L'industrie textile émet 4 milliards de tonnes de CO2 par an dans le monde.
©Sundry Photography/Getty Images
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Fast fashion : 5 minutes pour comprendre les enjeux de la proposition de loi

Ce lundi 4 mars, Christophe Béchu annonce souhaiter s'attaquer à la fast fashion. Alors que l'industrie textile émet 10 % des gaz à effet de serre du monde, ce mode de production intensive à bas coût porte une lourde responsabilité écologique. Une loi prévoit de taxer la surproduction et limiter la publicité des marques concernées.

Shein, Temu, Alibaba… ces marques à petit prix extrêmement populaires chez les jeunes sont dans le viseur du gouvernement français. Lundi 4 mars, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a réuni des acteurs de la mode durable et déclaré soutenir une proposition de loi ciblant la fast fashion, ou "mode rapide". Ce projet, porté par la députée Horizon Anne-Cécile Violland, sera examiné par la commission du développement durable ce jeudi, avant d’être débattu par l’Assemblée nationale le 14 mars.

Le poids de la fast fashion 

La fast fashion et l'ultra fast fashion se développent depuis plus d'une vingtaine d’années dans le monde. Aujourd’hui, ce modèle domine le marché de l’habillement : une étude de Kantar révèle que 70 % des vêtements consommés en France en 2022 en sont issus. Les marques concernées produisent des stocks infinis d’articles à très bas coût, menant à une surconsommation parfois impulsive. En effet, selon l'ONG Les Amis de la Terre, 3,3 milliards de vêtements ont été mis sur le marché en France en 2022, soit un milliard de plus qu’en 2013. Malgré l’essor de l’économie circulaire, la consommation de neuf continue donc à augmenter.

Dans un rapport de juin 2023, l’ONG dévoile que le leader de l’ultra fast fashion Shein lance en moyenne 7 200 nouvelles références par jour, soit 900 fois plus qu’une marque française moyenne. Cela correspond environ à une production d’un million de vêtements par jour. À titre de comparaison, l’enseigne Zara, considérée comme fast fashion (mais pas ultra), émet 500 nouvelles références par semaine.

Seulement, cette surproduction a un coût environnemental extrêmement élevé. Entre la production de matières premières, la fabrication, la teinture, le transport et l’entretien, l’Ademe (Agence de la transition écologique) estime à 6 kg l’empreinte carbone d’un T-shirt. Ce chiffre monte à 25 kg pour un jean. L’industrie textile se hisse ainsi à la troisième place des plus polluantes au monde : elle émet 4 milliards de tonnes de CO2 par an, soit 10 % des émissions mondiales, dépassant ainsi le trafic aérien.

Or, l’ultra fast fashion aggrave ce phénomène. Les marques concernées produisant des quantités démultipliées, leur impact sur l’écologie est d’autant plus élevé. En outre, les articles sont fabriqués dans des pays où les normes environnementales sont très peu présentes, ce qui multiplie les risques d’utilisation de produits toxiques, entre autres. Ainsi, les Amis de la Terre estiment que le Chinois Shein émet entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2 chaque jour. 

En plus des enjeux climatiques, l’industrie de la fast fashion se révèle désastreuse sur le plan sociétal. Les pays dans lesquels sont fabriqués les vêtements ne respectent pas non plus les mêmes normes sociales que la France. Il s'agit principalement de pays d'Asie comme le Bangladesh où le droit du travail est quasi inexistant. De plus, cette concurrence des pays asiatiques est à l’origine de difficultés économiques pour plusieurs enseignes françaises. 

Une loi pour augmenter l’éco-contribution et limiter la publicité

Mais comment réguler cette industrie ? La proposition de loi portée par Anne-Cécile Violland prévoit plusieurs volets. Sur France Culture, la députée explique qu’elle souhaite définir la fast fashion en fixant un seuil de nouvelles références par jour au-delà duquel l’enseigne sera pénalisée.

Pour ce faire, la loi prévoit d’augmenter l’éco-contribution. Cette taxe oblige déjà les entreprises de l’industrie textile à allouer quelques centimes d’euros par produit pour gérer sa fin de vie. La loi vise à augmenter de manière exponentielle le montant de cette taxe pour les enseignes dépassant le seuil de nouvelles références par jour. L’objectif est d'arriver à 10€ par produit en 2030. Les entreprises de la fast fashion auront ainsi le choix de payer davantage, ou de ralentir leur production. 

Quant au consommateur, il sera alors potentiellement enclin à limiter sa consommation. Car, selon la députée Horizon, la problématique des enseignes de fast fashion se trouve aussi dans l’incitation. La loi prévoit donc d’informer davantage les Français et d’interdire la publicité des enseignes concernées, jugée trop agressive. Ce faisant, elle espère changer les modes de consommation pour plus de sobriété et de durabilité. En effet, les Français acquièrent en moyenne 48 nouveaux vêtements en 2022, alors que l’objectif de l’Accord de Paris est fixé à 5. Des comportements responsables sont nécessaires pour limiter l’empreinte carbone du textile

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