En Amazonie brésilienne, de jeunes entreprises passent des contrats juteux avec des géants comme Google, Microsoft ou l'écurie de F1 McLaren, pour planter des arbres. 
Michael Dantas /AFP
Biodiversité

Pourquoi le narcotrafic menace les oiseaux migrateurs d’Amérique centrale ?

Le 12 juin, la revue scientifique Nature Substainability a publié une étude, soulevant que les trafiquants de cocaïne représentent une menace pour les oiseaux d’Amérique centrale.

30 % des forêts d'Amérique centrale, qui abritent de nombreuses espèces d'oiseaux, ont été défrichées pour des activités illégales liées au narcotrafic. C’est ce que révèle une étude publiée le 12 juin dans la revue Nature Substainability. Les chercheurs expliquent que "la culture de plantes illicites, la construction de pistes d'atterrissage clandestines, et la création de routes pour faciliter le transport de la drogue sont les principales causes de cette déforestation."

Ces activités menacent les espèces qui passent l’hiver en Amérique centrale, avant de partir pour l’Amérique du Nord. Parmi les oiseaux qui subissent les conséquences de ce trafic, on retrouve le Quetzal resplendissant et la Harpie féroce, qui sont tous deux classés comme menacés par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La perte de leur habitat réduit leurs chances de survie, de reproduction et de maintien de populations viables, selon les auteurs de l’étude. 

20 % de déforestation supplémentaires dans les zones de lutte contre le trafic

"On estime que plus de 300 millions d’individus parmi les oiseaux migrateurs, et parmi 65 espèces différentes, pourraient être en danger, alerte sur FranceInter la principale autrice de l’étude, Amanda Rodewald. Et il est probable que la situation s’aggrave, puisque la production de cocaïne a augmenté dans la dernière décennie."

Et au-delà de ce trafic, les efforts menés pour le combattre ont, eux aussi, des conséquences sur la biodiversité. L'étude révèle que "les opérations militaires visant à détruire les plantations de drogue et à arrêter les trafiquants peuvent entraîner le déplacement de ces activités vers des zones encore non touchées, provoquant ainsi une nouvelle vague de déforestation." Les régions où les opérations d'éradication sont les plus intensives ont enregistré une augmentation de 20 % de la déforestation par rapport aux zones sans intervention.

Quelles solutions ?

Pour lutter contre cette déforestation et préserver les oiseaux, les scientifiques recommandent la création de zones protégées. L’objectif serait d’établir des réserves naturelles dans les zones les plus touchées par le trafic, mais également dans les états les plus critiques pour la biodiversité. Autre suggestion : les collaborations entre agences de conservation et forces de l’ordre, afin de minimiser les impacts environnementaux, tout en s'attaquant efficacement au trafic de drogue​. 

Les communautés locales pourraient également être sollicitées. Les experts proposent qu’elles s’impliquent dans les efforts de conservation et de lutte contre le trafic de drogue, afin d’assurer une meilleure surveillance ainsi qu’une gestion durable des ressources naturelles.