Les chewing-gums sont une source de pollution difficile à éradiquer.
©KeeNat
ID EN RÉGIONS

Bordeaux: des bornes pour collecter et recycler les chewing-gums

Après les mégots de cigarettes, dans la métropole bordelaise, une entreprise s’attaque désormais à une autre forme de pollution : les chewing-gums.

Aujourd’hui, la France serait le deuxième consommateur mondial de chewing-gums, derrière les Etats-Unis. Les Français en consomment toujours près de 500 grammes par an, malgré une baisse de l’engouement pour cette friandise constatée ces dernières années. En effet, la composition de cette gomme à mâcher n’est pas innocente du point de vue de l’environnement, et ne semble pas non plus bénéfique à notre santé : le chewing-gum doit ses propriétés élastiques au fait que c’est un dérivé du pétrole. Ces informations ont été de plus en plus portées à la connaissance des consommateurs depuis une quinzaine d’années.

Seulement, ce désintérêt relatif n’a pas fait disparaître les chewing-gums mâchés de nos trottoirs du jour au lendemain, puisqu’ils mettent plusieurs années à se dégrader. C’est pourquoi l’entreprise KeeNat a choisi de prendre le problème à bras le corps. Avec une vingtaine de bornes installées dans la métropole bordelaise, plus d’excuse pour les jeter par terre. Ces bornes ressemblent à des poteaux, assortis d’une fiche explicative et dans lesquels un petit trou permet de jeter son chewing-gum. L’entreprise qui compte une quinzaine de salariés avait déjà lancé, en 2016, des bornes destinées à la collecte des mégots de cigarette, et s'est aussi lancée, depuis la crise sanitaire, dans la prise en charge des masques. Les premières opérations de collecte auront lieu dans le courant du mois d'avril, et permettront de mesurer l'adhésion de la population à ce nouveau dispositif.

Premières pistes de recyclage 

Dans le film Dark Side of the Chew, le réalisateur Andrew Nisker avait montré en 2014 que le problème posé par les chewing-gums s’étendait jusque dans le nettoyage de ces déchets par les services compétents. En effet, de l’eau sous pression est utilisée pour les décoller du bitume, ce qui, par ruissellement, les condamne à finir dans les caniveaux, puis dans les égouts, jusque dans les cours d’eau, et, à terme, dans les mers et les océans qu’ils polluent. "Malgré les systèmes de filtration du traitement des eaux, les chewing-gums représenteraient jusqu'à 100 000 tonnes de plastique dans les océans", rappelle Sandrine Polipré, directrice générale associée de KeeNat. Selon elle, c'est la méconnaissance de cet enjeu "qui rend encore plus nécessaires les actions de sensibilisations menées en parallèle". 

L’initiative de KeeNat a donc pour but de prévenir plutôt que de guérir, en diminuant le recours au nettoyage qui, en plus de ne faire que déplacer le problème, est gourmand en eau et constitue aussi un gouffre financier pour les municipalités. Pour faire d'une pierre deux coups, ces collectes ont aussi une dimension écologique et sociale. "Les collectes sont faites à vélo, de concert avec des associations et des chantiers d'insertion", précise la directrice générale associée. 

Prochaine étape : le recyclage des chewing-gums collectés, que KeeNat espère pouvoir commencer en juin prochain. Et les débuts sont prometteurs pour l'entreprise qui fait figure de pionnière en la matière. "Après trois ans de recherche et développement, notre brevet pour la production de plastique recyclé a été validé", rapporte Sandrine Polipré. Et KeeNat se projette déjà dans sa stratégie de recherche future, pour analyser la composition des chewing-gums recueillis et déterminer tout ce qui peut en être fait.

 Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici !

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide pratique « Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d’emploi ».

Au sommaire :  tout pour comprendre ce que contiennent réellement nos poubelles et comment les réduire.

#TousActeurs