Outre ces étapes de production qui comptent évidemment leur lot de pollution, la phase d’utilisation et la fin de vie des objets en plastique posent également question. On estime qu’un sac en plastique à usage unique est utilisé en moyenne 20 minutes par le consommateur. Il mettra au minimum 400 ans à se dégrader dans la nature...
Mangera-t-on du plastique en 2050 ? Cette menace est loin d’être lunaire lorsque l’on considère que d’ici le demi-siècle, les poissons pourraient bien être moins nombreux que ces déchets dans leur habitat naturel, d’après une étude conjointe du Forum économique mondial et de la fondation Ellen McArthur.
Et sans attendre jusque-là, le problème du plastique est déjà bel et bien visible. D’après l’ONU, on compte en moyenne quelques 11 millions de tonnes de déchets supplémentaires qui voguent chaque année sur les eaux du monde entier, faute d’être recyclées : l’équivalent d’un camion-poubelle est ainsi déversé dans l’océan toutes les minutes.
Un septième continent de plastique
Tant qu’aujourd’hui, une île loin d’être paradisiaque s’est formée au large du Pacifique Nord, à mi-chemin entre Hawaï et la Californie. On l’appelle le vortex plastique, ou septième continent... Fort d’1,6 millions de kilomètres carrés, il triple la taille de la France métropolitaine. Mégots de cigarette, bouteilles, emballages alimentaires, sacs, bouchons, cotons-tiges, matériel de pêche... 80 000 tonnes de déchets s’y seraient déjà accumulés.
Et ce type de gros déchets, qui représentent une pollution visible à l’œil nu et menacent déjà l’équilibre marin, n’est finalement qu’une partie émergée de l’iceberg. À cela s’ajoute le problème des microplastiques. Presque invisibles et difficiles à quantifier, on en compte aujourd’hui entre 82 et 578 000 tonnes dans les océans, selon l’Ifremer.
En 2018, des chercheurs allemands ont prélevé 12 000 particules de microplastique dans un seul litre d’eau composant la banquise de la zone arctique. Piégés dans la glace, ces déchets auraient été transportés par les courants marins depuis le septième continent du Pacifique nord.
Problème : ceux-ci sont “responsables de tous les effets que l’on peut voir sur la faune marine. Plus ils sont petits, plus ils vont toucher tous les échelons de la chaîne alimentaire”, alerte Jean-François Ghiglione, chercheur au CNRS en écotoxicologie microbienne marine. “Des zooplanctons aux baleines, ces plastiques sont ingérés et contiennent un biofilm sur lequel des bactéries se développent. En les avalant, les animaux souffrent de malnutrition et n’arrivent plus à se nourrir. Et si pour l’heure, il n’y a pas d’effet constaté sur la santé humaine, ils peuvent tout de même transmettre des maladies d’un animal à l’autre et donc, entraîner des pandémies comme celle que l’on connaît actuellement”.
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D'où viennent les microplastiques ?
Leurs sources exactes sont continuellement à l’étude. Nombre d’entre eux sont par exemple issus de pertes industrielles involontaires, notamment lors du transport de la matière plastique sous forme de granulés.
Cependant, on estime aussi que 35 % des microplastiques primaires proviennent de nos machines à laver. Lessives, adoucissants, lave-linges ou encore vêtements eux-mêmes - notamment ceux composés de matières synthétique - relâchent des particules à chaque lavage. 28 % ensuite sont induits par le frottement des pneus de voitures et autres véhicules contre le bitume. Enfin, 2 % sont issus de nos salles de bain : gels douche, shampoings, produits exfoliants, dentifrices...
Dans les stations d’épurations, difficile de s’attaquer à cette pollution invisible. Malgré le traitement des eaux usés, ils sont donc condamnés à terminer leurs vies dans les rivières, les fleuves, les mers, les océans.
Du côté de la catégorie secondaire - la plus grosse part de cette pollution -, les déchets rejetés dans la nature sont condamnés à y rester pendant des décennies. Sac plastique, bouteilles, matériel de pêche mettrons 100, 400, 1000 ans à se décomposer, rejetant tout ce temps des microparticules.
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