Ecologie: quand la droite tente de faire rimer LR avec vert

"Halte à la caricature": souvent dénigrés pour leurs positions contraires aux politiques environnementales et sous pression de leurs jeunes qui font du changement climatique une priorité, Les Républicains ont engagé lundi leur propre et difficile transition écologique, en voulant offrir une "alternative" de droite aux Verts.

Un buffet de produits en circuit court et bioresponsables, un éclairage aux teintes majoritairement vertes et le libre-échange "ensauvagé" mis au pilori: LR s'est approprié sans complexe des thèmes chers aux défenseurs de l'environnement lundi soir lors de sa première "nuit de l'écologie".

Devant plus de 200 personnes réunies au Parc des exposition à Paris, avec en toile de fond la Tour Eiffel qui scintillait, Les Républicains ont d'abord revendiqué leur passé écolo, en invoquant Jacques Chirac et sa célèbre déclaration : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs".

Confessant que l'écologie "n'est pas dans sa zone de confort", reconnaissant qu'elle ne reprendra pas les grandes villes perdues en 2020 "sans discours environnemental", consciente surtout que les jeunes du parti exigent une plus grande part d'écologie dans ses discours, la droite a esquissé pendant plus de trois heures les contours de ce qu'elle présente comme une "écologie du possible".

Au programme, le message alarmiste du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) porté par son coprésident Robert Vautard, qui a prévenu d'entrée de jeu que "les politiques mises en oeuvre actuellement dans le monde sont très largement insuffisantes" pour atteindre les objectifs des Accords de Paris.

Un "cadre global qui n'est ni de gauche ni de droite", a enchaîné l'expert du climat Jean-Marc Jancovici, lui aussi invité, n'hésitant pas à réduire devant un public de militants et d'élus le "climatoscepticisme" à une "expression du désarroi".

Un "dérèglement climatique qui nous menace", a reconnu le président du parti Eric Ciotti, sortant dans son discours de son triptyque habituel sécurité-immigration-impôts.

- Le retour de la droite "écolo" -

Tout au long de la soirée, LR s'est ainsi évertué à démontrer que l'écologie ne lui était pas étrangère, en voulant pour preuve les mesures prises par ses élus sur le terrain.

Huit d'entre eux se sont succédé à la tribune pour parler notamment de pistes cyclables en Ile-de-France, de la plantation d'un million d'arbres en Alsace d'ici à 2030 ou encore de la gestion de la forêt en Haute-Marne.

"Il faut être fiers de ce que font nos élus sur le terrain", a proclamé le président des sénateurs LR Bruno Retailleau, appelant la droite à "s'approprier" et à "revendiquer" des idées qui lui sont pourtant "familières" comme "la transmission de patrimoine".

Avouant que la droite a eu beaucoup de mal à "intégrer l'écologie dans son discours général", il a appelé ses militants à "assumer la différence par rapport à la "gauche écologiste".

Des Verts dépeints tour à tour comme des "fous furieux", de "vrais rouges repeints en vert" ou encore de "totalitaristes".

Les "technocrates déconnectés" n'ont pas échappé non plus aux foudres de la droite, M. Ciotti les rendant responsables d'une "écologie punitive qui ne sert pas la cause qu'elle prétend défendre".

Une écologie "des acronymes", aux yeux du numéro 1 de LR, citant comme exemple le dispositif du ZAN (zéro artificialisation nette) qui vise à stopper la bétonisation des sols d'ici à 2050 et dont Laurent Wauquiez, candidat potentiel de la droite à l'Elysée en 2027, a récemment annoncé la sortie de sa région Auvergne-Rhône-Alpes, alimentant les critiques du gouvernement et des écologistes.

Pour définir les grandes lignes de cette "écologie de droite", le patron de LR a essentiellement énuméré des mesures déjà connues des militants, dont le soutien vigoureux à l'énergie nucléaire.

Il a plaidé pour une taxe carbone aux frontières de l'UE, ainsi que pour la création d'un fonds souverain pour financer la transition écologique.

Un discours qui a marqué "le retour" de la droite sur les questions écologiques, comme l'a souligné en conclusion Yann Wehrling, président du parti centriste d'Ecologie positive.

Un positionnement politique défendu notamment par l'ancienne ministre Corinne Lepage, mais qui ne s'est pas encore traduit par une percée au sein de la droite.