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Culture

Fabriquer, détourner, réparer... "Maker Faire Paris", le rendez-vous des bidouilleurs, a lieu ce week-end

Les "makers" tiennent salon à Paris de vendredi 22 à dimanche 24 novembre . Les "makers"? Des bricoleurs collaboratifs imprégnés de nouvelles technologies qui depuis vingt ans répandent à travers la planète une façon bien à eux de consommer.

Bricoleurs inventifs, bidouilleurs partageurs, artisans empreints de la culture numérique du libre et de l'open source... "À partir du moment où on réalise du 'fait soi-même', on peut se considérer comme maker", explique Clément Chabot, membre du projet français Low-tech Lab qui propose l'exposition "En quête d'un habitat durable" lors de la nouvelle édition du "Maker Faire Paris", manifestation ouverte au grand public à la Cité des sciences.

Ces adeptes du 'do it yourself' se partagent matériels et connaissances dans des espaces collaboratifs appelés makerspaces ou fablabs où ils cherchent à comprendre le fonctionnement des objets du quotidien pour les copier, les réparer, les détourner. Cela va du bricoleur amateur qui fabrique des meubles avec des matériaux de "récup" à l'entrepreneur "geek" concevant un lanceur automatique de volants de badminton...

"Les makers veulent s'emparer du pouvoir d'internet, du pouvoir des machines numériques, du pouvoir des modèles en open source pour le remettre au service de pratiques locales, à la taille et à la mesure de l'activité humaine individuelle", explique la sociologue Isabelle Berrebi-Hoffmann, coauteur du livre "Makers. Enquête sur les laboratoires du changement social" (Seuil).

Où est né le mouvement ?

Tout commence en 1998, quand Neil Gershenfeld, enseignant au M.I.T (Massachussets Institute of Technology), aux Etats-Unis, lance un cours sur l'utilisation des machines-outils. Au lieu d'attirer des techniciens, il voit arriver des architectes, des artistes, des designers: l'idée d'un atelier ouvert fait alors son chemin. Le premier "fablab" (pour "fabrication laboratory") voit le jour trois ans plus tard. "À l'origine, les fablabs étaient faits pour démocratiser la technique, la faire sortir hors des murs des grandes universités", explique Isabelle Berrebi-Hoffmann.

Il y aurait aujourd'hui plus de 3.000 lieux de ce type à travers le monde, mêlant pratique, partage et éducation. Une soixantaine en France. "Ce mouvement s'étend maintenant à toute la planète et à toutes les couches de la population", assure Christophe Raillon, directeur "Maker Faire France". Des "Maker Faire", des rencontres entre Makers (et novices), sont organisés dans 44 pays et comptabilisent 375 événements dans le monde, selon Christophe Raillon.

Quel impact de ce mouvement ?

Fidèle à ses origines, le mouvement se veut tout d'abord pédagogique et cherche à diffuser une culture technique et numérique. "Ce que l'on fait c'est de la culture scientifique, surtout technique et industrielle", explique Sylvain Radix de l'Electrolab, un espace dédié à Nanterre. D'autres lieux s'attachent plus à réindustrialiser les centres-villes, à y refaire de la fabrication. "Toute l'histoire de la 'Detroit revival' (la renaissance de Detroit) est teintée de grands lieux vides où des espaces communautaires se sont installés", pour Isabelle Berrebi-Hoffmann.

On doit à ces lieux l'invention de l'imprimante 3D, des "hackathons" (sessions de création collaboratives).

Quelles valeurs revendiquées ?

"Tout le mouvement maker consiste à essayer autant que possible de sortir de la consommation de masse, standard et à faire tomber la frontière entre production et consommation", explique Isabelle Berrebi-Hoffmann. "Reprendre en main sa consommation", résume Christophe Raillon pour qui aujourd'hui les grands sujets plébiscités par le mouvement sont "l'économie circulaire, le réemploi, le recyclage, la lutter contre l'obsolescence programmée".

"Les gens attendent qu'on leur propose des modèles qui soient davantage en adéquation avec les problématiques environnementales", juge Benoît Greslebin, entrepreneur installé dans l'un de ces lieux collaboratifs en banlieue parisienne. Le mouvement ne remet pas seulement en cause nos modes de consommation. En mêlant collaboration, rejet de la hiérarchie, abolition des frontières travail/loisir, travail/formation... "il y a quelque chose qui se joue dans ces lieux" où l'on expérimente "de nouvelles façons de travailler et de vivre", explique Mme Berrebi-Hoffmann.

Avec AFP.

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