Boris Meton, Lucas Lefebvre et Nathan Labat, les 3 cofondateurs du site La Fourche
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La Fourche, ce supermarché en ligne qui affiche l'empreinte carbone de ses produits

Lafourche.fr est un supermarché en ligne et solidaire qui propose des produits bio à des prix cassés. Ce dernier affiche désormais l'empreinte carbone de ses produits. Entretien avec Lucas Lefebvre, co-fondateur du site internet. 

Quel est le fonctionnement du supermarché en ligne ?

Lafourche.fr est un magasin de produits bio qui fonctionne grâce à une communauté d'adhérents. Concrètement, chaque adhérent paye 59 € par an pour accéder au catalogue et se faire livrer autant de produits bio qu'il le souhaite partout en France et en Belgique. Grâce à la fidélité de cette communauté d'adhérents, nous pouvons diviser nos marges par quatre par rapport à un magasin classique et ainsi proposer des produits jusqu'à 50 % moins chers que ce que nous pouvons trouver dans le commerce. 

Pouvez-vous nous communiquer quelques chiffres clés à propos de votre entreprise ?

La Fourche a été créée en juillet 2018. Aujourd'hui, il y a environ 7 500 adhérents. En moyenne, nos clients économisent jusqu'à 250 € par an en faisant leurs courses sur notre site plutôt que dans un supermarché de proximité. Il y a environ 2 500 produits référencés nous avons calculé l'empreinte carbone de 1 500 produits alimentaires. 

Comment faites-vous pour que la promesse sur les économies des produits soient une réalité ? 

La promesse de 25 à 50 % moins cher par rapport aux prix que nous trouvons dans le commerce se fait par rapport à une moyenne. C'est-à-dire que, de temps en temps, vous pouvez trouver un produit qui est moins cher chez un concurrent, voire sur un site concurrent. Certains sites fonctionnent par promotion ou par produits d'appel. Par exemple, des concurrents savent que les couches pour bébés sont un produit d'appel très important pour faire venir les familles. Une fois que le consommateur a acheté ce produit, ce dernier va compléter son panier avec d'autres produits plus chers. De notre côté, notre positionnement, c'est de ne pas avoir de produits d'appel. Nous essayons d'appliquer cette logique de réduction sur l'ensemble des produits.

Par ailleurs, ce calcul a été fait par rapport à la moyenne des prix constatés en France, dans les magasins et sur internet. Or, sur la toile, les prix sont souvent moins chers et tirent donc la moyenne vers le bas. Nous sommes donc vraiment beaucoup moins chers par rapport à un magasin classique. Avec l'inscription annuelle, nous dépensons moins en marketing tandis qu'un site classique devra payer un réseau tel que Google ou Facebook pour attirer les consommateurs. Nos clients rentabilisent leurs abonnements et sont satisfaits, et par ce fait, ils reviennent d'eux-mêmes. Il y a également une logique de catalogue, c'est-a-dire qu'il est beaucoup moins rempli qu'un catalogue classique. Nous ne voudrons jamais référencer plus de 3 000 produits, ce qui nous permet de concentrer les achats et d'ainsi obtenir des prix plus intéressants. 

L'idée est de présenter un chiffre qui correspond vraiment à l'empreinte carbone du produit : c'est-à-dire la quantité de CO2 générée par la production du produit en question, pour la production de 100 g de ce produit.

Pouvez-vous nous présenter la lisibilité de l'empreinte carbone des produits que vous vendez ?

C'est un travail de plus d'un an et nous sommes les premiers à le faire en France donc nous en sommes assez fiers. L'idée est de présenter un chiffre qui correspond vraiment à l'empreinte carbone du produit : c'est-à-dire la quantité de CO2 générée par la production du produit en question, pour la production de 100 g de ce produit. Sur chacune des pages du site, vous allez voir un chiffre, par exemple : 263 g de carbone pour 100 g du produit concerné. Ce chiffre correspond vraiment à la quantité de CO2 générée par la production, la transformation, l'emballage, le stockage et le transport de tous les ingrédients constituant le produit en question. Cela nécessite une grande récolte de données sur les produits. Cette information reste peu lisible et intelligible pour le grand public car nous ne la voyons nulle part ailleurs. L'idée était donc de la rendre plus lisible et plus intelligible pour les consommateurs : c'est la raison pour laquelle nous avons accolé à côté de l'empreinte carbone une note climat qui a été développée par notre partenaire, Etiquettable. L'idée de cette note climat est de pouvoir comparer cette empreinte carbone à celles des produits habituellement consommés par les Français. Cette note va de A+ à E : si l'on voit un A+ à côté d'un produit, ce produit génère peu de CO2 et est bien noté. 

Quelle méthodologie est utilisée pour calculer cette empreinte ? 

Nous avons pris en compte tout le CO2 qui est généré par la production de l'ingrédient en question. Pour un produit, nous prenons en compte tous les ingrédients et ensuite, nous allons regarder la quantité de CO2 qui est générée par tel ou tel ingrédient. C'est un calcul validé par l'ADEME (ndlr : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) et qui est accessible à tout le monde. Ce dernier prend en compte le stockage : quel genre de stockage est-ce ? Stockage surgelé, sec, frais ? Nous prenons en compte le transport de tous les produits. Quelle est l'origine des produits ? Quelle est la totalité de kilomètres parcourus en camion, bateau ou encore avion ? Il y a aussi les étapes de transformation. Pour finir, nous prenons en compte la production de l'emballage. Evidemment, s'il s'agit d'un emballage plastique ou en verre, ce n'est pas la même quantité de CO2 qui est générée. 

Nous souhaitions leur donner une information pertinente pour qu'ils puissent, à travers les actes de consommation quotidiens, réduire leur impact carbone. 

Prenez-vous en compte le transport depuis votre entrepôt jusqu'au consommateur final, et notamment la partie "déchets", ou est-ce que tout cela est en dehors du calcul ?

Ce n'est pas quelque chose que nous prenons en compte. La livraison en e-commerce, en tout cas dans notre cas, de produits secs alimentaires, génère jusqu'à quatre fois moins de CO2 que si l'on achetait en magasin. 

La question du climat est un sujet qui cristallise toutes les attentions. Est-ce aussi en lien avec cette vigilance très partagée que vous avez pris cette initiative ? 

Absolument. Finalement, il y a toujours des injonctions à mieux faire et les consommateurs sont de plus en plus conscients de l'impact qu'ils ont sur l'environnement. Nous souhaitions leur donner une information pertinente pour qu'ils puissent, à travers leurs actes de consommation quotidiens, réduire leur impact carbone. 

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab, c'est par ici : 

 

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