À ce jour, la plateforme compte 100 000 membres et 2 000 producteurs, répartis sur 100 points de distribution dans toute la France. Sa promesse ? Vendre à ses internautes des produits locaux, qui proviennent de moins de 200 km de chez eux. À la mi-mai, le réseau a ouvert le premier point de distribution de la capitale, à Poinçon, dans l’ancienne gare de la petite ceinture, au Sud du 14e arrondissement parisien. Rencontre avec Laurence Castang, responsable de ce nouveau point de distribution.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le locavorisme ?
C’est intéressant parce que le mot est justement entré dans le Petit Robert cette semaine et sa définition c’est "un mouvement qui vise à consommer des fruits et des légumes qui viennent de moins de 100 ou 200 km du lieu de consommation". Mais je trouve que c’est réducteur de ne parler que des fruits et des légumes, car on peut par exemple consommer du lait, du beurre et des yaourts partout en France qui viennent de moins de 200 km de chez nous. Le locavorisme c’est donc ça : consommer des choses qui ont été produites près du lieu de consommation. Par extension, je pourrai même dire que celui qui a un potager dans son jardin est un locavore.
Comment fonctionne le concept de Locavor.fr ?
C’est un supermarché en ligne, en circuit court, où tous les produits proposés viennent de moins de 250 km du lieu de consommation. Sur la plateforme, nous ouvrons une vente, les gens peuvent s’inscrire à l’avance et acheter en ligne des produits, jusqu’à une certaine date. Une fois cette date dépassée, la vente est fermée. Nous communiquons ensuite les quantités commandées auprès des producteurs et une fois par semaine, il y a une distribution des produits en question.
Quels types de produits proposez-vous ?
En termes de volume c’est beaucoup de fruits et légumes car ça répond aux attentes des gens qui cherchent des fruits et des légumes de saison, locaux, biologiques ou en agriculture raisonnée. Mais il y a aussi d'autres types de produits. En ce qui concerne le Locavor de Paris, il est assez récent donc il n’y a pas beaucoup de producteurs pour le moment. Nous avons surtout l’essentiel : un maraîcher bio et un maraîcher en cours de conversion bio niveau 2, un producteur d’herbes fraiches et sèches, nous avons également de la volaille, des produits transformés, un boulanger du 14e arrondissement, des produits laitiers qui proviennent de moins de 100 km de Paris, des confitures et du miel qui viennent également du 14e arrondissement. J’essaie de privilégier tout ce qui vient de l’arrondissement.
Comment ça marche du côté des producteurs ?
Ils s’inscrivent sur la plateforme, renseignent les produits disponibles à la vente en fonction de ce qu’ils ont, et ils fixent les prix : nous n’avons aucun regard sur les prix de vente. Il y a une commission qui est prélevée, d’une part pour le site de Locavor - de 7,5 % -, et de l'autre pour le géant du point de distribution - de 9 ou 11 % suivant si le producteur assiste à la distribution ou non. Nous essayons de faire en sorte que les producteurs soient là un maximum, mais sur Paris le réseau est organisé de sorte que le producteur 1 récupère les produits du producteur 2 qui est à 5 km de chez lui, pour les emmener et éviter d’autres trajets qui ne servent à rien. Ils ne sont donc pas toujours là.
Vous proposez essentiellement des produits issus de l’agriculture biologique ?
Nous proposons quelque chose qui a du sens, donc soit c’est certifié biologique, soit c’est transparent. Je n’ai pas que des produits biologiques dans mon Locavor, mais si ce n’est pas bio, c’est cultivé avec les mêmes principes et le même respect du produit, de la terre et de l’Homme. Mon maraîcher produit par exemple du bio depuis 15 ans déjà mais il n’avait jamais pris la certification. Il est en ce moment en conversion.
La plateforme permet également de réduire le gaspillage alimentaire. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour le maraîchage, par exemple, le producteur ne va récolter que ce qui a été commandé. Je vais ouvrir une vente demain et les gens vont pouvoir commander des produits jusqu’à lundi soir. Lundi, à minuit, la vente sera close. Mardi matin, le maraîcher va sortir sa liste de produits et cueillir seulement ce qu’il doit livrer. Donc en plus d’être des produits frais, il n’y a pas de gaspillage car il ne va pas, comme dans un maraîchage traditionnel, ramasser toutes ses fraises, essayer de les vendre et potentiellement en jeter à la poubelle parce qu’il ne les aura pas toutes vendues pour X raisons. Autre exemple : si ce même producteur livre à un magasin, au bout de deux ou trois jours les fruits et légumes qui n’auront pas encore été vendus seront peut-être abîmés et jetés. Ici, nous réduisons les intermédiaires et donc les éventuelles possibilités de gaspillage.