Inventé par l’architecte d’intérieur allemand Reiner Pilz dans les années 90, l’upcycling, ou "surcyclage" en français, signifie littéralement "recycler par le haut". Il s’agit donc de réutiliser des matières usées afin de faire du neuf avec du vieux. En plein essor depuis quelques années, cette pratique concerne en premier lieu la mode, mais pas seulement. De vieux meubles ou de la décoration cassée peuvent également être upcyclés.
Ce n’est en réalité pas une pratique nouvelle. Il était courant pour nos anciens de transformer une vieille armoire en une table basse ou des rideaux en manteaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, des campagnes de promotion étaient même réalisées pour encourager la population à réutiliser leurs vieux tissus.
En Angleterre, la campagne "Make Do and Mend" pousse à grands coups d’affiches et de films publicitaires à la réutilisation de vieux tissus en expliquant comment transformer un pantalon d’homme en robe ou des nappes en jupe.
100 milliards de tonnes de vêtements vendues chaque année
Mais les évolutions des pratiques de consommation à partir des années 50 ont laissé cette habitude au placard jusqu’à aujourd’hui. Les raisons de ce retour en force ne sont cette fois pas à chercher dans le manque mais dans le trop-plein. 100 milliards de tonnes de vêtements sont vendues chaque année dans le monde, d’après Oxfam.
Cette production inarrêtable fait de la mode l’un des secteurs les plus polluants de notre économie. Elle émet environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, sans oublier les rejets de produits chimiques et de microplastiques dans la nature lors de leur production et de leur entretien. Enfin, l’industrie textile a un impact humain considérable, puisque beaucoup de marques exploitent des travailleurs pauvres des pays du Sud global.
Des boutiques et des marques spécialisées
Face à ce constat, une certaine prise de conscience émerge chez les consommateurs. La tendance de la seconde main progresse et de plus en plus de personnes se tournent vers les recycleries, les magasins de charité, comme Emmaüs, les brocantes ou les friperies pour s’habiller, mais également vers l’upcycling.
Proposé dans de nombreuses boutiques, comme L’Atelier W, basé dans les Hauts-de-France, ou Rue Rangoli, à Paris, l’upcycling se développe aussi à la maison, comme en témoignent les nombreux vidéos et tutoriels sur le sujet, postés chaque jour sur les réseaux sociaux.
@marcelgracieuse Création d’une veste à partir d’un tissu d’ameublement 😂🤯 #upcycling #foryou ♬ Hate It Or Love It - The Game
Pour aller plus loin : "La mode éthique dans nos dressings”
Il conquiert les cœurs jusque dans les grandes maisons de mode, où des enseignes de luxe comme Jean-Paul Gaultier ou Miu Miu se lancent aussi dans le surcyclage. Mais celui qui en a fait sa marque de fabrique est avant tout le Belge Martin Margiela, qui s’en empare dès les années 90.
Aujourd’hui démocratisée, l’upcycling impose toutefois à ses adeptes de se servir exclusivement d’objets ou de vêtements ne pouvant plus être utilisés pour être considéré comme tel. Transformer un vêtement encore en bon état ne permet pas de sauver un objet destiné à être jeté, mais seulement de le modifier, envoyant au passage quelques chutes de tissu à la poubelle.