Réalisée auprès de 1000 personnes, une étude menée par l’Ifop pour le collectif Stop ZFE fin avril révèle une nette opposition à la mise en place des ZFE dans les agglomérations et villes françaises. Interrogés sur leur position, une majorité de Français (63%) déclarent ne pas être favorables, 22 % le sont et 15 % n'ont pas d'opinion.
Stop ZFE est un collectif composé de cinq associations opposées à cette mise en place : la Ligue de défense des conducteurs (LDC), la Fédération française des motards en colère (FFMC), le mouvement des #Gueux lancé par l’auteur Alexandre Jardin, l’Union Intersyndicale des Entreprises Foraines de France et la Fédération des Associations de Commerçants et Artisans de Paris (FACAP).
Dans une première partie de cette étude, deux réponses sont proposées : « Vous y êtes favorable car c’est une bonne solution pour lutter contre la pollution dans les villes et agglomérations », et « Vous n’y êtes pas favorable car les ZFE empêchent de très nombreuses personnes, notamment issues de catégories modestes, d’accéder aux agglomérations et villes ».
La population la plus modeste s’y oppose moins
Le sondage met en avant, par ces propositions de réponses, que ne pas vouloir exclure les personnes issues de catégories modestes des villes est un argument pour être défavorable aux ZFE.
Toutefois, les personnes les moins en désaccord avec ces ZFE seraient les plus personnes issues des catégories les plus pauvres, même si l'opposition reste forte dans toutes les catégories de revenu.
En effet, le taux de désaccord le plus bas est observé chez les personnes issues de catégories pauvres (54 %), qui ont également le taux le plus élevé de personnes sans opinion (27 %), et les catégories modestes sont quant à elles à 63 % non favorables, assez proche des employés et ouvriers (65 %).
Par comparaison, la catégorie aisée de la population (avec un revenu supérieur à 2500 € par mois) est à 70 % en désaccord avec cette mesure, et les artisans, commerçants et dirigeants d'entreprise sont en désaccord à 72 %.
Une question de valeurs politiques ?
On observe également un taux plus élevé de désaccord avec cette mesure chez les personnes se déclarant de droite (75 % non favorables), notamment les personnes se sentant proche politiquement des mouvements Les Républicains et Reconquête/RN (tous les deux à 77 %). Les électeurs d'Éric Zemmour en 2022 sont quant à eux les plus opposés, à 87 %.
En contraste, les personnes se déclarant de gauche sont davantage favorables aux ZFE, du fait qu’elles soient une bonne solution pour lutter contre la pollution dans les villes et agglomérations. Ces dernières répondent à 35 % y être favorables, notamment celles qui se sentent proche politiquement de la France Insoumise (43 %) et du parti Les Écologistes (61 %).
L’écart d’âge fait la différence
L’adhésion, bien que minoritaire, à cette idée, se trouve aussi davantage chez les jeunes de 18-24 ans (35 % favorables), et les diplômés supérieurs (37 %).
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À l’inverse, les personnes sans diplômes ou avec le brevet des collèges ou de primaire adhèrent à 13 % à cette idée. Parallèlement, les retraités y sont eux opposés à 76 %, avec les personnes âgées de 65 ans et plus (80% en désaccord).
Une majorité écrasante souhaite la suspension des ZFE
Au-delà de l'adhésion à leur principe, les Français ont été interrogés sur la suite à donner à l'application des ZFE afin de réduire la pollution.
Le choix était entre "Poursuivre l’application des ZFE jusqu’à ce que seuls les véhicules électriques puissent circuler" et "Suspendre l'application des ZFE et laisser le parc de véhicules se renouveler naturellement".
Sur cette question, une très large majorité de Français (78 %) se prononce en faveur de la suspension des ZFE et seuls 22 % souhaitent poursuivre leur application.
Ce souhait de suspension est partagé par une large majorité dans presque toutes les catégories de population. Même parmi les catégories où le soutien aux ZFE est le plus élevé (jeunes, diplômés du supérieur et sympathisants écologistes) la réponse sur la suspension reste majoritaire.
Quel avenir pour ces ZFE ?
Alors qu’un vote solennel était officiellement prévu ce mardi 6 mai à l’Assemblée nationale, l’examen du projet de loi simplification dans lequel figure la potentielle suppression des ZFE a été interrompu pour la deuxième fois mercredi 30 avril.
Le ministre MoDem des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, avait fait savoir que l’exécutif espérait une adoption du texte « au moins à la fin du mois » de mai, dans une interview donnée au Figaro. Le gouvernement souhaite conserver ces ZFE au moins à Paris et Lyon, mais des députés veulent leur suppression pure et simple.