Le gouvernement veut réduire de moitié l'usage des pesticides à l'horizon 2030.
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Agriculture régénératrice : "Pour transformer à grande échelle, il faut rassembler les ressources"

Tikehau Capital, Axa et Unilever ont lancé une stratégie de private equity à impact dédiée à la thématique de l’agriculture régénératrice. Cécile Cabanis et Laurent-David Charbit, respectivement directrice générale adjointe et co-gérant de la stratégie dédiée à l'agriculture régénératrice chez Tikehau Capital, reviennent sur la nécessité de transformer le système agricole et sur le rôle que peuvent jouer les investisseurs dans cette transition.

Les sols sont essentiels à la vie. D’une part parce qu’ils fournissent des ressources indispensables à l’humanité, telles qu’une grande partie de la nourriture que nous consommons et des matières premières nécessaires à la fabrication de nos vêtements. D’autre part, parce qu’ils assurent de nombreux services écosystémiques comme le stockage du carbone, la régulation du cycle de l’eau ou encore le maintien de la biodiversité.

Pourtant, les sols sont aujourd’hui en danger. Selon, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, près d’un tiers des terres de la planète sont aujourd’hui dégradées, et la tendance ne va pas à en s’améliorant. Cause principale de cet appauvrissement de la santé des sols : l’activité humaine, et notamment le système de production agricole basé sur le travail intensif des terres et l’utilisation massive d’engrais chimiques.

Face à ces enjeux, un changement de modèle agricole s’impose, et de nombreux experts préconisent aujourd’hui l’adoption de pratiques régénératrices. « L’agriculture régénératrice est une solution fondée sur la nature qui se concentre sur la santé des sols, le cycle de l’eau, et plus généralement la santé de l’écosystème afin de lutter contre le changement climatique et de préserver la biodiversité, résume Laurent-David Charbit, co-gérant de la stratégie dédiée à l'agriculture régénératrice chez Tikehau Capital. Elle recouvre un ensemble de principes visant à réduire les perturbations du sol, par exemple la diminution ou l’élimination du labour, la réduction de l’usage de pesticides et d’engrais ou encore la mise en place de rotations de cultures ».

Retrouvez le hors-série du magazine Investir Durable « Comprendre l’agriculture régénératrice ».

Une stratégie de private equity à impact

Aujourd’hui, le mouvement autour de l’agriculture régénératrice croit rapidement, porté notamment par les initiatives politiques en faveur de la préservation des sols et d’une agriculture plus durable ou par la volonté des acteurs de l’industrie agroalimentaire de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Toutefois, ce déploiement reste encore limité au vu de l’ampleur des enjeux, freiné par plusieurs obstacles. « Aujourd’hui, nous avons des solutions qui existent, nous avons les capitaux, et nous avons les engagements (…) Mais la chaîne de valeur est très fragmentée, ce qui signifie que tout le monde lance son projet sans rassembler les ressources afin de vraiment favoriser le passage à l’échelle », pointe Cécile Cabanis, directrice générale adjointe de Tikehau Capital.

La société de gestion a lancé une stratégie de private equity à impact dédiée à l’investissement dans des projets et des entreprises œuvrant pour la transition vers une agriculture régénératrice. « Quand nous réalisons un investissement, il faut qu’il y ait au moins un impact positif net sur l’un des trois piliers : Biodiversité, Carbone et Eau. De plus, il ne doit y avoir aucun impact négatif sur les deux autres piliers. En parallèle, nous allons mesurer les bénéfices en termes de santé, sociaux et économiques », détaille Cécile Cabanis.

Pour élaborer cette stratégie, la société de gestion s’est associée au géant de l’agro-alimentaire Unilever et à l’assureur Axa, qui apportent chacun leur expertise. « Pour transformer à grande échelle, il faut rassembler les ressources. Aujourd’hui, l’agriculture représente environ 80 % des émissions générées par les principales entreprises de biens de consommation (…) Unilever était totalement aligné sur la nécessité de restaurer la santé des sols. Ils possèdent une connaissance intime de la chaîne de valeur, précise Cécile Cabanis. De leur côté, Axa et Axa Climate sont des experts en termes de suivi et de mesure des risques. Ils nous aideront à définir le cadre d’impact de la stratégie ».

« Le rôle de l'investisseur est de traduire la mégatendance en réalité, ajoute Laurent-David Charbit. Cette mégatendance est soutenue par plusieurs facteurs : les émissions significatives provenant de l'agriculture, les évolutions réglementaires favorisant des changements de pratiques agricoles, les engagements des entreprises de biens de consommation pour l’adoption de nouvelles pratiques sur leur scope 3 (…) et la demande des consommateurs réclamant des changements dans la manière dont l'agriculture est actuellement pratiquée ».

D’une taille cible d’un milliard d’euros – dont 300 millions apportés par les trois partenaires fondateurs –, la stratégie déploiera ses premiers investissements à partir de fin 2023.  « Les perspectives sont très positives. Maintenant que nous avons commencé à construire l’écosystème, de plus en plus de personnes veulent y prendre part (…) Tout le monde est conscient qu’un changement de modèle est nécessaire et nous observons une forte dynamique, tant du côté de l'investisseur que des entreprises que nous souhaitons soutenir, car elles reconnaissent l’importance de cet écosystème pour favoriser leur croissance et les aider à créer de la valeur », salue Cécile Cabanis.

Retrouvez les interventions complètes de Cécile Cabanis et Laurent David Charbit :

En partenariat avec Tikehau Capital.