Article réservé aux abonnés
Acteur majeur dans l’importation de cafés de spécialité depuis plus de 15 ans, Belco travaille étroitement avec nombre de producteurs et torréfacteurs à travers le monde. En 2018, après avoir visité plusieurs fermes et coopératives dans des pays producteurs, l’entreprise prend conscience des défis auxquels ces acteurs sont confrontés.
C’est à ce moment-là que la durabilité s’impose comme un pilier fondamental de la philosophie de l’activité de Belco. Quelques années après la création d’une première agence en Éthiopie, l’entreprise accélère le pas en s’implantant également au Salvador et en Colombie. Une manière d'être au plus près des partenaires locaux, mais aussi de mieux comprendre les enjeux auxquels ils sont confrontés.
Vers un transport maritime plus propre
Pour Belco, la durabilité dans le café ne s’arrête toutefois pas à la production. Le transport de la marchandise constitue également un levier majeur de transformation. En 2018, selon l’Organisation maritime internationale (OMI), le transport maritime représentait 2,89 % des émissions mondiales de CO2. À cela s’ajoutent les émissions d’azote, les particules fines issues de la combustion de fuel lourd, ainsi que les risques de pollution liés au rejet d’hydrocarbures dans l’océan.
Mais, au-delà de ces chiffres, le transport conventionnel maritime engendre aussi une pollution sonore conséquente, comme l’explique Leslie Laborde, responsable marketing chez Belco : "À titre d’exemple, le bruit généré par un porte-conteneurs classique est deux fois plus élevé que la limite autorisée dans une boîte de nuit. Bien que ces nuisances se produisent au large, loin des populations humaines, on peut aisément imaginer les effets dévastateurs sur la faune marine, et notamment les cétacés qui fonctionnent avec un système d’émissions sonores."
L'initiative FRESH COFFEE CLEAN OCEAN
Conscient de ces problématiques, Belco a pris la décision de repenser complètement son mode de transport en s’associant à la société TOWT (TransOceanic Wind Transport). Ensemble, ils ont lancé l’initiative Fresh Coffee Clean Ocean, avec un objectif ambitieux : transporter les cafés de Belco par voilier. TOWT a ainsi construit un voilier-cargo nommé "L’Anemos", capable d'acheminer jusqu’à 1 000 tonnes de marchandises par voyage. "Le bateau se dirige actuellement vers le port de Santa Marta en Colombie, où notre agence a déjà préparé le café. Une fois chargé, il reprendra le large pour arriver au Havre aux alentours du 20 octobre à l'occasion de sa toute première livraison", confie Leslie Laborde.
Dans le voilier-cargo, le café est chargé en palettes dans des cales ventilées où la température reste constante à 20 degrés, ce qui est essentiel pour préserver la qualité du produit.
Mais l’aventure ne s’arrête pas là : un second voilier-cargo est déjà en construction et permettra à Belco d’augmenter sa capacité de transport. L’objectif fixé par l’entreprise est ambitieux : d’ici 2030, 90 % de ses cafés seront transportés par voilier. "Pour l'année 2024, nous prévoyons de réaliser deux voyages en voilier. En 2025, nous en aurons trois, et ainsi de suite."
Le transport à voile bon pour le café ?
Un autre enjeu majeur de ce changement de mode de transport réside dans la qualité du café. Certains pourraient se demander si l’utilisation d’un voilier-cargo, plus lent que les porte-conteneurs traditionnels, ne risque pas d’altérer la qualité du produit. Sur ce point, Leslie Laborde est rassurante : "Dans les porte-conteneurs, le café est souvent stocké dans des conteneurs scellés et peut attendre plusieurs semaines avant d’être chargé ou dédouané, ce qui expose le café à des variations de température extrêmes, allant de 0 à 60 degrés. Ces conditions peuvent sérieusement altérer la qualité du café, car il est très sensible aux changements de température avant la torréfaction."
A contrario, le transport à voile présente des avantages indéniables pour la préservation des arômes du café, selon la responsable marketing. "Dans le voilier-cargo, le café est chargé en palettes dans des cales ventilées où la température reste constante à 20 degrés, ce qui est essentiel pour préserver la qualité du produit. Ce système de transport assure que la qualité du café expédié est beaucoup plus proche de celle reçue au port."
Pour aller plus loin : "Tout savoir sur l'alimentation bio"
Un café disponible dès novembre pour les consommateurs
Le premier déchargement de café transporté par "L’Anemos" est prévu pour le 20 octobre au port du Havre. Toutefois, les consommateurs devront patienter jusqu’au mois de novembre avant de pouvoir le déguster, puisqu’une semaine de déchargement est nécessaire, suivie de l’expédition des grains chez les torréfacteurs pour la torréfaction et l’emballage.
Pour identifier ces cafés issus de l’initiative Fresh Coffee Clean Ocean, les consommateurs pourront se fier à une étiquette bleue apposée sur les paquets, garantissant un café décarboné et respectueux de l’environnement.
Pour retrouver tous les torréfacteurs qui participent à cette initiative, cliquez-ici.
