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Energie : choisie ou subie, la sobriété fait son chemin en France

La consommation de gaz ou d'électricité a nettement baissé en France fin 2022, contribuant, avec une météo plutôt douce, à éloigner, au moins à court terme, le spectre de coupures de courant subies.

Une sobriété, répondant à l'appel lancé par la Première ministre Elisabeth Borne fin août, dont l'ampleur et les ressorts diffèrent, selon que l'on est particulier, chef d'entreprise, ou commerçant. Tour d'horizon :

Les baisses concernent - presque - tout le monde

"La baisse de la consommation concerne tous les secteurs : industriel, tertiaire et résidentiel", indique le gestionnaire des lignes électriques à haute et très haute tension RTE, dans son dernier baromètre publié le 27 décembre.

Même constat à GRTgaz, qui dresse un tableau de consommation à la baisse depuis le 1er août par rapport à la même période de 2018 (-10,8 %) en données corrigées du climat, aussi bien chez les industriels (-22,1 %) que pour les réseaux de distribution publique (-14 %), qui alimentent notamment les particuliers. Exception de taille, les centrales qui utilisent du gaz pour produire de l'électricité et compenser l'arrêt des nombreux réacteurs nucléaires en maintenance ou en réparation, ont augmenté leur consommation de gaz de 42 %.

Les particuliers, une sobriété volontaire difficile à mesurer

"Geste citoyen" salué par la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) Emmanuelle Wargon : Sur les quatre semaines terminées le 25 décembre, la consommation agrégée d'électricité dans le résidentiel et le tertiaire était "inférieure d'environ 6,5 % par rapport au niveau de 2021", selon RTE.

Ces chiffres "confirment la tendance observée depuis plusieurs semaines, et l'effet réel des actions de sobriété engagées par les particuliers et les entreprises", selon le gestionnaire. Pour Mme Wargon, les ménages "anticipent l'augmentation des tarifs réglementés, qui sera de 15 % en janvier pour le gaz et de 15 % en février pour l'électricité".

Le "bouclier" limitant à 4 % la hausse des tarifs de l'électricité en France en 2022 a "fait qu'en Europe, on est le pays où les citoyens ont subi les plus faibles augmentations", souligne Rémy Rousset, président fondateur de Lite, service en ligne qui aide les particuliers à réduire leur consommation énergétique. "On a quand même un phénomène d'anticipation sur l'augmentation des tarifs qui pousse les gens à faire plus attention à leur consommation", ajoute-t-il.

Les relations entre prix et consommation sur des besoins essentiels, sont relatives. Ce n'est pas parce qu'un prix monte de 15 % qu'on change complètement ses usages, et en plus, une baisse de consommation en anticipation d'une hausse, c'est plus spéculatif qu'autre chose."

Constat tempéré par François Carlier, délégué général de l'association de consommateurs CLCV, pour qui "les messages de communication, de pédagogie, et les explications ont permis de faire l'effort". Selon lui, "les relations entre prix et consommation sur des besoins essentiels, sont relatives. Ce n'est pas parce qu'un prix monte de 15 % qu'on change complètement ses usages, et en plus, une baisse de consommation en anticipation d'une hausse, c'est plus spéculatif qu'autre chose. On verra en janvier".

Dans la grande distribution, qui pèse la moitié de la consommation du tertiaire, la baisse s'est élevée à 6,3 % en novembre par rapport à novembre 2021, selon la fédération technique du secteur Perifem.

L'industrie, une baisse traditionnelle, amplifiée par la flambée des prix

"Il y un cumul de plusieurs phénomènes" pour expliquer la baisse de consommation d'énergie des industriels, tant pour le gaz (-22,1 % entre le 1er août et le 25 décembre par rapport à 2018) que pour l'électricité (-15,8 % sur le mois précédant Noël par rapport à 2021), explique Nicolas de Warren, président de l'Uniden.

Cette association représente 36 industriels énergo-intensifs, pesant plus de 70 % de l'énergie industrielle consommée en France, dans l'agroalimentaire, l'automobile, la chimie, le ciment, l'électronique, les métaux, le papier, le transport ou le verre. Si les industries énergivores ralentissent la cadence des usines en fin d'année pour réduire leurs stocks et ne pas dégrader leur bilan comptable, "ce phénomène est singulièrement amplifié aujourd'hui, en raison d'une part des dégradations de carnet de commandes pour le premier semestre", indique M. de Warren.

Autre élément plus spécifique, lié à la crise des prix de l'énergie, "pas mal d'entreprises procèdent depuis plusieurs mois à des approches marginalistes, qui consistent à devenir beaucoup plus sélectives sur leur carnet de commandes et à éliminer les ventes qui sont à perte ou les moins valorisées", ajoute M. de Warren. Ce type d'arbitrage n'est toutefois "pas soutenable sur le long terme", précise-t-il.

Avec AFP. 

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