En vert et contre tout lance le défi "février sans supermarché" en espérant générer une réflexion sur les modèles de grande distribution en place et les alternatives qui existent. ID en a discuté avec Laurie Debove, journaliste pour La relève et la peste, média partenaire et porteur de cette initiative en France.
Pouvez-vous nous présenter En vert et contre tout ?
Il s’agit d’un site internet, un média citoyen suisse. Ils sont à l’initiative de l'opération "février sans supermarché", lancée il y a trois ans. L’année dernière ce défi avait rassemblé 20 000 participants en Suisse et en France. Cette année la Belgique rejoint le mouvement.
Quel est l’objectif de cette opération ?
Elle permet aux participants de s’intéresser, à la fois à une échelle individuelle mais aussi collective grâce aux groupes Facebook, au modèle de consommation que nous soutenons. Elle vise à encourager le développement des commerces indépendants, à découvrir les épiceries de quartier et à dire aux grandes surfaces que l’on n’adhère pas à certaines pratiques telles que le suremballage, le kilomètre alimentaire qui bat des records, ou les politiques de prix par exemple.
Pourtant en grande surface les prix peuvent être plus accessibles, on y trouve de tout, il y a de plus en plus de bio… Qu’est-ce qui pose réellement problème avec ce modèle ?
Comme souvent le problème est la distribution des richesses. On dit que ces grandes surfaces créent de l’emploi mais finalement lorsque l’on regarde un peu les chiffres, on s’aperçoit que ce sont surtout aux actionnaires que les bénéfices sont reversés. L’autre problème est celui du suremballage. Faire ses courses chez des commerçants locaux et indépendants s’inscrit dans une démarche zéro-déchet. Cela permet de privilégier la vente en vrac et les circuits courts qui sont encore très peu mis en place dans le domaine de la grande distribution.
Ce n’est pas évident de changer ses habitudes, surtout quand on ne connaît pas les alternatives qui existent. C’est là tout l’intérêt de l’aspect participatif de la démarche."
On peut opposer un autre argument à ce type d’initiative : les contraintes de la vie quotidienne, de temps et d’argent ne facilitent pas ce changement d’habitude de consommation…
Chacun fait au mieux de ses possibilités. Il y a des personnes qui vivent dans des zones où il n’y a pas ou plus de petites épiceries de quartier. Ce n’est pas un défi qui se veut moralisateur ou pénalisant, bien au contraire, il s’agit d’inciter les gens à regarder leur réseau d’approvisionnement de manière différente, selon leurs capacités. Ce n’est pas évident de changer ses habitudes, surtout quand on ne connaît pas les alternatives qui existent. C’est là tout l’intérêt de l’aspect participatif de la démarche. Le but est d’échanger sur les bons plans, les prix, les avantages…
Comment résumeriez-vous la philosophie du projet ?
Il s’agit tout simplement de privilégier les circuits courts et durables, mais aussi de se questionner sur son acte d’achat : qu’est-ce que je mange ? D’où cela vient-il ? Comment cela a-t-il été produit ? Combien de kilomètres le produit a-t-il parcouru ? Qui vais-je rémunérer grâce à mon achat ?
Il y a parfois des petites pépites près de chez soi que l’on ne voit même pas non ?
Exactement. Il y a de nombreuses petites épiceries de quartier qui se mettent en place et ne demandent qu’à se faire connaître. Il y a également des producteurs qui font de la vente directement à la ferme et dans ces cas-là, cela marche souvent par le bouche-à-oreille. C’est ce genre de défi qui permet de mettre en avant ces producteurs et ces commerçants-là.
Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab cliquez ici.