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Plus redoutable encore que l’obsolescence programmée : connaissez-vous l’obsolescence culturelle ?

La mode va très vite, notre consommation aussi. L’obsolescence culturelle est le fait de renouveler ses produits plus que nécessaire pour être à la pointe de la tendance.  

Nous connaissions déjà l’obsolescence programmée : les marques poussent les consommateurs au rachat en rendant volontairement les objets obsolètes. En France, depuis 2015, celle-ci est considérée comme un délit punissable de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elle n’est pas la seule à inciter à la consommation : l’obsolescence culturelle, pour sa part, est plus sournoise mais pourtant tout aussi fréquente. À ceci près qu’elle n’est pas considérée comme un délit.  

Pour répondre aux diktats de la mode, on renouvelle nos biens avant même que ceux-ci soient hors d’usage. Les tendances, les designs, les nouveautés, les goûts et les couleurs sont autant de facteurs influant sur notre inconscient, nous laissant croire que l’on a besoin de racheter les derniers produits sortis sur le marché. Et ces dits facteurs sont bel et bien engendrés par les dures lois du marketing. On l’appelle aussi “obsolescence esthétique” ou encore “psychologique”.  

L’idée est d’inciter à consommer vite et plus grâce à des stratégies commerciales bien rôdées (publicité, surproduction...), rendant ainsi les anciens produits “démodés”. 

Les smartphones, pas seulement concernés par les failles de système 

Entre de nouvelles fonctionnalités et des designs à la pointe de la mode, le géant informatique Apple est un grand spécialiste d’obsolescence programmée, mais aussi d’obsolescence culturelle. On apprenait à la fin de l’année 2017 que la firme avait volontairement ralenti ses anciens modèles d’iPhone, rendant ainsi les “7” et moins, désuets. Prise en flagrant délit d’obsolescence programmée ! Récemment, le dernier smartphone de la marque avait fait une entrée en grandes pompes sur le marché en 2018 : l’iPhone X, promesse d’un outil non seulement à la pointe de la technologie (appareil photo qui rivalise avec les objets professionnels, fonction déverrouillage par reconnaissance faciale...), mais aussi d’une allure incroyable (suppression du bouton central, écran qui s’étend sur la totalité de sa façade...). Ce tout nouveau design de l’emblématique iPhone, pour sa dixième version, a mis sur le tapis tous ses petits frères, frappés de plein fouet par l’obsolescence culturelle.  

D’après l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), 88 % des Français renouvellent leur smartphone avant même qu’il ne tombe en panne. En moyenne, on changerait de portable tous les deux ans environ, tandis que leur durée de vie moyenne serait de quatre ans. 

Nos vêtements, premières victimes de l’obsolescence culturelle 

Outre ces appareils électroniques, le secteur de l’habillement est évidemment directement concerné par l’obsolescence culturelle. En bonnes adeptes du modèle de la fast fashion, les enseignes de mode surproduisent, à raison parfois de quatre, cinq ou six collections par an. La mode se démode à la vitesse de la lumière et nous, consommateurs, plongeons la tête la première dans les lois de l’esthétique.  

En moyenne, on achète 60 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans, tout en les conservant deux fois moins longtemps*. De même, les Français achètent 9,2 kilogrammes de textile et chaussures par an et par personne, tandis que seuls 3,2 kilogrammes trouvent une seconde vie*. Selon les chiffres de la WWF, 2,1 milliards de tonnes de déchets textiles ont été produits dans le monde en 2017. 

Sources : *McKinsey and compagny, Style that suitable : A new fast fashion formula, Nathalie Remy, Eveline Speelman & Steven Swartz, 2016. *Éco tlc, 2016.

La solution : lutter contre le marketing 

Concernant les vêtements qui débordent de nos placards, l’ADEME préconise quelques conseils pour une garde-robe plus éthique dans son guide “Le revers de mon look : passer à la seconde main, prêter attention aux logos et aux étiquettes, entretenir ses vêtements, bien les choisir, etc.  Rien de plus simple finalement : il suffit d’acheter moins et mieux. Ne pas céder à la tentation des dernières extravagances en vogue du moment, mais préférer plutôt des “intemporels”, se traduit par l’assurance d’un investissement durable et responsable. Coco Chanel l’avait prédit en nous rappelant que “la mode se démode, le style jamais”. À nous de chérir chacune de nos pièces.  

En connaissant les impacts écologiques de tout ce que l’on achète et consomme, on y réfléchit souvent à deux fois - par exemple, une seule télévision de 30 pouces aurait une empreinte carbone équivalente à un aller-retour Paris-Nice en avion, toujours selon l'ADEME. Être davantage informé permet de mieux résister à ces offres qui paraissent alléchantes. 

À la différence de l’obsolescence programmée, l’obsolescence culturelle offre un plus large champ de manœuvre aux consommateurs pour ne pas tomber dans le piège. Tout est une question de volonté, il suffit d’y résister.  

De plus en plus d’objets encombrent nos maisons : nous en possédons des dizaines, souvent achetés sur un coup de cœur, ou séduit par une offre promotionnelle. L'Ademe souligne que nous avons en moyenne 99 appareils électriques et électroniques par foyer, dont six ne sont jamais utilisés !  

En partenariat avec l'ADEME.

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