organisation prend pour concilier performance économique, impact environnemental et progrès social. Loin d’être un simple complément, la RSE s’impose désormais comme un levier central de transformation et de gouvernance au sein des entreprises.
L’impact de l’IA est désormais au cœur des données ESG : il faut en maximiser les bénéfices tout en maîtrisant les risques éthiques, environnementaux et psychosociaux.
Cette approche ne reste pas théorique : elle se traduit concrètement dans le pilotage des entreprises. Selon l’étude, le respect de la RSE n’est plus affiché en façade par ces dernières. C’est désormais un véritable outil de gestion : les dirigeants sont plus impliqués et en font un levier de transformation stratégique. Le plus souvent, ce sont les services des RH, de la stratégie, de la finance et de l’informatique qui y sont le plus étroitement associés.
Et cette implication des dirigeants et des équipes se reflète dans les chiffres : 91 % des firmes interrogées ont réussi à intégrer la RSE dans leur politique de manière durable, en y soumettant leurs modèles économiques et leurs investissements. 89 % affirment observer des impacts environnementaux et sociaux positifs.
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L’IA au service de la RSE
Pour appuyer la mise en œuvre de la RSE, les entreprises s’appuient de plus en plus sur l’intelligence artificielle (IA). Elle est utilisée par 59 % d’entre elles pour mesurer et communiquer leurs performances ESG, de la collecte à l’analyse en passant par la rédaction automatisée de rapports.
L’IA contribue également à former et sensibiliser les salariés aux pratiques durables, jouant ainsi un rôle central dans la stratégie RSE. "L’impact de l’IA est désormais au cœur des données ESG : il faut en maximiser les bénéfices tout en maîtrisant les risques éthiques, environnementaux et psychosociaux", souligne Hélène Valade, présidente de l’ORSE.
Conscientes des risques associés à l’IA, les entreprises surveillent de près son impact environnemental : 77 % d’entre elles suivent et quantifient l’empreinte environnementale de l’IA utilisée dans leurs activités. Elles évaluent également les risques psychosociaux, 75 % identifiant des préoccupations liées au remplacement ou à la perte de reconnaissance professionnelle des salariés. Grâce à une gouvernance RSE plus structurée, elles sont désormais mieux armées pour anticiper et maîtriser ces risques.
La France à la traîne en matière de RSE...
Cette structuration reste néanmoins inégale selon les pays. En France, 55 % des entreprises signalent un manque de temps et d’effectifs pour faire avancer leur politique RSE, contre seulement 42 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Ces contraintes expliquent en partie pourquoi les entreprises françaises rencontrent plus de difficultés à appliquer pleinement leurs démarches RSE.
Pour pallier ces difficultés, 52 % des entreprises françaises ont mis en place des équipes informatiques dédiées à la collecte des données ESG. Malgré cet effort, la collaboration entre les équipes IT et RSE reste moins efficace qu’au Royaume-Uni et en Allemagne, ce qui limite encore la fluidité et la fiabilité du pilotage RSE en France.
En matière d’environnement, les entreprises utilisent souvent plusieurs outils distincts pour collecter leurs données ESG, qui ne sont pas toujours interconnectés. Ainsi, 62 % des firmes exploitent plusieurs systèmes pour suivre leurs émissions carbone, ce qui complique l’intégration et compromet la fiabilité des données. Cette fragmentation, combinée à un manque de ressources, freine encore les progrès dans le suivi et le pilotage de la RSE.
... et d'IA
Ce retard se reflète également dans l’usage de l’intelligence artificielle. En France, seulement 37 % des entreprises déclarent un usage significatif de l’IA par leurs salariés, contre 55 % au Royaume-Uni et en Allemagne, soulignant un décalage dans l’adoption des technologies au service de la RSE.
De plus, dans près de 90 % des entreprises britanniques et allemandes, les équipes RSE participent activement à la réflexion sur un usage éthique et responsable de l’IA. Elles tiennent compte du respect des droits humains, de la transparence ou encore d’un usage durable de l’intelligence artificielle. En France, cette implication reste encore limitée, inférieure à 50 %, traduisant un retard également sur la dimension éthique de l’intelligence artificielle.