Eliette Orenes est bénévole depuis la création de VRAC. Séduite par le concept, elle est aussi cliente parce qu'elle apprécie la possibilité d'acheter des produits en petites quantités.
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Aide alimentaire : une association rend le bio accessible aux plus précaires

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Grâce aux groupements d'achat auprès de producteurs, l'association VRAC amène l'offre alimentaire bio et locale dans les quartiers populaires. Zoom sur cette initiative qui connaît un succès croissant.

En France, le nombre de personnes ayant eu recours à l'aide alimentaire entre 2008 et 2018 a doublé, avoisinant les 5 millions de personnes. Aujourd'hui, les banques alimentaires reposent sur les invendus et les dons de la grande distribution, permettant une défiscalisation de 60 %. 

L'association d'aide alimentaire VRAC (Vers un réseau d'achat en commun) organise des groupements d'achats et de distribution où chacun est acteur de son alimentation, saine et durable.

Le bio et local à prix coûtant, en bas des immeubles 

Présents dans 18 villes de France, les salariés de VRAC aidés par des bénévoles s'installent une fois par mois en bas des immeubles et des logements sociaux des quartiers prioritaires de la ville. Une table prêtée par un habitant, des pelles, une machine à café pour patienter, les adhérents ramènent leurs contenants pour récupérer leur commande. Grâce aux groupements d'achat, VRAC propose à ses adhérents des produits de qualité à prix coûtant, sans faire de marge. Pour le moment, l'association d'aide alimentaire distribue uniquement des produits secs, bio, en vrac et non transformés. Locaux dans la mesure du possible.

En parallèle, l'association développe des actions de sensibilisation. VRAC espère ainsi "rendre l'achat de produits alimentaires responsables systématique", explique Camille Dacomo, organisatrice des groupements d'achats de VRAC à Bordeaux. 

En 2022, 71 % des Français interrogés par l'Agence Bio considère que le bio reste encore trop cher. Une affirmation que ne dément pas Camille Dacomo :

Les produits bio sont encore stigmatisés parce que 'produits pour riches'."

Par ces ateliers de sensibilisation, l'association explique aux adhérents la raison des prix plus élevés qu'en grande distribution : meilleure qualité nutritionnelle et sanitaire, juste rémunération des producteurs. L'association dispense par exemple des ateliers de cuisine pour valoriser le savoir-faire des habitants "qui ont des pratiques culinaires culturelles innées, souvent à partir de produits bruts". 

Nadia Tellis, habitante des Minguettes est une fidèle cliente et bénévole de VRAC depuis son lancement à Vénissieux. Pour elle, il n'y a pas de comparaison possible entre les produits du rayon bio du Casino à ceux proposés par l'association.
©Elodie Horn

"À VRAC, on remet en question l'aide alimentaire, pas son existence"

Les distributions de l'association directement dans les quartiers populaires offrent aux résidents une alternative aux banques alimentaires traditionnelles. En 2019, un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) critiquait la qualité nutritionnelle des produits de l'aide alimentaire, allant à l'encontre des recommandations pour une alimentation saine. Les populations précaires sont celles qui en bénéficient le plus mais sont aussi les plus touchées par le diabète ou l'obésité. "À VRAC, on remet en question l'aide alimentaire, pas son existence."

Reconnaissant la nécessité d'un soutien à l'alimentation, alors que plus de 10 millions de personnes sont en situation de précarité alimentaire, VRAC veille à une transition digne et durable de l'alimentation solidaire. À la fois dans les produits et la prise en compte de la survie des producteurs.

Au-delà de la faible qualité nutritionnelle de l'aide alimentaire classique, récupérer les invendus de la grande distribution impacte aussi la dignité des bénéficiaires. Ajoutée à cela la présentation de justificatifs des revenus, aussi stigmatisante, selon Camille Dacomo. "Le fait que ce soit du tout-gratuit ou du don impacte le sentiment d'appartenance à la société chez les plus précaires."

Un catalogue de produits encore imparfait

Malgré le succès croissant du système VRAC, l'association est encore freinée par une structure organisationnelle trop restreinte. L'association ne propose que des produits secs. À titre d'exemple, à Bordeaux l'association vend des produits frais uniquement dans son épicerie Maison Popotte, ouverte trois jours par semaine. Une offre encore limitée. Vrac Bordeaux reconnaît l'implication de la ville qui lui a donné les capacités financières durant le Covid-19 de vendre des produits frais aussi lors des distributions. Pour Camille Dacomo, "la demande était énorme, on savait dès le départ qu'il fallait tendre à ça". Autre obstacle : les filières locales ne supportent pas encore la production de pâtes et de riz. L'association doit donc faire appel à un grossiste du bio.

Même si elle se heurte encore à quelques limites, l'association de distribution solidaire se fraie un chemin parmi les banques alimentaires traditionnelles. En 2021, VRAC reçoit l'habilitation de pourvoyeur d'aide alimentaire, la seule pour le moment qui ne repose pas sur la défiscalisation de dons de supermarchés. Les épiceries sociales représentent toutefois 20 % de l'aide alimentaire en France selon l'Insee.

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