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DOSSIER PARTENAIRE

L’eau minérale en bouteille, responsable de la pollution plastique ?  

L’eau minérale, embouteillée dans du plastique, a envahi les rayons de supermarché depuis les années 60. Les Français, cinquièmes consommateurs mondiaux, en sont toujours friands bien que sa production pèse lourd sur la planète. Est-il préférable de boire de l’eau du robinet ?  

La gourde finira-t-elle par enterrer les bouteilles d’eau en plastique ? Bien qu’elle ait été hissée au rang d’accessoire de mode ces dernières années, rien n’est moins sûr. Les Français semblent encore et toujours attachés aux classiques bouteilles en plastique. En effet, malgré son accès à l’eau potable, le pays est le cinquième consommateur mondial d’eau en bouteille : chaque année, il s’en produirait quelque 9,3 milliards de litres dans l’Hexagone. Pourtant, leur fabrication coûte cher à la planète.  

Selon la société française de tri Recygo, on estime que pour un litre d’eau embouteillée, il faudrait mobiliser en moyenne 100 ml de pétrole, 80 g de charbon, 42 l de gaz et... 2 l d’eau.

Des plateaux repas aux rayons de supermarché 

Fin des années 60 : sur une demande spécifique de la compagnie aérienne Air France, le géant de l’eau Vittel produit pour la première fois une bouteille d’eau en PVC. Plus légère et plus pratique que celle utilisée jusqu’alors, elle doit être intégrée aux plateaux repas servis aux voyageurs lors des vols. Dans les airs comme sur la terre ferme, les bouteilles en verre sont ensuite progressivement abandonnées et le PVC se généralise. Cette matière laissera ensuite place au PET, une autre forme de plastique, plus facilement recyclable mais aussi moins coûteuse.  

Selon une étude, relayée par le Guardian, 480 milliards de bouteilles en plastique auraient été vendues à travers le monde en 2016. Contre 300 milliards dix ans plus tôt. Autrement dit, il s’en écoulerait plus de 15 000 chaque seconde.  

Pour retrouver notre dossier "Une eau saine, zéro plastique, et sans goût de chlore : enjeux et solutions", à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, c'est par ici

Si l’Union européenne a interdit l’usage de certains objets en plastique à usage unique – cotons tiges, pailles, touillettes... - les bouteilles ne sont, pour l’heure, pas concernées. Seules restrictions à leur sujet : 90 % de collecte d’ici 2029 et une composition à 30 % recyclée d’ici 2030... Et dans le même temps, la France valorise aujourd’hui tout juste 49 % de ses bouteilles en plastique.  

Et pour la santé : eau en bouteille ou eau du robinet ?  

En excluant la consommation d’eau pétillante - qui ne représente que 18 % du total en France -, l’argument des industriels pour pousser à consommer de l’eau minérale en bouteille est souvent de l’ordre sanitaire. En effet dans la pensée commune, l’eau du robinet serait moins saine. Et si, selon l’OMS, 2,1 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, la France a pour sa part des normes de contrôle rigoureuses. Alors eau en bouteille ou eau du robinet, laquelle gagne la bataille sanitaire ? 

En 2018, une étude britannique publiée dans la revue Orb Media révélait que l’eau embouteillée dans du plastique était bien souvent contaminée par des microparticules de cette même matière. 93 % des 250 échantillons analysés - de 11 marques différentes - contenaient des microplastiques, et ce dans des quantités “deux fois supérieures” à celles relevées dans l’eau du robinet. Si les auteurs n’ont en revanche pas analysé les effets de leurs résultats sur la santé humaine, un rapport de la FAO de 2017 avait conclu pour sa part que des microparticules de 20 microns (soit 0,02 millimètre) pouvaient pénétrer dans la circulation sanguine. Les débris retrouvés par les chercheurs britanniques mesuraient entre 100 et 6,5 microns. Soit assez pour pénétrer dans le corps, ont affirmé les auteurs.  

Dans l’Hexagone, une enquête menée par l’UFC-Que Choisir affirme pour sa part que près de 96 % des consommateurs peuvent boire de l’eau du robinet en toute sécurité. Particulièrement qualitative dans les villes “où quasiment aucune pollution n’est relevée” - grâce aux “coûteux traitements de dépollution que seules les collectivités peuvent financer” -, le problème se trouve plutôt dans les petites communes. L’enquête révèle en effet que quelque 2,8 millions de Français seraient confrontés à diverses pollutions : pesticides, nitrates, contaminations bactériennes, arsenic, plomb... Autant de résidus qui peuvent s’avérer nocifs à très faibles doses. En conclusion, l’association estime qu’il vaudrait mieux privilégier l’eau du robinet, plus écologique et moins chère que l’eau en bouteille. Toutefois, elle recommande de s’informer sur la qualité de l’eau potable de sa commune, notamment en se référant à la carte du ministère de la Santé qui répertorie les résultats des contrôles sanitaires.  

Peut-on éliminer le mauvais goût de l’eau du robinet  

Au-delà de l’aspect économique, écologique ou sanitaire, certains consommateurs sont gênés par le “goût” de certaines eaux du robinet. Cette gêne tient généralement au chlore, produit chimique utilisé pour rendre l’eau potable. Il permet d’éliminer les microbes, bactéries, virus ou autres germes susceptibles de véhiculer certaines maladies.  

Mais selon les quantités utilisées, ce chlore peut parfois laisser un arrière-goût désagréable. Pour l’atténuer, il est parfois conseillé de mettre l’eau en carafe ouverte et de la laisser une heure au réfrigérateur afin de favoriser le dégazage du chlore : en réalité, l'odeur de chlore va diminuer, seulement ses nuisances ne partiront pas, le goût et l'odeur resteront présents.

Et les carafes filtrantes ? Il s’en vendrait plus d’un million par an et selon l’Anses, la plupart de ces produits “respectent les normes en vigueur sur la diminution de l’odeur, de la saveur, des concentrations en chlore, en plomb et en cuivre”. Cependant, note l’Agence, elles peuvent aussi conduire au relargage de différents contaminants comme des ions en argent, du sodium, du potassium, de l’ammonium... En outre, certains modèles, utilisant des filtres à changer régulièrement, peuvent aussi s’avérer être de véritables nids à microbes. Certaines carafes sont ainsi équipées de filtres à charbon - à remplacer régulièrement, recommande l’UFC-Que Choisir. Enfin, il existe également des dispositifs visant à purifier l’eau : des perles en céramiques à mettre dans ses carafes, des outils à installer directement sur le robinet, ou encore, une bouteille en verre purifiante à l’aide de LED... 

En partenariat avec LaVie.

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