Julie Le Hir, fondatrice de Slood, Slow for Good.
© DR/Slood
Inspirations

Julie Le Hir : "Je cherche à rendre la consommation responsable accessible à tout le monde"

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Après une première expérience dans l’économie circulaire au sein du Groupe LDLC, Julie Le Hir a lancé en 2023 Slood, Slow for Good – une marketplace écoresponsable sur la mode, la maison, et la beauté bio. Objectif : aider le consommateur à y voir plus clair dans l’offre de produits estampillés durables. Interview. 

Tombée dans la marmite de l’économie circulaire en 2020, lorsqu'elle pilotait le développement du segment reconditionné de la marketplace du Groupe LDLC - leader du e-commerce sur le marché de l’informatique et du high-tech, Julie Le Hir s’attèle aujourd’hui à donner le goût de la consommation responsable avec Slood, Slow for Good

Lancée en 2023, cette marketplace propose une sélection de 100 marques de mode, de beauté et de décoration écoresponsables. Entretien avec sa fondatrice. 

En quoi Slood se différencie-t-elle des autres marketplaces présentes sur le marché de l’écoconsommation ? 

Nous sommes les seuls à rassembler des marques écoresponsables sur les segments de la mode, la beauté et la maison. Il existe aujourd’hui des marketplaces sectorielles dédiées uniquement à la mode éthique ou à la beauté, mais pas de référents généralistes qui soient des tiers de confiance pour aiguiller les consommateurs parmi les nombreuses offres pas toujours responsables. Slood vient combler ce manque. Ce qui fait également notre force, c’est d’avoir un positionnement 100 % made in Europe. 

Slood, une marketplace écoresponsable lancée en 2023
© DR/Slood

Comment sélectionnez-vous les marques partenaires ? 

Tout d’abord, nous faisons attention à la composition. Sur le segment mode et maison, il faut au minimum 70 % de matières naturelles, bios, upcyclées ou recyclées. Pour la beauté, nous demandons au moins 95 % d’ingrédients naturels ou bios.  

Le second critère, c’est le sourcing. Sur notre marketplace, 70 % des marques sont made in France, et 100 % made in Europe.

Dans le contexte géopolitique actuel, je trouve que cela a du sens de mettre en valeur les savoir-faire européens."

Julie Le Hir, fondatrice de Slood, Slow for Good.

Par ailleurs, nous portons une attention particulière à la transparence des marques sur leurs étapes de fabrication. Nous nous assurons que la majorité d’entre elles sont bien réalisées en France et en Europe. 

Enfin, nous attachons une importance au style. Nous avons à coeur de montrer que l’on peut associer l’écoresponsabilité au plaisir et au style. 

L’un des principaux freins évoqués aujourd’hui par les Français pour acheter responsable, c’est le coût élevé de certains produits. Quel regard portez-vous sur cet enjeu ? 

Je pense que le prix peut parfois être un faux problème, voire une excuse. Un fabricant de jean français m’expliquait récemment qu’il vendait des pièces à 120 euros, soit le même prix qu’un jean Levis made in China. La différence étant que Levis marge deux à trois fois plus que le fabricant de jean français, qui pour rester compétitif réduit ces marges au minimum. Par ailleurs, un consommateur de fast-fashion peut payer parfois beaucoup plus en sur-consommant en ligne plusieurs fois par mois. 

 

Avec Slood, je cherche à rendre la consommation accessible à tout le monde en proposant des marques qui ont des prix abordables, mais aussi en facilitant leur accès au même endroit, sur une plateforme qui donne des indications claires sur l’origine des produits, leur composition, leur processus de fabrication, les labels obtenus... 

Selon moi, le manque d’informations représente un autre frein majeur. Certains consommateurs achètent encore beaucoup sur Shein ou Temu parce qu’ils ne connaissent pas l’impact environnemental de ces entreprises."

Julie Le Hir, fondatrice de Slood, Slow for Good.

D'après vous, comment faudrait-il "éduquer le marché" sur les effets néfastes de la fast-fashion ? 

Des initiatives comme celles de Slood peuvent contribuer à cet effort. Mais il faut aussi une volonté gouvernementale et une vraie réglementation. Je déplore que le projet de loi contre la fast-fashion, pourtant voté à l’unanimité il y a un an à l’Assemblée nationale, ait été reporté.  

En attendant, des petites marques se trouvent démunies, et sont parfois contraintes de mettre la clé sous la porte, faute de pouvoir concurrencer les géants de la fast-fashion et leurs centaines de millions d’euros dépensés en marketing...