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Agritech

L'agriculture fait le plein d'idées grâce aux start-up du numérique

L'Agritech, qui réunit le digital et l'agriculture, est en pleine ébullition en France, avec une multitude de start-up prêtes à relever les défis de demain.

Le saviez-vous ? Les agriculteurs sont la catégorie socio-professionnelle la plus connectée. Entrepreneurs polyvalents, ils guettent la météo en ligne et gèrent la télé-surveillance du bétail, informent leurs clients via les réseaux sociaux ou jonglent avec les cours internationaux... Oublié le cliché de la fourche et du chapeau de paille, le paysan d'aujourd'hui a les deux pieds dans le XXIe siècle !

Adhésion exponentielle

Ces dernières années, leur appétence pour les nouvelles technologies est allée de pair avec l'émergence d'une offre bouillonnante émanant de start-up prêtes à mettre les progrès du numérique au service d'une agriculture durable et rentable. Rompant avec l'idéologie productiviste des géants du secteur, la jeune garde se structure petit à petit comme en témoigne la création d'associations telles que la Ferme Digitale qui regroupe 24 pépites du secteur, ou les projets d'incubateurs pilotés par Bpifrance. « Depuis deux ans, on constate une adhésion exponentielle du monde agricole pour l'agritech », constate Karine Breton-Cailleaux, responsable communication de la Ferme Digitale. « D'une part, il est devenu impossible pour les agriculteurs de s'en sortir sans le numérique. D'autre part, les progrès technologiques récents ont permis l'émergence de solutions abordables et à haute valeur ajoutée », explique-t-elle. A l'autre bout de la chaîne, des consommateurs de plus en plus exigeants poussent, eux aussi, à l'utilisation du numérique pour garantir transparence et traçabilité.

Innovations tous azimuts

A l'échelle européenne, la France est aujourd'hui à la pointe en matière d'agriculture digitale. La société d'investissement Xange a recensé plus de 215 start-up prometteuses, réparties sur toute la chaîne de valeur : développement de capteurs et d'objets connectés pour améliorer la production, utilisation de drones et de robots, algorithmes et outils d'aides à la décision, e-commerce, financement participatif... la liste est longue, les idées fusent. 

Aujourd'hui la crise, demain des enjeux cruciaux

La croissance exponentielle des offres commerciales étiquetées agritech peut paraître contradictoire avec la crise économique qui traverse plusieurs pans du secteur agricole. Pour Karine Breton-Cailleaux, c'est précisément cette situation qui garantit que l'agritech n'est pas qu'une mode. « Vu la situation économique tendue dans certaines branches agricoles, les innovations qui marchent sont celles qui offrent un véritable gain de confort et de rentabilité », explique-t-elle.

Quid des fausses bonnes idées, qui asservissent les hommes et la nature sous prétexte de modernité ? « Une part importante des start-up de l'agritech sont fondées ou co-fondées par des enfants d'agriculteurs. Dans le cas de la Ferme Digitale, c'est même systématique, assure Karine Breton-Cailleaux. Ce n'est pas un hasard, cela veut dire que ces start-up répondent à des besoins identifiés sur le terrain et qu'elles ne sont pas déconnectées des réalités et des défis de l'agriculture ». Parmi les défis de demain figurent notamment le changement climatique, l'appauvrissement des sols, la pression démographique ou encore la perte de biodiversité. Réconcilier le durable et le rentable grâce au numérique peut permettre de faire émerger une partie de la solution. Mais soyons réalistes : une partie seulement...

Ci-dessous, une liste -  non exhaustive ! - de 10 pépites de l'agritech française

Agricool a été créée en 2015 par Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru, tous deux fils d'agriculteurs. Au milieu des villes, dans des « cooltainers » aménagés, ils font pousser en hydroponie des fraises « zéro pesticides » et bientôt d’autres végétaux. La start-up accorde une place centrale au caractère local des cultures, qui évite la pollution liée au transport, réduit le gaspillage alimentaire ainsi que la perte de goût, les végétaux destinés à l’export étant souvent cueillis avant maturité.
Airinov a été créée en 2010 par deux ingénieurs et un fils d’agriculteur. Son « agridrone » doté d'un capteur multi-spectral survole les champs et fournit un zonage précis des besoins en fertilisants. Connecté au matériel d'épandage, ces données permettent d'apporter la juste dose au bon moment et au bon endroit. La jeune pousse enregistre déjà 40 000 vols à son actif et 8 000 agriculteurs clients.
La prévision météo est un paramètre crucial pour beaucoup d'agriculteurs. Dans ce champ, l'institut de recherche Arvalis compare les différentes offres de stations météo connectées : température de l’air, humidité, précipitations, force et direction du vent, etc. L'avènement des réseaux bas débit permet aujourd'hui de transférer facilement les données depuis la parcelle via le cloud. En outre, la standardisation de l'électronique et la chute des prix des composants ont rendu le matériel beaucoup plus abordable.
Fils et petits-fils de paysans auvergnats, les fondateurs de Bipilote souhaitent aider les agriculteurs à gérer le risque économique n°1 sur leur exploitation : la volatilité des prix des matières premières. En s'appuyant sur des algorithmes propriétaires et une bonne dose de bon sens paysan, ils ont créé pilotersaferme.com, la toute première plateforme de robot conseil en agriculture dédié à la gestion du risque prix.
La société ecoRobotix a été fondée en 2011 par deux ingénieurs suisses, dont l'un a grandi dans une exploitation agricole. Son robot, aux airs de table de ping-pong, se déplace seul grâce à son GPS, sa caméra et ses capteurs, et distingue les mauvaises herbes des bonnes cultures. Ses deux bras robotiques appliquent des micro-doses d’herbicide sur les adventices, permettant d'utiliser 20 fois moins de produit qu'une pulvérisation normale. Autonome, il fonctionne à l'énergie solaire.
Fruition Sciences a été créée en 2009 conjointement à Montpellier et en Californie. Ses capteurs placés sur la souche des vignes permet de quantifier précisément le déficit hydrique en mesurant le flux de sève. En moyenne, Fruition Sciences permet d’économiser 60 % d’eau et d'améliorer le rendement de 15% des vignes.
Créée en 2011, la ruche qui dit Oui ! est une plateforme en ligne permettant d'organiser des circuits courts entre producteurs locaux et communautés de consommateurs. Le réseau compte aujourd’hui plus de 1 000 ruches en France et dans 8 pays européens, rassemble plus de 5 000 producteurs et 150 000 clients réguliers.
Crédit : Thomas Louapre
Miimosa est une plateforme de financement participatif exclusivement dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. Fondée par Florian Breton, petit-fils d’agriculteur, en octobre 2014, Miimosa a accompagné plus de 1000 de projets grâce aux dons (avec contreparties) des internautes. En 2018, la plateforme proposera aussi des prêts rémunérés.
Pour moderniser l’agriculture, l’économie collaborative est elle aussi au rendez-vous. A la manière des plateformes de location de voitures entre particuliers, WeFarmUp facilite la location de matériel entre agriculteurs. Côté propriétaire, les engins sous-utilisés sont rentabilisés en générant un revenu supplémentaire. Côté locataire, la location évite de recourir à l’achat.
Créée en 2011, Ynsect élève et transforme des insectes en ingrédients destinés à la nutrition animale, particulièrement des animaux de compagnie et des poissons d’élevage. Dans un contexte de demande croissante en protéines et de raréfaction des ressources, les insectes représentent une alternative économique et écologique.

 

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