Plus de 500 entreprises françaises ont décroché jusqu’à présent le fameux sésame et Doctolib peut aujourd’hui se targuer d’en faire partie. Cela signifie que le spécialiste de la prise de rendez-vous médicaux répond à un certain nombre de critères en matière de performance sociale et environnementale, de responsabilité et de transparence.
Le label B Corp, qu’ID décrypte dans cet article, est décerné aux entreprises ayant réalisé avec succès le B Impact Assessment (BIA), en plus de répondre à certaines exigences et d’être auditées. Le BIA est un questionnaire avec plus de 200 réponses à fournir, permettant de mesurer son impact social et environnemental global selon des critères spécifiques. B Corp est décerné par un organisme indépendant et à but non lucratif.
Il faut recevoir un score minimum et vérifié de 80 points pour passer aux étapes suivantes et le chemin est long.
"Je suis arrivée chez Doctolib il y a plus de trois ans, j’ai regardé l’historique de mes premiers mails et je crois que celui concernant l’obtention du label B Corp fait partie des premiers que j’ai envoyés ! remarque Bettina Reveyron, directrice de l’impact social de Doctolib. Le questionnaire est très long et il faut justifier nos réponses et apporter des preuves de ce que nous avançons."
En l’occurrence, Doctolib a obtenu le score de 92.1 et en a publié les détails.
Ils regardent comment, par nature, l’entreprise contribue à résoudre un problème sociétal ou environnemental."
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Un label exigeant
Pourquoi avoir d’ailleurs cherché à obtenir spécifiquement ce label ?
"L’impact social fait partie de notre ADN, sachant que nous sommes un acteur de la tech en santé, pointe Bettina Reveyron. C’est très naturel pour nous de nous interroger sur les missions que nous portons pour la société française et sur la façon dont nous opérons en tant qu’entreprise. Il y a plusieurs labels de responsabilité sociale et environnementale et nous nous sommes tournés vers B Corp parce que c’est le label le plus exigeant qui existe à l’heure actuelle et que c’est un label international. C’est important pour nous car nous avons des projets ailleurs."
Doctolib opère en effet aussi en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas. Rappelons au passage que l’entreprise, née en 2013, soutient aujourd’hui plus de 420 000 soignants et est forte de 2900 employés.
Pour la directrice de l’impact social, ce processus de labellisation a constitué une sorte de "boussole de progrès", pour faire le point sur les engagements de l’entreprise et pour voir où sont ses marges de progression.
Bettina Reveyron estime que ce label est très complet. "Ça regarde à la fois la gouvernance, les collaborateurs, les clients, ce qu’ils appellent ‘les communautés’. Donc vraiment les parties prenantes avec lesquelles on travaille en tant qu’entreprise".
Elle estime que l’entreprise a particulièrement marqué des points sur les IBM, soit les modèles d’affaires. "Ils regardent comment, par nature, l’entreprise contribue à résoudre un problème sociétal ou environnemental, note-t-elle. Dans le cas de Doctolib, par essence, nous répondons à une mission d’accès aux soins et d’amélioration du quotidien des soignants. De fait, cet alignement entre le modèle d’affaires et l’impact social est récompensé par le label."
Bettina Reveyron précise que B Corp est ainsi une validation d’acquis. Quels sont d’ailleurs les engagements marquants de l’entreprise ?
Ceux qui sont éloignés du numérique, ceux qui sont en précarité... Nous essayons de mieux comprendre leurs besoins et d’y répondre un maximum via nos produits."
Une feuille de route
Doctolib poursuit aujourd’hui une feuille de route établie en juin 2024 avec son Comité de mission. La directrice de l’impact social met en avant les services répondant aux exigences de l’amélioration des soins pour tous, de la qualité de soins... Et l’ambition de Doctolib d’aller toujours vers plus de prévention, de coordination de soins, vers une meilleure communication entre les patients et les soignants. L’entreprise veille également à améliorer le quotidien des soignants.
"Là où on peut pousser et influencer cette feuille de route, c’est d’aller vers plus d’inclusion, vers les patients qui ont plus de besoins spécifiques, remarque-t-elle. Ceux qui sont éloignés du numérique, ceux qui sont en précarité... Nous essayons de mieux comprendre leurs besoins et d’y répondre un maximum via nos produits."
Concernant les personnes en situation de handicap, Doctolib travaille par exemple sur les sujets d’accessibilité digitale, pour faciliter le parcours de prise de rendez-vous des personnes mal-voyantes ou malentendantes.
"Les personnes en fauteuil roulant n’ont quant à elles pas nécessairement de problème pour se servir de l’application Doctolib mais ont besoin d’informations concernant l’accessibilité des cabinets, indique Bettina Reveyron. Nous avons une responsabilité pour inciter nos clients, les professionnels de santé, à mieux renseigner ces informations. Et pour améliorer le parcours sur l’application via un système de filtres plus fin, afin de les orienter plus facilement vers des médecins en mesure de les accueillir correctement.”
L’engagement de l’entreprise concerne également ses employés et collaborateurs. Doctolib veille à l’équité, la diversité dans les équipes, la parité... Sans oublier son volet environnemental, ajoute la directrice, en apportant plus de transparence sur son empreinte carbone et en se mettant dans une trajectoire de réduction durable.
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Une jauge
Avant de se projeter dans l’avenir, c’est quoiqu’il en soit le temps de la célébration pour Doctolib, qui peut désormais arborer ce nouveau label. À noter que celui-ci est seulement valable trois ans. Passé ce délai, il faut obtenir à nouveau la certification en recommençant le processus.
La directrice de l’impact social conseille en tout cas aux entreprises qui souhaitent se jauger d’aller consulter le BIA, le questionnaire de B Lab. Et ce même si elles ne souhaitent pas aller jusqu’au bout du processus de labellisation.
“Ça m’a permis dès le début de prendre conscience de beaucoup de choses, et notamment des mesures qui existent, assure-t-elle. C’est une sorte de ‘benchmark’ hyper ramassé de tout ce qu’on peut mettre en place en tant qu’entreprise.”