Aujourd'hui encore, l'indignation de certains militants a fait office de réveil-matin. Claire Renauld, étudiante en master qui coordonne les relations entre le mouvement YouthForClimate et la presse, nous avait donné rendez-vous à 7h45 au métro Pont-de-Neuilly, pour un départ groupé vers l'arche de la Défense. Une fois sur place, nous rejoignons les militants et pénétrons avec eux dans l'enceinte du siège social de la Société Générale, nous faufilant entre les vigiles pris de court. Très vite, les trois points d'entrée à l'intérieur du hall central sont bloqués : les employés ne peuvent plus passer les portiques pour aller travailler.
Nous bloquons une banque qui bloque notre avenir !
Ils sont 140 - d'après les chiffres communiqués par Claire Renauld - jeunes, moins jeunes, membres d'associations ou bien venus d'eux-mêmes - grâce aux informations diffusées sur les réseaux sociaux. Certains d'entre eux revêtent un t-shirt blanc pour se faire remarquer, d'autres arborent un ruban vert, symbole de la lutte contre le réchauffement climatique. Aucune organisation spécifique ne coordonne l'action, mais tous sont réunis autour d'un même objectif : "bloquer une banque qui bloque notre avenir". Une revendication ? Ils prônent la "décroissance". Un mot d'ordre ? Rester non-violent - les quelques CRS entrés dans l'enceinte n'interviendront pas et sortiront même avant la fin de l'action.
"Non aux investissements dans les énergies fossiles"
Cette initiative s'inscrit dans une série d'actions de désobéissance civile, destinées à "donner une leçon" au gouvernement. Ces dernières semaines, des militants sont allés décrocher des portraits d'Emmanuel Macron dans les mairies, certains ont organisé un sit-in au Salon de l'Agriculture et d'autres ont également bloqué la Caisse des dépôts. Cette dernière action était portée par la même ambition que celle d'aujourd'hui à la Société Générale : dénoncer les investissements dans l'exploitation des énergies fossiles.
Nous assistons à un dialogue entre une militante et un employé qui lui demande "pourquoi cette banque ?". Celle-ci lui parle alors du rapport publié par l'association Les Amis de la Terre en 2018, qui présente la Société Générale comme une banque jouant un rôle clef dans l'exploitation des énergies fossiles.
Les réactions des employés sont très hétérogènes selon elle : certains ne les "regardent même pas, il y a une forme de mépris total qui se dégage d'eux". Plusieurs scènes d'altercations - non-violentes - ont également lieu : des personnes tentent, sans y parvenir, de forcer les barrages pour aller travailler. La jeune femme nous raconte qu'à l'autre extrême, une employée du service des finances lui a dit "je vois ce qu'il se passe à l'intérieur et je suis à 100 % avec vous".
Une jeune étudiante de Sciences Po s'est postée à l'entrée pour distribuer des flyers aux employés, avant que ceux-ci ne soient redirigés par la sécurité vers des entrées dérobées. Elle nous explique qu'il ne s'agit pas tant d'empêcher les gens d'aller travailler que de "faire du bruit".
Et du bruit, ils en ont fait ! De nombreux slogans résonnaient dans le hall du siège social de la banque ce 15 mars : "Ne nous regardez pas, démissionnez !", "On fera encore du bruit cet après-midi !", "Société générale, championne des énergies sales !", "L'argent ça se mange pas, pense au climat !", "Les petits pas, les petits pas : ça suffit pas !", "Bloquons la société générale, notre avenir n'est pas négociable !" - en référence à la devise de la banque : "C'est vous l'avenir".
Plus de banquise, moins de banquiers !
Les militants quitteront la banque en fin de matinée pour rejoindre la manifestation des jeunes pour le climat, qui partira du Panthéon à 14h. Retrouvez notre suivi de la journée en direct ici et le descriptif du déroulé des journées du 15 et 16 mars ici.