À quelques semaines de cet événement majeur, Marc Hoffsess, adjoint à la maire de Strasbourg en charge de la transformation écologique du territoire, revient sur les enjeux de cette édition, sur la stratégie locale de la ville, et sur sa vision d’une transition énergétique ancrée dans la justice sociale, la coopération européenne et la démocratie.
Strasbourg accueille cette année les Assises Européennes de la Transition Énergétique, avec une programmation à la fois territoriale et résolument européenne. En quoi ce choix est-il un signal fort à l’échelle européenne, et comment la ville entend-elle faire de cette édition un marqueur de son engagement en faveur d’une énergie plus juste et partagée ?
Nous sommes très heureux et très fiers d’accueillir cette 26ème édition des Assises européennes de la transition énergétique, qui constituent un événement majeur des acteurs de l’écosystème français des énergies. Comme capitale européenne, siège du Parlement européen, mais aussi du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits humains, il était très important pour nous de renforcer le qualificatif « européennes » de ces Assises. Cette dimension européenne se lit déjà dans les contenus de l’événement, tant dans le programme des plénières et des ateliers, que dans les acteurs européens et transfrontaliers accueillis. Par exemple, nous aurons un quartier réservé à l’Europe et au transfrontalier, où nos invités pourront s’informer des politiques et dispositifs européens au service de leurs projets. Autre exemple, la plénière de clôture des Assises se tiendra au Parlement européen, pour bien marquer l’importance que nous attachons à la bonne cohérence des politiques énergétiques entre les différents échelons d’actions, de l’Europe aux citoyens.
Bien sûr, l’accueil de ces Assises à Strasbourg est l’occasion pour nous de marquer la fin d’un mandat électoral, où nous avons redéfini, renforcé et massifié nos politiques publiques, en faveur de la transformation du système énergétique de notre territoire. Nous avons redéfini notre schéma directeur des énergies, avec des objectifs très ambitieux à l’horizon 2050, que ce soit pour la baisse des consommations, à diviser par deux à cet horizon, ou pour le remplacement des énergies fossiles par des énergies locales et renouvelables. Pour commencer à concrétiser cette stratégie, nous avons fait feu de tout bois et dans tous les domaines : plan de sobriété et d’efficacité des patrimoines publics, soutien à la rénovation énergétique du parc privé, lutte contre la précarité énergétique, mise en place d’une ZFE sociale, développement massif des réseaux de chaleur urbain, plan de solarisation du territoire, création de trois entreprises publiques locales dans le domaine des énergies, etc, sans oublier ce que nous avons fait pour préparer la ville aux effets du dérèglement climatique, notamment en matière de déminéralisation et de végétalisation, qui peuvent contribuer au moindre recours aux dispositifs de climatisation énergivores.
Plusieurs ateliers et le programme de visites de ces Assises permettront de présenter ces avancées.
Le thème de cette édition invite à penser l’énergie non plus comme une marchandise, mais comme un bien commun. Comment cette vision se traduit-elle concrètement dans la programmation, les plénières, les ateliers ou les visites de terrain proposés pendant ces trois jours ?
L’Europe de Strasbourg, qui est l’Europe de la démocratie et des citoyens, devait évidemment se traduire par le fil rouge même de cette édition : « L’énergie, un bien commun ! ». L’inflation énergétique de 2022 a impacté tout le monde, collectivités, entreprises et ménages, démontrant le caractère universel de cette ressource pour toutes et tous. C’est cette première caractéristique qui nous fait affirmer l’énergie comme un bien commun. Dès lors, il ne peut être question de la réserver à la marchandisation, qui conduit inéluctablement à exclure de son bénéfice des catégories entières de concitoyens. C’est un enjeu de justice sociale, qui est majeur et prioritaire pour nous et justifie notre investissement fort, en tant que puissance publique, dans nos politiques en ce domaine. Par exemple, nous sommes engagés dans la démarche Territoire Zéro Exclusion énergétique, aux côté d’une vingtaine d’autres territoires, dont nous accueillerons le 2ème Campus national, au sein de ces Assises.
Enjeu de justice sociale, mais aussi enjeu démocratique. Je reste étonné que, s’agissant d’une ressource aussi vitale pour tout ce que nous faisons, aujourd’hui, et de ce que nous ferons, demain, elle ne soit pas plus centrale dans nos débats publics.
Les questions énergétiques ne doivent plus rester accaparées par les experts et les ingénieurs, mais doivent être connues et débattues par toutes celles et tous ceux qu’elles concernent, c’est-à-dire tout le monde. - Marc Hoffsess
C’est d’autant plus crucial que la transformation énergétique de nos territoires va impliquer que nous posions, dans nos paysages urbains et ruraux quotidiens, des objets de production, de stockage et de transport d’énergies locales, ce qui ne se passera bien que si cela ne se fait pas contre l’avis des habitants et habitantes.
C’est pour cette raison que nous avons tenu à organiser, en amont des Assises elles-mêmes, une quinzaine OFF, au cours de laquelle nos concitoyens ont pu s’informer, débattre et visiter diverses installations, de part et d’autre du Rhin, autour de ces enjeux cruciaux pour notre avenir.
Dans le programme des Assises, plusieurs temps sont consacrés à cette dimension que j’appellerais de « démocratie énergétique », autour d’initiatives que des collectivités ou des opérateurs ont pu prendre pour l’améliorer.
Avec plus de 150 rendez-vous et une forte dimension transfrontalière, ces Assises visent à faire émerger des coopérations concrètes. Qu’attendez-vous de cet événement pour Strasbourg, mais aussi pour l’ensemble des collectivités présentes ? Est-ce un moment charnière pour passer à l’échelle dans la transition énergétique territoriale ?
Depuis leur création, à Dunkerque, il y a 25 ans, ces Assises permettent les échanges, les débats et, bien sûr, les rencontres. Je pense que beaucoup de projets y ont vu leur première expression et nous espérons qu’il en sera de même, à Strasbourg. Avec nos co-organisateurs et le soutien de l’ADEME, nous nous sommes acharnés à proposer les meilleures conditions pour cela, sans oublier de faire honneur à la réputation gastronomique de notre ville et de notre région ! Bienvenue à Strasbourg !
En faisant de l’énergie un enjeu de justice sociale, de démocratie participative et de coopération européenne, Strasbourg ne se contente pas d’accueillir un événement majeur : elle s’affirme comme un territoire laboratoire de la transition énergétique. Portée par une ambition politique forte et des projets concrets, la ville donne tout son sens au fil rouge des Assises 2025 : penser et construire l’énergie comme un bien commun. Une dynamique inspirante, à l’heure où les territoires deviennent les acteurs clés de la transformation écologique en Europe.
Retrouvez toutes les informations sur cette nouvelle édition des 26ème Assises Européennes de la Transition Energétique, dans notre agenda.
En partenariat avec les Assises Européennes de la Transition Energétique.