Léo Astorino est le fondateur de la plateforme de notation RSE "Gen'éthic".
©Carla Estelle
Entreprises

Gen’éthic, le "Yuka" de la responsabilité sociétale des entreprises

Lancée il y a quatre mois, la plateforme Gen’éthic se veut une solution accessible permettant aux entreprises d’évaluer leurs politiques RSE en toute transparence. Léo Astorino, son fondateur, a fait appel à 21 entreprises issues du milieu de l’économie sociale et solidaire pour co-construire les indicateurs de notation. Le but : ne pas créer une solution "hors-sol" qui ne corresponde pas à la réalité des entreprises. 

Rapports RSE incompréhensibles, greenwashing, manque de transparence… Il n'est pas évident de se retrouver dans la jungle de la notation extra-financière. ID s'est entretenu avec Léo Astorino, le fondateur de Gen'éthic : une solution qui évalue et repositionne les entreprises dans le paysage économique et financier en fonction de leurs critères RSE.

Gen’éthic évalue et de rend publiques les politiques RSE des entreprises : comment fonctionne la plateforme ?

La base line, c’est d’offrir aux entreprises de s’évaluer et de dévoiler leur ADN via la plateforme. L’idée c’est qu’un test ADN est transparent : il ne triche pas, il n’y a pas de greenwashing possible. Ce qui nous différencie de certains labels. Ils ont leurs vertus mais ils sont parfois un peu "cosmétiques", c’est-à-dire qu’ils peuvent poser la question de ce qui se cache derrière. Le but est donc de proposer un référentiel qui soit plus lisible qu’un rapport RSE et plus transparent qu’un label. Gen’éthic est la première plateforme de notation extra financière totalement open data, c'est-à-dire accessible à n’importe qui.

Un test ADN est transparent : il ne triche pas, il n’y a pas de greenwashing possible.

Elle met en évidence les entreprises qui font le choix de la transparence en rendant publiques leurs politiques sociales, économiques, écologiques et en matière de gouvernance. C’est ce qui fait notre spécificité et qui nous différencie d’autres solutions. Nous sommes conscients que depuis une vingtaine d’années, beaucoup d’agences de notation ont vu le jour dans le domaine du développement durable. Mais pour l’instant elles n’intéressent uniquement et paradoxalement que les investisseurs et les fonds ISR ou éventuellement certains donneurs d’ordre, c’est le cas d’EcoVadis par exemple. 

Tout le monde peut consulter et comprendre les engagements RSE d’une entreprise via votre plateforme ?

Gen’éthic, c’est la réponse à la question : à quand une note RSE grand public ? Nous proposons une plateforme adaptée aussi bien aux consommateurs qu'aux candidats qui recherchent une entreprise éthique ou aux collaborateurs institutionnels qui cherchent des indicateur ESG simplifiés... Elle s’adresse à ceux qui ne sont pas experts de la notation mais qui s’y intéressent et qui ont des attentes du côté entreprises. Gen’éthic fait suite à un double constat : d’une part le besoin grand public et institutionnel, et d’autre part le besoin entreprise de faire valoir ce qu’elles font de bien en matière de développement durable. Nous nous positionnons alors comme "tiers notation" en proposant aux entreprises de référencer l’ensemble de leurs données RSE sur la plateforme sous un format lisible, intuitif et vulgarisé ainsi, chacun peut savoir ce qui compose leur ADN. On a Yuka pour les aliments, nous proposons l’équivalent pour les entreprises. 

Il est parfois difficile de déchiffrer les engagements RSE des entreprises à travers leurs rapports, de même que pour les indicateurs …

On n’y comprend rien ! Nous en épluchons régulièrement avec mon équipe, c’est un véritable casse-tête. En plus d’être long – 80 pages en moyenne – ce n’est pas du tout harmonisé, il n’y a même pas la possibilité de comparer une entreprise à son secteur d’activité. En plus de le vulgariser, et de mettre en évidence les critères à travers des critères clairs, nous souhaitons situer l’entreprise par rapport à ses concurrents. C’est important pour le grand public et c’est aussi une manière de se démarquer pour les entreprises vertueuses. Nous démocratisons l’accès aux informations RSE et mettons en évidence la distinction entre ceux qui vont en rester à des déclarations d’intention et ceux qui œuvrent réellement en matière de développement durable. D’autant que nous sommes convaincus que dans 10 ans, le greenwashing va se retourner contre les entreprises qui en usent. Parce que communiquer sur une affiche ou sur une action solidaire d’une journée, alors que le reste de l’année l’entreprise exploite des mines de charbon, ça n’a aucun sens et de plus en plus de gens en sont conscients. Si les entreprises ne changent pas leur business-model et ne vont pas vers une vraie transparence, je pense qu’elles risquent de perdre des opportunités, des talents, des consommateurs, des partenaires… Elles risquent aussi de se retrouver mal classées dans les appels d’offre.

Cette solution a-t-elle pour vocation de contribuer à un changement du modèle économique ? 

Ma motivation personnelle, c’est vraiment de mettre un peu plus de justice dans tout ça. Plus globalement, nous voulons passer du devoir de vigilance au devoir de transparence en tentant d’"orienter" la commande publique en fonction de la performance des entreprises, en dépassant le cadre réglementaire… D’abord, à titre personnel, je trouve qu’il n’y a rien de pire pour une entreprise que de se travestir. Je préfère encore une entreprise qui ne fait pas forcément le bien autour d’elle mais qui ne va pas se vanter du contraire, qu’une entreprise qui va duper les gens et qui profitera des retombées positives en termes d’image. Alors que d’autres font les choses correctement depuis le début et sont contraintes de fermer boutique.

Nous voulons passer du devoir de vigilance au devoir de transparence.

Nous ne sommes pas dans du jugement, ce que nous cherchons à dire c’est : vous pouvez faire mieux, mais bravo, vous avez été transparents. Ensuite, nous aspirons évidemment à ce qu’elle s’améliore par la suite. Nous ne les laissons pas tomber avec une note, nous les accompagnons dans l’amélioration de leurs pratiques pour rendre leur business-model plus durable… Il y a bien une volonté sous-jacente de contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle. Peut-être qu’un jour, toutes les entreprises deviendront des entreprises à mission qui incarnent vraiment leur projet. Si toutes les entreprises pouvaient tendre vers des vocations sociales et/ou environnementales, je pense que l’on vivrait dans un monde meilleur. 

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