Avec un pic de plus de 82 GW à 19h, la journée de lundi avait valeur de test. Mais tandis que la France grelotte, le signal de la plateforme d'alerte EcoWatt est resté vert lundi et le restera toute la semaine, a expliqué à l'AFP Jean-Paul Roubin, directeur exécutif clients et opération du système électrique de RTE.
Comment le système électrique a-t-il absorbé ce premier pic ?
Avec le retour sur le réseau de trois réacteurs en fin de semaine dernière, lundi le parc nucléaire a atteint un maximum d'environ 41 GW de capacité disponible (sur un total de 61,4 GW installés). Toute la puissance disponible des deux centrales à charbon de Cordemais et Saint-Avold restantes en France a été utilisée à hauteur de 1,8 GW, idem pour les centrales au gaz (9,5 GW) ainsi que pour les productions éolienne et photovoltaïque. Comme le vent s'est levé, la production éolienne a pu être portée en soirée à 5,5 GW (1,8 le matin), ce qui a contribué à couvrir plus largement la consommation à 19h, et à recourir à moins d'importations.
Tous les moyens à notre disposition ont été suffisants et nous n'avons pas eu à recourir aux mesures d'urgence."
Quel a été le rôle de nos voisins européens ?
Cette production disponible en France a été complétée par les importations : jusqu'à 7 GW à 9h et autour de 5,8 GW à 19h (en solde net), ce qui reste très loin des capacités maximales (entre 13 et 15 GW).
On a importé en net des pays frontaliers et une partie est repartie vers l'Angleterre au moment où elle a eu besoin d'électricité. Mais RTE a toutefois réduit de moitié ses exports vers le Royaume-Uni. Pour la troisième fois en 2022 (après les 20 et 25 juillet), on a activé entre 9h et 10h un mécanisme de contrats d'assistance mutuelle avec l'Italie, la Belgique et la Suisse pour obtenir 1,25 GW d'imports supplémentaires. Cet ensemble a permis de couvrir la consommation et d'avoir des marges suffisantes pour ne pas avoir à placer lundi en signal orange sur EcoWatt, ni aucune journée de la semaine. On a pu également bénéficier entre 8H30 et 10H30 de 0,7 GW d'"effacement" de consommation électrique auprès d'entreprises volontaires françaises qui participent à un mécanisme d'ajustement en temps réel, ce qui représente l'équivalent d'une unité de production de charbon.
Tous les moyens à notre disposition ont été suffisants et nous n'avons pas eu à recourir aux mesures d'urgence : l'interruptibilité (coupure volontaire des grands industriels), la baisse de tension et, le moyen ultime, signalé par une alerte rouge : le délestage.
Jusqu'à la fin de l'année, il n'y a pas de risque de signal orange ou rouge. Pour début janvier, il est beaucoup trop tôt pour savoir si on aura des signaux orange ou rouge car tout dépendra des conditions météos."
Et les prochaines semaines ?
On a surmonté dans de bonnes conditions la pointe la plus haute de cet hiver avec 2 GW de capacité de production disponible non engagée, on avait de la marge pour répondre à un aléa. Cette pointe se situait en-deçà du pic de 2022 (87 GW le 14 janvier). Jusqu'à la fin de l'année, il n'y a pas de risque de signal orange ou rouge. Les températures se radoucissent et l'activité économique va diminuer avec le début des vacances, la consommation va baisser. En outre, l'ensemble des gestes contribuent à la sécurisation du système électrique avec une baisse observée de la consommation d'électricité qui s'approche de 10 %.
Pour début janvier, il est beaucoup trop tôt pour savoir si on aura des signaux orange ou rouge car tout dépendra des conditions météos. Mais si la trajectoire de remontée du nucléaire se confirme, cela viendra sécuriser le mois de janvier.
Avec AFP.
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