Vous avez décidé dès 2006 de créer une offre d’hébergement écologique ?
Dès le départ on a eu cette démarche écologique. À l’époque, il y a 12 ans, ce n’était pas du tout populaire. Le lieu est une ancienne filature qui n’avait pas été restaurée depuis 50 ans. Donc comme tout était à refaire depuis zéro, on pouvait envisager les choses globalement, autant au niveau de l’énergie que de la consommation ou de la restauration. Nous avons tout fait avec des matériaux écologiques. Cela a intéressé beaucoup de monde, notamment la région Rhône Alpes, qui s’est rapprochée de nous pour nous aider à monter un dossier afin d’obtenir l’Ecolabel européen.
Pourquoi avez-vous décidé d’adopter cette démarche ?
Il y a eu plusieurs facteurs. J’ai été scolarisée à Fribourg, en Allemagne, qui est un peu la capitale de l’écologie. Et j’y ai été initiée dès le plus jeune âge par mes parents. C’est aussi pour des questions de santé. Un numéro de "60 millions de consommateurs" a été publié à l’époque sur toutes les pollutions internes dans les maisons, où les meubles, produits ou enduits dégazent et ont un impact fort sur la santé. Cela m’avait ouvert les yeux parce que je n’en avais pas du tout conscience à l’époque. Cela nous a vraiment décidés à adopter cette démarche écologique pour préserver notre santé et celle de nos hôtes.
En quoi a consisté cette restauration écologique ?
Nous avons d’abord favorisé une bonne isolation en laine de bois notamment, assez épaisse pour réduire la dépense énergétique. Toutes les peintures sont écologiques. Au niveau des sols, on a posé des planchers issus de forêts gérées durablement. Ils sont enduits avec des huiles écologiques aussi. Pour le dernier gîte de 15 places, qui n’a que deux ans, nous avons presque tout acheté d’occasion, soit en récupérant des meubles dans la famille, soit en allant dans des ressourceries ou chez Emmaüs, puis nous avons retapé ce mobilier. L’idée était de ne pas produire de nouvelles choses. Les visiteurs adorent ! S’agissant de l’énergie, nous utilisons du bois déchiqueté que nous essayons de trouver aux alentours pour le chauffage et l’eau sanitaire. Nous avons aussi des panneaux solaires pour l’eau sanitaire en été et un système de récupération de l'eau de pluie pour alimenter les toilettes et machines à laver. Nous n'avons que des LED, et nous avons des réducteurs de pression pour l’eau. Tout a été envisagé de façon écologique, de A à Z.
Quels autres services écologiques les visiteurs peuvent-ils trouver ?
Tout ce que les visiteurs de la maison d’hôtes peuvent manger est bio et local, et je fais toutes mes courses en vrac avec de petits sacs en tissu. Nous incitons les gens à trier les déchets. Ce sont des petites choses, mais notre démarche est de prouver aux gens que l’on peut tout à fait vivre normalement et avoir une démarche écologique. Cela crée des partages très intéressants. Je fais beaucoup de choses moi-même : le pain au levain, les yaourts. Depuis deux ans, nous avons aussi un potager bio. On ne veut pas avoir une démarche trop militante mais juste montrer l’exemple. Notre idée de base, c’est de semer des graines. Informer les gens de manière douce.
Quels sont vos projets à venir ?
Dans le gîte de 15 personnes, nous venons de terminer une salle de 76 m2 pour accueillir des stages et des séminaires adaptés au lieu qui est authentique et préservé, autour du yoga ou de la méditation par exemple. L’idée est de s’adresser aux gens qui veulent se ressourcer. C’est pour cela que l’on s’appelle "Au fil de soi". C’est d’abord un clin d’œil à l’ancienne filature où l'on fabriquait du fil de soie. Et "soi" pour l’idée que les visiteurs se retrouvent eux-mêmes dans un cadre privilégié et ressourçant.
Pont de Foulix - 07190 Issamoulenc, Auvergne-Rhône-Alpes