Ismaël Le Mouël, Charlie Tronche et Léa Thomassin à la Social Good Week le 8 mars 2018
©Glwadys Le Moulnier
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Social Good Week : pour un numérique social et solidaire

Du 7 au 14 mars, c’est la Social Good Week : une semaine et une centaine d’événements pour promouvoir une tech au service de l'humain.  

Et si le vrai progrès, c’était d’avoir un impact social ? C’est la très juste question qui sera posée ce mercredi lors de l’émission de clôture de la Social Good Week.

Lancée il y a 7 ans par HelloAsso, cette "semaine du web social et solidaire" se tient cette année du 7 au 14 mars. L’objectif : rendre le numérique plus accessible, plus inclusif, plus humain. Plus d’une centaine de débats, ateliers, rencontres et hackathons sont organisés dans 22 villes de France. Associations comme entrepreneurs engagés y présentent leurs actions mettant la tech au service de l'intérêt général. Il n’y a pas que la Silicon Valley dans la vie !

Charlie Tronche à la Social Good Week le 8 mars 2018.
©Glwadys Le Moulnier

Rencontre avec Charlie Tronche, responsable de la communication chez HelloAsso et co-organisateur de la Social Good Week 2018.

Oui, on peut consommer du web autrement !

Vous semblez mettre en avant un "web social et solidaire" aux antipodes de la Silicon Valley. Il existerait donc un numérique "durable" et un qui ne l’est pas ?

Notre position, c'est avant tout de questionner le modèle d'innovation dominant, qui émane en grande partie de la Silicon Valley. Celle-ci propose de "connecter tous les humains". Mais, en 2018, est-ce que ça suffit ? Cela n’a pas empêché la propagation de fake news ou le fait que l'impact écologique de la tech soit complètement oublié. Or, quand on est un géant du web, qu'on fait des milliards de profits, se pose nécessairement la question sous-jacente de son propre impact social et des responsabilités qu'on est prêt à prendre avec autant de pouvoir. Aujourd'hui vient le moment de se poser ces questions-là, et de le faire d'un point de vue plus militant.

Cela dit, on n'est pas du tout dans une position anti-Silicon Valley. Justement, c'est intéressant de se demander s'il faut collaborer avec eux ou pas. Et aussi de ne pas avoir de complexe d'infériorité. Jouons collectif et mettons l'humain au cœur du développement de l'innovation, en laissant sa part à chacun : aux États de réguler, aux associations d'apporter de l'innovation sociale, aux géants de la tech d'apporter leur savoir-faire.

Le numérique est un outil qui peut, s'il est utilisé aux bons desseins, résoudre un paquet de problèmes.

Quelles sont les grandes tendances qui se dessinent dans le milieu de cette "tech for good" ?

Le numérique a tellement changé les mœurs que n'importe quelle thématique peut être concernée. Sur les 140 événements de la Social Good Week, on voit à la fois des acteurs de la "tech for good" se saisir de cette occasion, mais aussi des collectivités et des associations. Cela va de la place des femmes dans la tech à l’environnement en passant par l’alimentation. Il y a aussi des structures qui permettent aux citoyens de se mobiliser pour accueillir des réfugiés, comme Singa. Entourage, qui permet aux habitants d'un même quartier de se connecter pour venir en aide aux sans-abri. Lilo, qui rétribue des associations à partir de recherches sur internet.

Ces solutions existent depuis longtemps mais ne sont pas suffisamment connues aux yeux du grand public. Notre enjeu, c'est que tout le monde ait bien conscience que le numérique est un outil qui peut, s'il est utilisé aux bons desseins, résoudre un paquet de problèmes. Mettons la lumière sur ces initiatives-là.

Rapidement, comme le bio a investi tous les rayons de supermarché, l'enjeu des données personnelles investira toutes les consciences.

En tant que citoyen, comment chacun peut-il passer à l'action ?

L'enjeu est déjà d'avoir conscience : que chacun réalise que, quand on utilise des services qui ont l'air gratuit mais qui sont aux mains de géants, en réalité, la monnaie d'échange, c'est la donnée personnelle. Je ne dis pas qu'il ne faut pas utiliser ces plateformes, mais qu'il faut le faire en pleine conscience. Je prends souvent le parallèle du bio : il y a trente ans, c'était un mouvement de résistance assez limité, tout le monde n'avait pas en tête que c’était important de ne pas manger n'importe quoi. Il y a fort à parier que nos enfants ou petits-enfants nous poseront la question dans trente ans : "Mais comment vous avez pu donner autant de souvenirs et d'opinions, gratuitement, à des monopoles qui s'en servent pour vendre de la pub ?" On espère que rapidement, comme le bio a investi tous les rayons de supermarché, l'enjeu de la donnée investira toutes les consciences.

Après, au niveau individuel, il y a des tas d'alternatives. Par exemple, le navigateur Mozilla Firefox, qui arrive à tenir la dragée haute à des Internet Explorer ou Google Chrome, est à la base une association non-profit et open source. Aussi, quand vous transférez un fichier, au lieu de passer par Dropbox ou WeTransfer, vous pourriez utiliser tous les outils de la suite Framasoft, qui sont à la fois libres et totalement décentralisés. Oui, on peut consommer du web autrement !

Social Good Week
Du 7 au 14 mars 2018
Partout en France
Pour plus d'informations, cliquez ici.

Retrouvez toutes nos propositions de sorties culturelles (et durables) dans notre agenda participatif.