À Uzeste en Gironde, après que la boulangerie du village ait fermé, les habitants ont été privés de pain pendant trois ans. Jusqu’au jour où plus de 300 personnes se sont mobilisées pour créer la Boulangerie Coopérative d’Uzeste, autour de deux boulangers et d’un apprenti. Dans cette Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), chaque souscripteur met la main à la pâte bénévolement, à la caisse ou au balai.
Mais Uzeste n’est pas la seule commune en France où les habitants se sont mobilisés pour leurs croissants, loin de là. Dans les grandes villes comme à Marseille, Paris, Grenoble, comme dans les villages où les points de vente viennent à manquer, plus d'une vingtaine de boulangeries coopératives ont ouvert. À Courcy, dans la Manche, Julien Bénard-Capelle et Thibault Chalvignac inaugurent en 2021 leur boulangerie coopérative, Le Pain Levé, inspirés par les initiatives de La Miecyclette de Lyon, et La Falue à Caen. "L'idée de cette SCOP est née des trajectoires professionnelles de ses fondateurs. Thibault souhaitait devenir boulanger mais était surtout intéressé par la boulangerie bio au levain. De mon côté, je souhaitais tester un modèle de travail en coopérative et je m'intéressais au domaine de l'alimentation biologique", nous explique Julien Bénard-Capelle.
Le modèle coopératif dépoussiéré
Les boulangeries coopératives apparaissent à la fin du XIXe siècle, prônant un modèle d’autogestion, de répartition juste de la valeur et d’entraide entre les travailleurs. Dans ce système, le pain est bien moins cher qu'ailleurs, parfois échangé contre des matières premières (farine, beurre...), avec l'idée de mise en commun des richesses. Après la Seconde Guerre mondiale, ces boulangeries à vocation sociale ont été progressivement délaissées. Mais elles reviennent au goût du jour ces dernières années, portées par des artisans qui souhaitent partager leur savoir et ramener la baguette au cœur de leurs communes.
Ces nouvelles coopératives s’organisent en SCIC comme à Uzeste, ou sur le modèle de SCOP, les sociétés coopératives et participatives. Dans ces entreprises originales, les salariés sont propriétaires de leur outil de travail et actionnaires majoritaires. Cela permet une répartition égale des bénéfices entre tous les salariés, qui sont décisionnaires dans l'entreprise. "Nous partons du principe que le travail doit avant tout respecter les travailleurs. À partir de là, l'idée de coopérative s'impose d'elle même. Nous pensons également que le partage d'un outil de travail permet de mieux organiser la production et donc, la vie des travailleurs", confirme Julien Bénard-Capelle.
Du pain local et respectueux de l'environnement
Les boulangeries coopératives françaises ont toutes décidé de faire leur pain avec des produits locaux, biologiques, et respectueux de l’environnement. Au Pain Levé, "nous pensons que nous devons respecter nos clients ainsi que notre bien commun qu'est la planète". Une démarche poussée parfois un peu plus loin, comme à la boulangerie leS COPains de Chavagne (Ille-et-Villaine). Tout y est fait à la main, sans aucune machine, et les pains sont cuits au four à bois traditionnel, "moins cher en terme d'achat mais aussi de consommation d'énergie", précise leur site.
Je pourrais parler de "démocratie", de "solidarité", "d'écologie" etc. Mais le patron de Total pourrait dire la même chose. Mais quand on parle de moyens, si je dis "SCOP", "100% énergies renouvelables", "certification BIO", alors là le patron de Total ne peut pas prononcer les mêmes mots!" Julien Bénard-Capelle, co-gérant du Pain Levé (Courcy)
Pour mieux s'y retrouver, ID a répertorié les boulangeries coopératives françaises qui font parler d'elles :
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