En plus de ses effets sur le bien-être et la qualité de vie, les canicules ont aussi d'importantes conséquences sur la vie économique.
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Economie

Quel impact la canicule a-t-elle sur l’économie ?

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Les vagues de chaleur sont souvent étudiées pour leurs conséquences sanitaires, plus rarement pour leurs conséquences économiques. Celles-ci sont pourtant bien réelles, affirment des chercheurs du MIT. 

Alors que la France cuit sous un dôme de chaleur depuis plusieurs jours, Météo France explique que ce type de canicules est voué à se reproduire de plus en plus souvent au cours des années à venir. L’organisation estime que leur nombre sera multiplié par 5 dans une France à +2,7 °C, attendue d’ici 2050, et par 10 si l’augmentation globale atteint + 4 °C, ce qui est prévu pour 2100. 

Ces fortes augmentations de température entraînent des impacts directs sur la qualité de vie et la santé, en particulier pour les personnes dont le logement n’est pas adapté à ces fortes chaleurs. Elles ont également des conséquences importantes sur la croissance économique des pays touchés par la canicule. 

Une baisse de productivité 

Dans une étude parue en 2021, des chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (MIT) se sont penchés sur cet impact économique. Ils estiment la baisse de productivité engendrée par la chaleur à - 1,5 % pour chaque degré au-dessus de 15 °C, en particulier dans les secteurs du BTP, des transports et de l’agriculture.  

Mais ils ne sont pas les seuls à être touchés. De façon générale, tous les travailleurs reconnaissent travailler moins et moins bien lorsqu’il fait chaud. Une étude américaine sur les "travailleurs en col blanc" note que leur productivité chutait de 20 % et leur concentration de 45 % l’été. 

Les chercheurs Olivier Chanel et Timothée Vinchon soulignent dans une publication du journal du CNRS que plus de 295 milliards d’heures de travail auraient été perdues dans le monde rien qu’en 2020 à cause de la chaleur. 

Autre conséquence parfois oubliée : les surcoûts médicaux engendrés par la chaleur. Les auteurs citent leurs travaux coréalisés avec les épidémiologistes Lucie Adélaïde et Mathilde Pascal, qui estiment les coûts occasionnés par la surmortalité et la perte de bien-être à 11 milliards d’euros en 2020. La canicule de 2003, qui avait fait plus de 15 000 victimes, avait coûté en tout 55 milliards d’euros. 

Depuis les années 1970, les canicules ont fait des milliers de victimes, engendrant des coûts importants pour la société.
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Des risques accrus pour les plus pauvres 

Ces risques économiques se doublent parfois de risques sociaux, en particulier dans les pays les plus pauvres. "En Inde, lors de la vague de chaleur prolongée ayant entraîné des milliers de décès en mai 2015, les autorités gouvernementales et les syndicats ont recommandé aux travailleurs d’interrompre leur activité entre 11 h et 16 h", expliquent les scientifiques du CNRS. Une mesure que tous les travailleurs n’avaient pas la capacité de mettre en place. 

Comme souvent lorsqu’il s’agit des conséquences du changement climatique, les populations qui souffrent de la pauvreté sont les plus exposées. L’étude du MIT insiste sur les dangers que la canicule fait courir aux pays les plus pauvres : "chaque augmentation de 1 °C dans un pays pauvre, au cours d'une année donnée, réduit sa croissance économique d'environ 1,3 point".

Les chercheurs vont jusqu’à alerter sur les menaces que cela fait peser sur les démocraties. Ils expliquent qu’une "augmentation de 1 °C au cours d'une année donnée accroît la probabilité de "transitions irrégulières des dirigeants", telles que des coups d'État, de 3,1 points dans les pays pauvres. (...) Les mauvaises performances économiques et l'instabilité politique se renforcent mutuellement".