Le renard roux fait partie des espèces jugées nuisibles en France.
©Erik_Karits/pixabay.com
Biodiversité

Chasse : la régulation de certaines espèces serait inutile, selon les experts

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité a publié il y a quelques mois un rapport critiquant la classification de certaines espèces comme nuisibles. Selon les experts réunis, la chasse de la belette, du renard et du geai n'est pas nécessairement bénéfique à l'environnement.

La chasse au renard, à la belette ou au geai est-elle réellement utile à la biodiversité ? Non, selon la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Le 26 septembre dernier, elle a publié un rapport dénonçant fermement la régulation de certaines espèces dites nuisibles en France.

Le débat sur la chasse en France existe depuis de nombreuses années. Les détracteurs jugent cette pratique cruelle et inutile, voire dangereuse. Ils dénoncent un effet néfaste sur l’environnement. À l’inverse, les partisans de la chasse affirment que cette pratique aide à préserver les écosystèmes en régulant la prolifération de certaines espèces.

Selon le comité d’experts scientifiques et sociétaux de la FRB, il n'est pas prouvé que cette régulation soit bénéfique. Le rapport, publié en partenariat avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), demande aux départements de revoir le statut du renard, du geai et de la belette. La chasse de ces trois animaux dépend aujourd’hui des départements et des préfets, suite à un arrêté du ministère de la Transition écologique.

La régulation de ces espèces considérée inutile voire néfaste

Le principal reproche du rapport concerne le manque de fondement scientifique en l’état actuel des choses. En effet, les dégâts causés par ces animaux sont uniquement présumés, mais aucune donnée scientifique, ou presque, ne les vérifie ou ne les contrôle. Selon la FRB, les rares contrôles effectués par le passé concluent que les dépenses causées par ces "prélèvements" (au sens de mise à mort par la chasse) sont supérieures aux économies réalisées grâce à eux.

Les experts soulignent également qu’il n’y a pas de preuve du lien entre chasse et diminution du nombre d’individus d’une espèce dans une région donnée. Ils expliquent que la régulation d’une espèce se compense par l’arrivée de nouveaux individus de cette espèce, ou par une plus longue longévité de ceux-ci, étant alors moins en compétition pour les ressources naturelles

En revanche, la FRB alerte sur le potentiel danger d’une diminution du nombre d’animaux concernés. En effet, elle rappelle que chaque espèce est bénéfique à la biodiversité, elle-même indispensable à la survie humaine. Le rapport cite l’exemple du renard roux qui participe à la nitrification des sols et consomme des espèces qui dégradent les cultivations. En ce qui concerne le geai, on reconnaît ses capacités à disperser les graines et les fruits.

Une vision anthropocentrée qui évolue

Le rapport de la FRB comprend également un aspect sociologique. En effet, la régulation des espèces par la chasse telle qu’elle est mise en place aujourd’hui est accusée d’être anthropocentrée. Ce terme philosophique met l’espèce humaine au centre de l’univers et voit la réalité à travers une perception humaine uniquement. L’humain est donc considéré comme plus important que toutes les autres espèces. 

Or, cette manière de penser est souvent remise en question par le mouvement écologiste. Par exemple, le documentaire Dominion de Chris Delforce, sorti en 2018, critique la domination de l’espèce humaine sur le reste des animaux, notamment ceux qu’elle consomme ou utilise pour la mode ou les spectacles.

À ce sujet, le rapport remarque que le terme "nuisible" est remplacé depuis 2016 par "susceptible d’occasionner des dégâts", saluant un pas dans la bonne direction. Enfin, la Fondation rappelle que l’humain est la première espèce participant aux dégradations de la biodiversité et des écosystèmes.

 

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