Les canicules comme celle de juin sont vouées à devenir de plus en plus fréquentes.
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Climat

À conditions météorologiques similaires, la canicule de juin aurait été 2,5 °C moins élevée sans les émissions humaines 

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Des scientifiques révèlent que la vague de fortes chaleurs de ces derniers jours a été 2,5 °C plus chaude qu’elle ne l’aurait été entre 1950 et 1986, quand le réchauffement climatique était moins avancé, à conditions météorologiques égales. 

En ce début d’été, la France vient de connaître sa 50e canicule depuis 1947. Alors que les températures ont atteint 30 °C dans la moitié nord du pays, elles sont montées jusqu'à 37 °C dans certaines régions, voire 40 °C dans les départements du Lot et du Tarn, comme l’a relevé Météo France. 

Cette situation ne s’est pas limitée à l’Hexagone. L’Espagne a enregistré son premier décès dû à la chaleur cette année. Il s’agit d’un homme de 58 ans décédé à Cordoue des suites d’un coup de chaleur, une impossibilité du corps à réguler sa température, provoquant une surchauffe. 

Afin de prendre la mesure de ces épisodes de chaleur, des climatologues français, italiens et suédois ont évalué l’ampleur qu’aurait eue la vague de chaleur si elle s’était produite entre 1950 et 1986

+ 2,5 °C dû au changement climatique 

L’étude, parue sur le site du réseau de scientifiques Climameter, explique qu’à événements météorologiques similaires, la canicule de juin aurait été 2,5 °C moins chaude il y a quelques décennies, lorsque les émissions de gaz à effet de serre étaient moins importantes. Les auteurs s’appliquent ainsi à démentir certaines thèses climatosceptiques expliquant le réchauffement global de la planète par la variabilité naturelle du climat. 

Cette donnée permet aussi de mesurer l’ampleur des conséquences du réchauffement climatique sur notre vie quotidienne, une variation de 2,5 °C n'ayant encore jamais été enregistrée sur si peu de temps. 

Ces chiffres ne sont toutefois pas une surprise pour les experts, qui les qualifient de "compatibles avec la tendance au réchauffement à long terme observée au début des mois d'été dans l'ensemble de l'Europe occidentale".

Dans la plupart des régions de France et de la péninsule ibérique, ils notent également une réduction de 2 mm de précipitations par jour par rapport à la période 1950-1986 si les mêmes conditions météorologiques avaient été présentes. "Cette tendance à l'assèchement est particulièrement évidente dans des régions telles que le nord de l'Espagne, l'est et le sud-est de l'Angleterre, y compris Londres, et l'ouest de la France, qui ont connu des précipitations très limitées au cours de l'événement de 2025", note le rapport. 

Des événements voués à se répéter 

Ces épisodes de fortes chaleurs sont destinés à se reproduire de plus en plus souvent si les tendances en termes d’émissions de CO2 restent les mêmes. Météo France prévoit jusqu’à 10 fois plus de jours de vague de chaleur en 2100 si la France atteint les + 4 °C. 

Alors que l'accord de Paris engage ses États signataires à respecter l’objectif de maintenir le réchauffement climatique en dessous de + 1,5 °C, un collectif de chercheurs français confirme que cet objectif est désormais "inatteignable".

La perspective de vivre une augmentation de 4 °C a également fait son chemin au sein du gouvernement, qui a intégré cet horizon dans son troisième plan d’adaptation au changement climatique (PNACC), rendu public en mars dernier

Dans ce scénario, la projection de Météo France prévoit par ailleurs 24 nuits durant lesquelles le thermomètre dépassera les 20 °C chaque année, un chiffre qui grimpe à 120 sur le littoral méditerranéen. Elle s’accompagnera de 2 mois supplémentaires de sol sec et de davantage de feux de forêts, mais aussi des pluies toujours plus intenses, aggravant le risque d’inondations. 

Dans ses projections d'une France à + 4 °C en 2100, Météo France prévoit davantage de canicules, mais également de précipitations intenses, entraînant toujours plus d'inondations.
©Météo France