Les fêtes sont souvent des occasions pour acheter des fleurs.
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Pour des fleurs "responsables", importer moins et mieux

A quelques jours de la fête des mères, une organisation de fleuristes encourage les professionnels à proposer davantage de pivoines et renoncules françaises, et à "mieux choisir" leurs fournisseurs de roses kényanes et d'orchidées thaïlandaises.

Devant la vitrine d'un fleuriste du centre de Paris, des tiges de gerberas, de freesias, de giroflées... et beaucoup de roses attendent d'être composées en bouquets d'ici dimanche, jour de la fête des mères, un des pics annuels d'achat de fleurs.

Les prix s'affichent en gros sur des ardoises, mais aucune mention des lieux de production n'est visible. Les fleuristes n'ont aucune obligation en la matière.

Le magasin propose-t-il des fleurs françaises ? La salariée n'est pas en mesure de répondre. Un homme travaillant avec elle intervient : "Les pivoines, c'est sûr." Un seau de pivoines est exposé dans un coin. Une goutte d'eau à l'échelle de la boutique.

Un peu plus loin, dans un magasin du réseau Monceau Fleurs, une responsable requérant l'anonymat explique à l'AFP qu'ils essaient "d'avoir un maximum de produits français" mais qu'ils sont confrontés à des prix élevés et au manque de variétés - les pivoines, anémones et renoncules représentent 80 % de la production française.

85 % des fleurs coupées vendues en France, importées

Environ 85 % des fleurs coupées achetées en France sont importées, en particulier des Pays-Bas, du Kenya et d'Equateur.

"Quelques curieux" se renseignent sur l'origine des fleurs et "tiquent parfois" quand elles viennent de loin, sans que cela les empêche d'acheter, reprend la responsable, qui travaille depuis 25 ans dans le secteur.

La transparence sur l'origine des tiges est un "enjeu très prenant" pour la "jeune génération" de fleuristes comme de consommateurs, relève auprès de l'AFP le président de l'Union nationale des fleuristes (UNF, anciennement chambre syndicale des fleuristes d'Ile-de-France), Pascal Mutel.

Dans un "livre blanc" rédigé en 2023 mais seulement rendu public mercredi, l'UNF plaide pour soutenir la production française de fleurs "par tous les moyens", par exemple en achetant à l'avance aux producteurs "quand cela est possible".

"Aucun producteur français n'a de difficulté à vendre", tant l'offre est ténue, explique M. Mutel, mais certains arrêtent, invoquant l'absence de repreneur, la difficulté à trouver de la main-d'oeuvre, le manque de moyens de lutte contre les nuisibles, les restrictions à l'irrigation en cas de sécheresse...

Dans sa boutique de l'ouest de Paris, Pascal Mutel a actuellement "70 ou 80 % de fleurs françaises" car c'est le "pic de production" nationale et que la pivoine est "la fleur qu'on vend le plus".

"Tout n'est pas rose"

Il se garde bien de stigmatiser l'importation depuis des pays lointains, indispensable pour répondre à la demande.

Le bilan carbone d'une fleur kényane, même arrivée par avion, est meilleur que celui d'une tige qui a poussé pendant l'hiver européen, sous une serre chauffée à l'énergie fossile, souligne M. Mutel.

Dans un jeu de mots involontaire, le président de l'UNF admet toutefois volontiers que "tout n'est pas rose" dans le monde des fleurs : faiblesse des salaires des travailleurs, exposition à des pesticides dangereux, pression sur la ressource en eau...

L'organisation patronale invite les fleuristes à "mieux choisir" leurs fournisseurs à l'international en privilégiant les fermes certifiées.

"On a travaillé avec les grossistes pour que le fleuriste ait accès sur sa facture à l'origine" des fleurs, afin qu'il puisse jauger s'il le souhaite les pratiques de production et voir si cela "correspond à ses valeurs", dit Pascal Mutel.

"On ne fait la leçon à personne" sur ses choix, insiste-t-il, "mais au moins le fleuriste a le pouvoir de promouvoir les bonnes pratiques s'il le souhaite" en mettant en avant des fleurs "plus éthiques et responsables".

"Tout le monde ne s'empare pas du sujet au même rythme", observe-t-il. Professionnels et clients sont généralement d'abord sensibles au prix, à l'esthétique et à la tenue des bouquets dans le temps.

Avec AFP.