Biomitech reproduit le principe de photosynthèse avec son arbre Biourban, développé au Mexique.
©Biomitech
Biodiversité

Que valent les arbres à algues par rapport aux arbres naturels ?

Les arbres artificiels à carbone se développent ces dernières années en France, en Espagne et au Mexique. Leur fonctionnement, comparable aux arbres naturels, permet de capter beaucoup plus de CO2. Seulement, si elles sont efficaces en zones polluées, ces technologies ne sont pas vouées à se substituer aux bois classiques.

"Il fonctionne comme un arbre !" :  c’est ainsi que Franck Schenaerts, CEO de la compagnie Biomitech, résume à ID l'activité du Biourban. L’arbre à carbone artificiel, produit phare de la société, est développé en 2016 par le chercheur mexicain Jaime Ferrer. Testé dans des axes pollués des villes mexicaines de Puebla et de Mexico, il est ensuite repris par l'entreprise française.

Biomitech n’est pas la seule à construire des arbres à carbone. En janvier dernier, la société espagnole Bromalgae installe son arbre à microalgues GarbiAir à Bayonne, après avoir lancé un premier prototype à Barakaldo puis à Bilbao, en Espagne. En 2019, la compagnie haut-garonnaise Kyanos implante le même concept à Toulouse.

Un arbre surpuissant pour les zones polluées

Plus précisément, ces arbres à carbone reproduisent le principe de photosynthèse, en remplaçant le tronc par des tubes de bioréacteurs et les racines et les feuilles par des micro-algues. La société Bromalgae précise à ID que des pompes aspirent l’air, puis les algues, qui vivent dans des bacs, s’en nourrissent. "Celles-ci captent la lumière et le CO2 et les transforment en biomasse et en oxygène", ajoute Franck Schenaerts de Biomitech. 

Comme les autres initiatives de ce type, l’avantage du Biourban réside dans sa force de frappe. Haut de plus de quatre mètres avec une emprise au sol de six mètres carrés, il capte 1800 cubes d’air par heure, donc environ cinq à six tonnes de CO2 (dioxyde de carbone). "Cela correspond aux capacités de 130 à 140 chênes", affirme Franck Schenaerts. 

Cette accélération du processus est surtout utile dans les zones très polluées, qui condensent plus de CO2 dans l’air. C’est pourquoi ce type de projet est voué à être installé en ville, proche d’autoroutes ou de ronds-points qui concentrent beaucoup de trafic routier.

Les limites d'un tel fonctionnement

Ces initiatives ont fait l’objet de critiques, accusées de répandre l'idée que la solution au dérèglement climatique résiderait uniquement dans la technologie. Penser ces arbres comme remplacement aux arbres naturels pourrait mener à une déculpabilisation de pratiques nocives comme la déforestation.

Or, les arbres à carbone n’aspirent pas à remplacer mais à venir en complément des arbres naturels. "Le Biourban est prévu pour les zones urbaines polluées où il est compliqué de planter des arbres", précise le CEO de Biomitech. Il en va de même pour le GarbiAir pensé comme un "mobilier des villes, là où il n'y a pas assez d'espace pour planter beaucoup d'arbres".

Enfin, les avantages des arbres à micro-algues peuvent être mis en parallèle avec la pollution résultant de la construction, le transport et l’entretien de ce type de projet. Si Franck Schenaerts ne peut pas l’estimer, il affirme limiter l’impact lié à la construction du Biourban : "nous utilisons au maximum des matériaux recyclés, et nous réfléchissons à une construction en bois", déclare-t-il.

En revanche, il reconnaît que les pompes électroniques qui brassent l’air ne peuvent pas, pour l’instant, être remplacées par une option moins polluante. Quant au GarbiAir de Bromalgae, sa construction et son transport sont également pensés pour limiter l'impact écologique. De plus, il voit ses algues "recyclées pour fertiliser les espaces verts environnants".

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