Le marché français de la mode bat de l'aile. Selon les estimations de l'Institut français de la mode (IFM) rapportées par l'AFP, le secteur devrait accuser pour l'année 2018 une chute de 2,9 % à 28 milliards d'euros. Il renoue ainsi avec un déclin entamé depuis la crise de 2008 (-15 % par rapport à 2007), après un léger rebond en 2017 (+0,6 %). Dans ce tableau, seule la vente en ligne s'en tire avec les honneurs (+5,3 % sur les 10 premiers mois de l'année), tandis que les ventes en magasin (- 4,3%) tirent les chiffres vers le bas. La fronde des gilets jaunes pourrait encore empirer les chiffres, précise l'institut.
Cette dynamique, qui devrait se poursuivre en 2019 (-0,9 %), s'explique en partie par une tendance à la déconsommation, explique Gildas Minvielle, directeur de l'observatoire économique de l'IFM : "Le marché s'installe durablement dans un nouveau modèle, celui d'une nouvelle norme de consommation". Selon une enquête réalisée par l'IFM, les consommateurs sont ainsi 44 % à affirmer avoir acheté moins de vêtements en 2018, un chiffre qui s'élève même à 51 % chez les femmes.
Une déconsommation vécue comme "contrainte" par 60 % d'entre eux en raison par exemple de la hausse des prix, et "choisie" par les 40 % restant, dont l'ambition est notamment de mieux consommer ou d'avoir une empreinte écologique moindre. Le segment moyen de gamme qui représente le gros du chiffre d'affaires du secteur, est celui qui souffre le plus de cette tendance, avec un recul de 5 % sur un an. Solution plébiscitée par les consommateurs, dont un tiers déclare avoir acheté de la seconde main en ligne en 2018, le marché de l'occasion est désormais estimé à un milliard d'euros en France.
"Ils arrivent au bout d'une forme de surconsommation, ils sont à la recherche de sens, de protection de l'environnement, de chasse au gaspillage", Thomas Delattre, chef de projet à l'IFM