Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch.
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"Calendrier du vent" de Foodwatch : "il n'est pas légitime d'induire le consommateur en erreur avec du marketing"

Quotidiennement et durant tout le mois de décembre, les consommateurs français peuvent découvrir une nouvelle "arnaque sur l'étiquette" dans le "calendrier du vent" proposé par Foodwatch. ID a cherché à en savoir plus auprès de Camille Dorioz, responsable de campagnes au sein de l'association de consommateurs.

Quel est l'objectif  derrière ce "calendrier du vent" ?

C'est une campagne de "name and shame" baptisée "Arnaques sur l'étiquette", elle assez centrale chez Foodwatch, elle vise des produits qui induisent en erreur le consommateur par rapport au marketing mis en avant sur les emballages. On vend un peu du vent et c'est ce que l'on dénonce dans ce calendrier. L'objectif, en plus d'obtenir ou des changements de recettes ou des changements de marketing de la part des industriels, est d'obtenir une règlementation appliquée correctement au niveau européen, et de dire : "On arrête d'induire les consommateurs en erreur sur les étiquetages et l'on fait quelque chose de strict et de lisible pour le consommateur". 

Que trouve-t-on concrètement dans ce calendrier ?

On y retrouve 24 produits différents, un par jour comme tout calendrier de l'Avent, à découvrir sur le site de Foodwatch. Ce sont des produits d'hiver ou de Noël avec différentes arnaques. Par exemple, le 1er décembre, il s'agissait d'un miel de la "Famille Vacher" qui donnait l'impression d'être un miel français alors que c'est un miel du Chili : ce sont les consommateurs qui nous l'ont fait remarquer plusieurs fois. Nous avons eu un échange au téléphone avec M. Vacher, qui a été très constructif. Il a décidé de changer son étiquetage à la suite de notre publication et a promis un affichage plus transparent. 

Nous avons beaucoup d'exemple d'évolutions grâce à notre campagne, comme les yaourts "Danonino" avec des fruits dessinés dessus alors qu'il n'y avait pas de fruits dedans : ils ont changé la recette pour mettre des fruits à l'intérieur, mais aussi par exemple les yaourts de "Yoplait" qui contenaient de la gélatine, qu'ils ont enlevée depuis, car il n'était pas précisé que le produit contenait un ingrédient d'origine animale.

Quelle est votre méthode pour identifier, vérifier et qualifier ce qu'on pourrait qualifier d'"abus" ?

J'utiliserais plutôt le mot "arnaque", parce que tout cela est légal. Mais nous considérons qu'il n'est pas légitime d'induire le consommateur en erreur avec du marketing. D'abord, nous avons une communauté de plus de 250 000 personnes à travers toute la France, qui nous envoient des produits avec lesquels ils se sont sentis induits en erreur. Nous en recevons plus d'une dizaine par semaine. Pour ces produits, nous vérifions que l'arnaque sur l'étiquette est vraiment évidente pour tout le monde. Avec les équipes de Foodwatch, nous allons par ailleurs dans les rayons et nous regardons les produits. 

Comment souhaitez-vous faire évoluer votre démarche ? Parce qu'il ne s'agit pas seulement de dénoncer ?

Nous ne sommes pas du tout uniquement dans une démarche de dénonciation, nous prévenons toujours les entreprises lorsque nous publions les arnaques sur l'étiquette et nous ouvrons le dialogue avec celles-ci pour voir si elles ont des choses à nous expliquer et s'il y a la possibilité d'une évolution. L'idée est de faire pression sur les marques pour obtenir du changement, pour que l'étiquetage et la recette changent. Nous avons beaucoup d'exemple d'évolutions qui ont eu lieu grâce à notre campagne, comme les yaourts "Danonino" avec des fruits dessinés dessus alors qu'il n'y avait pas de fruits dedans : ils ont changé la recette pour mettre des fruits à l'intérieur, mais aussi par exemple les yaourts de "Yoplait" qui contenaient de la gélatine, qu'ils ont enlevée depuis, car il n'était pas précisé que le produit contenait un ingrédient d'origine animale. Nous obtenons des victoires mais comme je le disais, nous souhaitons que la réglementation européenne évolue pour que nous n'ayons plus à refaire ce genre de campagnes.

Vous avez des solutions accessibles dans la "vraie vie", qui ne demandent pas un engagement trop important, pour que les consommateurs s'y retrouvent ? 

Le premier conseil que je peux donner aux consommateurs est de rejoindre notre communauté pour apprendre à voir ces arnaques sur l'étiquette. Non, nous ne pouvons pas passer 50 minutes derrière chaque produit en magasin, mais il faudrait de temps en temps en prendre un dans son panier et le regarder de plus près, et ainsi de suite.

Foodwatch, en actions et en chiffres, cela donne quoi ?

Nous sommes une association 100 % indépendante, née en Allemagne et présente aux Pays-Bas et en France depuis plus de cinq ans. Nous fonctionnons uniquement par le don. Au-delà du "name and shame", nous travaillons sur d'autres projets : par exemple, nous faisons des tests en laboratoire sur des laits en poudre pour bébés, nous travaillons au niveau politique pour faire changer les règlementations... Nous essayons d'utiliser tous les leviers d'action. 

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Tout le monde est toujours content et enthousiaste avec ce type d'actions, et profite des informations que vous livrez. Mais entre le fait de profiter de vos services et de vous soutenir, il y a souvent un monde. Comment vous soutenir concrètement et garantir votre indépendance ?

Nous demandons, pour les gens qui le peuvent, de nous soutenir financièrement. Et tout simplement, tous les gens inscrits à notre newsletter ou qui signent nos pétitions montrent combien nous pesons. Ce sont différentes manières de nous soutenir. Nous sommes actuellement une petite équipe de six professionnels, avec des salaires à payer etc.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab, c'est par ici :

 

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