Beaucoup de jeunes ont appris à tricoter au contact de leurs aînés
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Vie quotidienne

Le tricot, cette pratique écologique qui revient à la mode chez les jeunes 

Depuis le confinement, le tricot a su trouver et garder sa place auprès des jeunes. Au contact de leurs aînés, ils le pratiquent pour son aspect responsable et original. Afin de mieux comprendre cet engouement, ID a interrogé un influenceur tricot.

La pratique du tricot redevient tendance en France. Jimmy Tricotin est influenceur tricot depuis plusieurs années. Il raconte à ID l’intérêt croissant suscité par cette pratique responsable chez les moins de 35 ans.

Un retour aux sources dû au confinement

"Moi, j’ai vu une bascule depuis le COVID", révèle l’influenceur à la communauté Instagram de 12 000 abonnés. Avant le confinement, il s’agissait majoritairement de seniors, mais aujourd’hui, 45 % d’entre eux sont âgés de 18 à 35 ans.

Le tricot fait en effet partie de ces pratiques DIY (de l’anglais Do It Yourself ou à faire soi-même) qui ont gagné en popularité au printemps 2020. Qui ne connaît pas quelqu’un qui a cousu son masque FFP, cuisiné son pain, fabriqué ses bijoux ou sa crème de soin pendant son confinement ? L'Obosco (Observatoire Société et Consommation) publie d’ailleurs à l’époque une étude indiquant que 30% des Français ont consacré plus de temps à la confection et réparation d’objets.

Les jeunes vivaient avec leurs parents et grands-parents, et c’est à leur contact qu’ils se sont mis à tricoter.

Pourquoi un regain à cette période ? Jimmy l’explique par la fuite des grandes villes au profit des résidences familiales : "les jeunes vivaient avec leurs parents et grands-parents, et c’est à leur contact qu’ils se sont mis à tricoter". Une transmission intergénérationnelle qui a permis aux familles de se reconnecter, selon lui. Il se souvient d’une mère qui l’a remercié car "depuis que sa fille s’était mise au tricot, elle n’utilisait plus son téléphone lors de longs trajets en voiture".

En revanche, Jimmy Tricotin s’étonne que la popularité du tricot chez les jeunes ait continué, alors qu’il pensait ce mouvement passager. "Ces jeunes aspirent à ralentir. Ils s’installent devant la télé, mais aiment s’occuper les mains en même temps", analyse le jeune homme. Il se rend compte que les jeunes tricoteurs sont aussi plus décomplexés par cette pratique que leurs aînés et osent sortir leurs aiguilles en public.

Depuis, Jimmy a repensé sa manière de travailler : "je fais des vidéos moins scolaires, plus dynamiques, davantage dans les codes des réseaux sociaux", s’enthousiasme-t-il. Les jeunes lui demandent des modèles moins compliqués, car ils disposent de moins de temps et d’expérience. Seulement, plus facile ne veut pas dire basique : les pièces en tricot attirent par leurs aspects unique et personnalisé.

Une approche écologique du tricot

Ces nouveaux férus du tricot sont donc désireux de concilier mode et environnement. "Ils me disent qu’ils aiment être dans la tendance avec une belle pièce qu’ils vont pouvoir ressortir tous les ans" confie Jimmy Tricotin, qui remarque que leur engouement pour le tricot va de pair avec celui pour la consommation responsable. Selon lui, les jeunes ne souhaitent plus acheter en masse et jeter.

Les questions de l’impact écologique et du Made in France sont d’ailleurs une priorité dans leur pratique du tricot. "Les premières questions que l’on me pose portent là-dessus : l’origine des produits, des colorants, la recherche du fil en chanvre plutôt que de l’acrylique…", souligne l’influenceur. Il s’étonne même que les jeunes préfèrent investir dans du matériel durable plutôt que dans des outils plus économiques. 

En cela aussi, Jimmy a dû modifier ses pratiques : "avant, je me posais moins ces questions. Aujourd’hui, je suis obligé d’aller chercher l’info". Il est même admiratif de ses jeunes abonnés qui n’hésitent pas à aller au bout de leurs convictions, en fabriquant jusqu’à leurs propres sacs de tricot.

Il est vrai que la consommation responsable gagne du terrain en France depuis quelques années. Alors qu’un T-shirt en coton a une empreinte carbone moyenne de 6,8 kg de CO₂ selon l’Ademe, les solutions alternatives émergent dans la mode, comme la seconde main, les vêtements recyclés, mais aussi le DIY.