L'économie régénératrice, un concept émergent.
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Pourquoi et comment accélérer la transition vers une économie régénérative ?

Parce qu’elle cherche à transformer les modèles économiques traditionnels en des systèmes plus durables, résilients et équitables, à la fois pour les êtres humains et pour la planète, l’économie régénératrice gagnerait à se développer au sein des entreprises, d’après Armelle Cochevelou, directrice de l’IET, Institut des métiers de l’Environnement et de la Transition écologique. Retour avec elle sur ce concept et les solutions pour favoriser son éclosion. 

Après l’économie circulaire, un nouveau concept voit aujourd’hui le jour dans le champ de l’économie verte : l’économie régénératrice. L’idée ? Tendre vers la création de systèmes qui sont durables pour l’environnement et la société, mais qui contribuent également à les régénérer et les améliorer. Ainsi, contrairement à l’économie traditionnelle, qui peut être basée sur une consommation et une production à long terme non durables, ce modèle économique cherche à créer des flux circulaires où les ressources sont utilisées de manière efficace, où les déchets sont minimisés et les processus de production soutiennent et développent la santé des écosystèmes et des communautés locales.  

L’économie régénératrice vise "à opérer dans le cadre des limites planétaires en reconnaissant que les activités humaines doivent être alignées avec les capacités régénératives de la Terre. Il y a urgence car parmi ces frontières, l’effondrement de la biodiversité est particulièrement critique", appuie Armelle Cochevelou, directrice de l’IET, Institut des métiers de l’Environnement et de la Transition écologique.  

Réparer et renouveler 

Elle ajoute : "L’ambition régénérative est donc de réparer les services écosystémiques qui soutiennent les conditions de vie sur Terre (cycle de l’eau, biodiversité, régulation du climat...) et à renouveler les ressources naturelles." 

Au-delà des enjeux de durabilité environnementale, l’économie régénératrice vise à favoriser la justice sociale et le bien-être des populations, ce qui la rapproche de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). 

La RSE et l’économie régénératrice partagent certes certains objectifs communs mais diffèrent dans leurs approches et leurs implications”, souligne la directrice de l’IET.

Alors que la RSE est souvent mise en œuvre par le biais de politiques et de programmes internes au sein des entreprises, telles que la réduction des émissions de carbone, l’amélioration des conditions de travail ou encore les initiatives philanthropiques, l’économie régénératrice propose une approche plus holistique et systémique, selon elle. Celle-ci souligne qu’elle implique notamment "une transformation plus fondamentale des modèles économiques pour promouvoir la régénération des ressources et des écosystèmes à l’échelle sociétale". 

Un concept encore émergent  

Aujourd’hui, une poignée d’entreprises pourraient être qualifiées de "régénératrices". "On peut citer Mustela qui a eu le courage de renoncer à certains produits pourtant populaires et rentables comme les lingettes pour bébés ou bien Tikamoon qui développe une stratégie afin de régénérer les forêts à horizon 2030-2035", note Armelle Cochevelou. 

Même si quelques acteurs tentent de faire bouger les lignes, l'économie régénératrice reste encore marginale au sein des entreprises et des organisations. En cause : le manque de définition scientifique et de méthodologie d’évaluation.

Il est urgent de trouver un cadre normatif pour éviter l’effet de mode, les dérives et le greenwashing. Des référentiels commencent à émerger dans le monde anglo-saxon”, explique la directrice de l’IET. 

Investir dans la formation 

Selon elle, le monde académique peut aussi apporter sa pierre à l’édifice. Comment ? En éclairant les étudiants sur les modèles et les concepts qui se développent, le tout dans une démarche critique. L’IET s’engage dans cette voie, en suivant notamment les travaux de la Chaire “Regenerative Business Model” de l’IDRAC BS - école cousine de l’IET au sein du Réseau Compétences & Développement, à la pointe sur cette question.  

"A terme, l’un des objectifs est de faire en sorte que tous les apprenants et plus tard les managers, dans toutes les organisations et quel que soit leur niveau hiérarchique, intègrent le Régénératif dans leurs réflexions et leurs pratiques", précise Armelle Cochevelou. 

A travers son MSc Stratégie environnementale et RSE, l’IET oeuvre également dans ce sens. Ce master en deux ans aborde le sujet des nouveaux "business models", les nouveaux dispositifs de comptabilité en triple ou multi canal, en double matérialité mais aussi les "softs skills". De quoi aiguiser l’esprit critique des étudiants et éviter qu’ils ne tombent "dans les chausses trappes des concepts à la mode", lance la directrice de l’IET. 

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