En 2021, 139 000 tonnes d'emballages supplémentaires ont été recyclées par rapport à 2020.
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Recyclage : "les Français trient de mieux en mieux, et de plus en plus"

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Que peut-on mettre dans nos poubelles jaunes ? Les déchets sont-ils vraiment tous recyclés ? Quel est le processus de recyclage de ces derniers. Pour ID, Bertrand Bohain, délégué général au Cercle National du Recyclage, a levé le voile sur nos questions.

En 2021, 139 000 tonnes d'emballages supplémentaires ont été recyclées par rapport à 2020, selon CITEO. Une forte croissance qui n’élude toutefois pas les nombreuses questions que se posent les Français autour du monde des déchets. 

S’inscrivant dans une perspective de développement durable qui prend en considération les enjeux environnementaux, économiques et sociaux liés à une gestion multifilières des déchets ménagers et assimilés, le Cercle National du Recyclage (CNR) œuvre au bon fonctionnement du recyclage en France. Son délégué général, Bertrand Bohain, répond à nos questions. 

Quels sont les éléments à déposer concrètement dans la poubelle jaune ?

La réponse est simple : tous les emballages, à l'exception du verre. Les consignes de tri ont évolué, éliminant la nécessité de se préoccuper des matériaux spécifiques. Auparavant, la réflexion se faisait selon les matériaux, mais désormais, il est essentiel de se concentrer sur la typologie. Ainsi, la poubelle jaune est exclusivement réservée aux emballages, à l'exclusion du verre, qui doit être déposé dans des colonnes d'apport volontaire ou d'autres bacs spécifiques, si disponibles. En résumé, tous les types d'emballages peuvent être placés dans la poubelle jaune sans aucune restriction.

De nombreuses opérations automatisées sont mises en place, ce qui est nécessaire compte tenu du nombre impressionnant de gestes et d'emballages à trier.

Une fois déposés dans la poubelle jaune, quels processus de recyclage subissent les déchets ?

Le premier maillon de cette chaîne est invariablement le centre de tri. Les matériaux sont séparés selon des normes établies, permettant l'extraction ciblée de l'acier, de l'aluminium et des papiers cartons. Les emballages complexes font l'objet d'une attention particulière, tout comme les bouteilles en PET clair, ainsi que tout ce qui relève du flux de flacons en PEHD et en polypropylène. Enfin, il existe un flux de développement, caractérisé par un mélange abondant de plastique, qui est acheminé vers CITEO. Ce dernier se charge du surtriage ultérieur en vue du recyclage.

Qui s’occupe de ces différentes étapes ?

Ce sont les collectivités locales dans les centres de tri. Elles collaborent avec des opérateurs tels que Suez, Paprec, Veolia, entre autres, ou ont éventuellement mis en place leur propre centre de tri en interne. L'ensemble du processus est désormais mécanisé, bien que des travailleurs manuels soient présents pour peaufiner le tri, éliminer les impuretés et corriger les erreurs de tri. 

Avant on fonctionnait par matériaux, maintenant on fonctionne plutôt par typologie. Avec l’extension des consignes de tri, on a dit aux gens que maintenant tous les emballages plastiques pouvaient rentrer dans la collecte sélective.

Il existe toujours des centres de tri manuels, principalement pour les flux de papier/carton, où l'extraction des éléments est plus aisée. Cependant, avec l'adoption de l'extension des consignes de tri pour le plastique, le tri manuel devient de plus en plus rare. De nombreuses opérations automatisées sont mises en place, ce qui est nécessaire compte tenu du nombre impressionnant de gestes et d'emballages à trier.

Est-ce qu'il y a des erreurs que les Français commettent fréquemment lorsqu'ils font le tri, et qui peuvent entraver le bon fonctionnement du processus de recyclage ? 

Oui, malgré la présence du centre de tri, les erreurs persistent. En moyenne nationale, on observe un taux d'erreur d'environ 16%. Et ce pour beaucoup de raisons : Avant on fonctionnait par matériaux, maintenant on fonctionne plutôt par typologie. Avec l’extension des consignes de tri, on a dit aux gens que maintenant tous les emballages plastiques pouvaient rentrer dans la collecte sélective. Le problème que ça pose néanmoins, c’est que beaucoup ont compris qu’il s’agissait de tous les plastiques

On s’est donc retrouvé avec des Playmobil, des jouets, des LEGO, des objets en plastique qui n’avaient rien à y faire. Donc c’est important de suivre les recommandations et les guides de tri qui sont faits localement. 

Certains emballages sont-ils difficiles, voire impossibles, à recycler ?

Certains emballages très petits, comme ceux des bonbons, du Kiri ou des petits-suisses, peuvent être difficiles à recycler en raison de leur taille. De plus, dans le flux de ce que nous appelons le "flux de développement", soit un mélange de plastiques surtriés, environ 20% de ces emballages complexes ne sont pas recyclés. Par exemple, les paquets de chips, en raison de leur composition combinant plastique et papier aluminisé, posent des défis de recyclage, bien que cela demeure une minorité d’emballages.

Quand on demande beaucoup d’efforts, les gens n’ont pas forcément envie d'en faire, par contre quand on simplifie le geste, la donne est différente.

La question qu’on s’est alors posée, c’est : vaut-il mieux demander aux gens de ne pas les inclure ou de les laisser et de les retirer par la suite ? La seconde option s’est rapidement avérée évidente. Dès qu’on commence à complexifier le geste, ça fatigue les gens, ce que je comprends. Quand on demande beaucoup d’efforts, les gens n’ont pas forcément envie d'en faire, par contre quand on simplifie le geste, la donne est différente.

La majeure partie des Français fait-elle le tri ? 

Oui, les Français trient de mieux en mieux, et de plus en plus. Les collectivités travaillent activement à améliorer ce que l'on appelle la desserte des usagers. Lorsqu'il s'agit du ramassage en porte-à-porte, nous nous assurons que la taille des poubelles correspond bien aux besoins des résidents, constituant une première étape.

De plus, dans le cadre de ce que l'on appelle l'apport volontaire, avec l'installation de colonnes dans les rues, nous favorisons cette approche pour simplifier le geste du tri et rendre la tâche plus accessible pour l'usager, évitant ainsi des trajets trop longs. Nous visons à mettre en place une colonne d'apport volontaire pour environ 300 à 350 habitants, cela devient progressivement une norme opérationnelle, et nous nous dotons au maximum de ces équipements.

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