La France compte 36 millions de pratiquants sportifs.
© Varun Kulkarni/Pixabay
Climat

Le sport, menacé par le réchauffement climatique

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Canicules, accélération de la fonte des neiges et des glaciers, sécheresse, inondations...les effets du réchauffement climatiques impactent aujourd’hui le monde du sport. Alors que la France compte 36 millions de pratiquants sportifs, la mise en place de mesures d’adaptation devient un enjeu majeur.  

Comme d’autres secteurs, le monde du sport n’est pas épargné par le réchauffement climatique. Pistes de ski en manque de neige, pelouses grillées, clubs de voile inondés...plusieurs impacts sont déjà perceptibles. "De manière générale, beaucoup de sports subissent les effets du changement climatique, soit pour le site de pratique, soit pour le pratiquant", observe Maël Besson, expert en transition écologique du sport et ancien responsable sport du WWF France. Si des conséquences sont déjà palpables, elles risquent de s’intensifier dans les années à venir. La hausse des températures et l’augmentation des vagues de chaleur constituent les principales menaces.

Selon un rapport du WWF, publié en juillet 2019, la fréquence des canicules devrait doubler d’ici à 2050. "Dans un scénario de réchauffement climatique à +2°C (soit 1 degré de plus par rapport à aujourd’hui), il faudra nous attendre à, en moyenne, 9 jours supplémentaires par an enregistrant des températures qui dépasseront les 32°C en France et donc pour lesquels la pratique sportive sera déconseillée. Dans le sud de la France, ce chiffre pourra s’élever jusqu’à 24 jours supplémentaires”, relève l’étude. Dans un scénario à +4°C, ce chiffre pourrait tripler pour s’élever jusqu’à 66 jours supplémentaires pour lesquels la pratique ne sera pas recommandée. 

L’augmentation du thermomètre, première menace 

"La hausse des températures est déjà un vrai sujet pour beaucoup de disciplines”, alerte Maël Besson. Déshydratation, coups de chaleur...la santé des sportifs, amateurs comme professionnels, peut être mise à rude épreuve en cas de fortes chaleurs.

Quand il fait plus de 30°C, il faut mettre en place certaines actions. Il faut par exemple boire beaucoup avant et après l’effort, environ un demi-litre d’eau par demi-heure", conseille Eric Laboute, médecin chef coordinateur du Centre de rééducation du sportif (CERS), à Capbreton (Landes). 

L’augmentation du thermomètre impacte aussi les équipements et les sites. Lorsque la température dépasse les 32°C pendant plusieurs jours, les pelouses des stades peuvent souffrir de sécheresse ce qui compromet la tenue de compétitions ou d’entraînements. Si les activités en extérieure sont particulièrement exposées, l’exercice d’un sport dans une salle de sport pourrait également à l’avenir être réduite. “Les équipements sportifs datent majoritairement d’avant l’an 2000 et n’ont pas toujours été construits avec des matériaux garantissant une bonne isolation et adaptés à de fortes températures”, note le rapport du WWF. 

Au-delà de l’inconfort lié à la chaleur, la hausse des températures peut provoquer des incendies dans certaines régions. "Dans le sud de la France, nous avons des périodes entières où l’on ne peut pas accéder aux sites naturels afin de limiter le risque d’incendie. La pratique du VTT n'est donc par exemple pas possible”, commente l'expert en transition écologique du sport, Maël Besson. 

Le ski et les sports nautiques compromis 

Les 250 stations de ski de sports d’hiver que compte l’Hexagone, ne sont pas non plus épargnées par les fortes chaleurs qui ont notamment des conséquences sur la quantité et la qualité d’enneigement.

Aujourd’hui, on sait que dans les Alpes à une altitude de 1500 m en moyenne : une hausse des température globales à 2°C par rapport aux niveaux préindustriel correspond à une réduction de 30 % de l’épaisseur moyenne du manteau neigeux en hiver", souligne le WWF.  

Le réchauffement climatique amplifie et accentue également certains phénomènes naturels, comme le recul du trait de côte. A cause de l’élévation du niveau de la mer, liée à la fonte des glaces et au réchauffement des océans, la France a déjà perdu 30 kilomètres carrés de surface terrestre en cinquante ans. Selon le Giec, le niveau de la mer pourrait encore s’élever jusqu’à un mètre dans un monde à +4°C ce qui menace de submersion marine certaines zones côtières.

Les infrastructures s’y trouvant seront principalement touchées. "Dans un monde à +2°C, un club de voile sur sept situés sur le littoral, serait menacé par la hausse du niveau de la mer. En France, cela représenterait environ 80 clubs", fait savoir le rapport du WWF. Dans un scénario à +4°C, la relocalisation de presque un quart des clubs situés sur les littoraux français (soit 131 clubs sur 576) serait nécessaire. 

Une nécessaire adaptation 

Face à ces différents effets, le monde du sport tente de s’adapter. "Le sport a tout intérêt à devenir le premier défenseur du climat pour sa propre pérennité”, appuie Maël Besson. A titre d’exemple, plusieurs clubs de football utilisent déjà des systèmes de récupération d’eau de pluie pour leurs pelouses. Le rugby a également modifié ses règles. La Ligue Nationale a décidé de mettre en place des pauses hydratation pour ses joueurs lors d'événements estivaux.

On ne peut toutefois pas parler de plans d’adaptation globaux. Ce sont des mesures qui sont prises lors de phénomènes ponctuels comme des coups de chaud", nuance Maël Besson.  

Par ailleurs, l’adaptation n’est pas toujours bien pensée. Si l’installation d’un système de climatisation peut être une solution sur le court terme, notamment pour les salles de sport, son utilisation peut se révéler particulièrement néfaste pour l’environnement sur le long terme. Selon l’ADEME, la climatisation est aujourd’hui responsable de près de 5 % des émissions d’équivalent CO2 du secteur du bâtiment.

Autre exemple de "maladaptation" : le recours à de la neige artificielle qui a notamment fait polémique lors des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, en février 2022. Au total, plus de 300 canons à neige, pulvérisant un mélange d’eau et d’air, avaient recouvert les pistes de ski pour les compétitions. En France, cette technique commence à se généraliser. Selon le WWF, 32 % de la surface des pistes des stations françaises est équipée pour produire de la neige de culture. Un chiffre en constante augmentation.  

En plus d’épuiser les ressources en eau et d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre, l'enneigement artificiel participe à l’érosion de la biodiversité en modifiant notamment la composition des sols. Pour éviter ces mauvaises pratiques, le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques doit dévoiler en octobre prochain un “plan d’adaptation des pratiques sportives au changement climatique”. 

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