Le Black Friday a de lourdes répercussions sur les consommateurs, mais aussi sur l’environnement. ID s’est entretenu avec la députée des Deux-Sèvres Delphine Batho qui porte l’amendement au projet de loi anti-gaspillage visant à interdire cette pratique commerciale. Cet amendement dénonce une vaste "opération à la gloire du consumérisme" impactant à la fois le consommateur et l’environnement : "Cette opération se base sur une communication et une publicité tapageuses valorisant le consumérisme avec des formes de pratiques commerciales assez agressives, notamment en direction des jeunes et dans laquelle les citoyens sont perdants dans deux dimensions, lance la députée. La première, c’est que cela induit un certain nombre d’achats complètements inutiles qui participent à la destruction de nos conditions de vie sur terre. La deuxième, c’est que la communication est basée sur l’idée que le consommateur bénéficie d’un avantage spectaculaire, exceptionnel, or ce n’est pas du tout le cas".
Cette opération se base sur une communication et une publicité tapageuses valorisant le consumérisme avec des formes de pratiques commerciales assez agressives - Delphine Batho pour ID
Le Black Friday contourne les règles
Le Black Friday, loué par certains comme étant une occasion de booster l’économie, s’avère ainsi être une vaste opération de communication ayant pour seul but de pousser à la consommation, selon la présidente de Génération Écologie. Le fait est, d'après cette dernière, que les procédés de publicité ne répondent pas aux règles applicables aux soldes par exemple. Ce serait aussi le cas pour les prix : plusieurs études ont mis en évidence que la marge de réduction était très faible, et même parfois inexistante. D’après Delphine Batho, "le Black Friday utilise les règles applicables aux promotions pour contourner la législation sur les soldes" : les produits sont mis en évidence avec des prix barrés, obligation imposée aux promotions, qui n’affichent pas le prix de vente réel avant réduction. De cette manière, les commerçants donnent l’impression d’appliquer des réductions "spectaculaires", estime Delphine Batho. Les prix barrés doivent, selon la loi, afficher les prix pratiqués au cours des trente jours précédents la promotion. "Ce sont des pratiques trompeuses : le caractère massif, national, coordonné de l’opération fait qu’on ne peut pas considérer que nous sommes dans le cadre classique de la promotion", souligne la députée.
le Black Friday utilise les règles applicables aux promotions pour contourner la législation sur les soldes - Delphine Batho pour ID
Si l'on se réfère au Code de la consommation, une pratique commerciale est trompeuse "lorsqu'elle repose sur des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur". L’amendement #StopBlackFriday, s’il est confirmé en séance, doit contrer cela : "Ces pratiques commerciales agressives sont interdites, le Code de la consommation prévoit des sanctions, rappelle la députée. Il prévoit aussi que tout contrat qui est conclu dans ce cadre est nul et non avenu".
"Un sentiment de frustration permanent"
Les consommateurs assaillis par des e-mails, textos et autres publicités ne sont pas forcément informés de ces abus. La députée insiste sur la nécessité de communiquer : "Je pense surtout qu’il faut leur donner les bonnes informations, parce que l’envers du décor du Black Friday, c’est une pollution absolument massive, l’achat de beaucoup de choses inutiles qui finissent dans des placards, jamais utilisées… Et cette soi-disant baisse des prix qui n’existe pas, c’est une opération basée sur un conditionnement par le biais de la publicité, pour faire croire au consommateur qu’il va bénéficier d’un avantage par rapport à son pouvoir d’achat". Si l’on considère la condition économique de la France et que l’on prend en compte les chiffres mettant en évidence la montée de la pauvreté, on ne peut pas ignorer l’impact de ce type d’opération sur la population. Delphine Batho estime qu’elles "induisent un sentiment de frustration permanent" et qu’"elles conduisent à acheter plus" ce qui peut aboutir à des situation financières dangereuses et "une vie à crédit".
L’envers du décor du Black Friday, c’est une pollution absolument massive - Delphine Batho pour ID
À l’heure où il est nécessaire de "consommer moins et mieux et à être attentif à ce que l’on achète", la députée insiste sur le fait que cette pratique commerciale pousse plutôt à "faire acheter sans trop se poser de questions". Cet avis est partagé par certaines entreprises qui refusent de participer au Black Friday et se rassemblent pour lutter ensemble. C’est le cas du collectif "Make Friday Green Again", qui réunit 450 marques. Des organisations et associations engagées dénoncent, elles aussi, ces usages, par le biais du contre-mouvement le "Block Friday" ou en proposant l’alternative du "Green Friday".
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