"Ça montre qu'il y a une dynamique qui est enclenchée", s'est félicité le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur France Bleu, en dévoilant les chiffres.
Sur l'ensemble de 2023, les gaz à effet de serre émis par l'activité humaine s'étaient déjà repliés de 5,8 % par rapport à l'année précédente, avec au total l'équivalent de 373 millions de tonnes de dioxyde de carbone (Mt CO2e) rejetés dans l'atmosphère, avait annoncé fin mai le Citepa, l'organisme en charge de dresser le bilan carbone de la France.
"Le deuxième élément positif dans tout ça, c'est que tous les secteurs baissent : l'énergie grâce à l'augmentation de la production de l'hydroélectricité et grâce au nucléaire, mais également les transports qui étaient le domaine dans lequel on avait le plus de mal" a ajouté M. Béchu.
Des chiffres provisoires
"C'est la preuve qu'une partie des mesures qu'on a prises fonctionne" a souligné le ministre à quelques jours du premier tour des élections législatives.
Selon un communiqué de son ministère, sur les mois de janvier, février et mars 2024, la France a émis au total 101 Mt CO2e, soit une baisse de -5,3 % par rapport au premier trimestre 2023. Sur douze mois glissants, la baisse atteint 5,5 %, précise le Citepa dans son bilan trimestriel.
Ces chiffres provisoires ne sont que des émissions brutes, ne prenant pas en compte l'absorption de CO2 par les forêts et les sols, principaux puits de carbone dont la qualité se détériore en raison des effets déjà visibles du réchauffement de la planète et des activités humaines.
L'énergie, principal levier pour la décarbonation
Les émissions comptabilisées incluent les activités sur le territoire national, mais pas celles liées aux importations ni au transport international, qui rajoutent en général 60 % à l'empreinte carbone totale, selon le Haut Conseil pour le climat.
Dans le détail par secteurs, c'est l'énergie qui participe le plus à la décarbonation, "avec un recul des émissions de 16,8 %", en raison du recours au nucléaire (+13 %) ou à l'hydraulique (+48 %) pour générer de l'électricité, selon le ministère.
Les bâtiments (-7,1 %) et l'industrie (-5,6 %) s'inscrivent également en recul, portés d'une part par la baisse des émissions du chauffage (-7,8 %) en raison "d'un trimestre au global plus doux que l'an passé et de la poursuite des comportements de sobriété", et d'autre part par les efforts de secteurs comme l'agroalimentaire (-9,3 %) ou la construction (-7,6 %).
Les transports, premier secteur émetteur, restent sur une baisse moindre (-3 %), mais conforme à celle de l'an dernier, du même ordre de grandeur pour le transport routier (grâce au déclin du diesel) et le transport aérien français. Les émissions liées au transport international, pas comptabilisées dans le total de ce bilan, restent elles en hausse de 8,2 %. L'agriculture n'est pas mentionnée.
Des reculs conjoncturels, d'après les ONG
Beaucoup d'ONG environnementales pointent toutefois du doigt depuis des mois le fait que ces reculs pourraient n'être que conjoncturels, dus notamment à des hivers plus doux et au ralentissement économique.
Le Haut Conseil pour le climat a cependant estimé que jusqu'à deux tiers de la baisse des émissions de l'an dernier pouvaient être attribués à la politique publique climatique.
La France, qui doit s'aligner sur l'objectif européen de -55 % d'émissions d'ici 2030 par rapport à 1990 et qui ambitionne la neutralité carbone en 2050, avait échoué à respecter son premier budget carbone (2015-2018) et avait revu ses ambitions à la baisse en 2019.
Le bilan de la 2e Stratégie nationale bas carbone (SNBC) devrait être dressé en 2025. Mais selon le ministère, d'après les données provisoires pour 2023, le budget carbone pour 2019-2023 en brut devrait être respecté avec une marge de 100 Mt CO2e sur la période.
Mais en net, c'est-à-dire en prenant en compte la contribution des puits de carbone, les objectifs pourraient toutefois être plus difficiles à atteindre.
La 3e SNBC, annoncée il y a quelques mois comme "imminente", se fait toujours attendre, suspendue aux résultats des élections législatives.
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Avec AFP.