Pourtant, à l’heure où nous avons un besoin vital de souveraineté alimentaire, de biodiversité, d’eau potable et de sols vivants, la transition agroécologique est plus que jamais une nécessité.
Et pourtant, le bio traverse aujourd’hui une crise sans précédent. Après des années d’essor, la consommation s’essouffle, les filières peinent à tenir et les producteurs engagés en bio sont trop souvent laissés seuls face à des défis économiques immenses. L’Agence Bio est passée proche de disparaître il y a peu, et la nouvelle mouture de la Loi d'Orientation Agricole présage également d'une régression en termes de promotion de pratiques agricoles plus vertueuses. Certains pointent du doigt un effet de mode qui se dissipe. La vraie question n’est pas de savoir si le bio survivra, mais comment nous allons collectivement lui donner les moyens de se renforcer, de se structurer et d’accueillir une nouvelle génération d’agriculteurs engagés.
En effet, les impacts des produits phytosanitaires sur l’eau et les nappes phréatiques, sur les écosystèmes et la biodiversité ou sur notre santé ne sont plus à démontrer.
Le problème, c’est que la majorité de ces terres ne sont pas reprises par des jeunes en installation. Le foncier est trop cher, les prêts sont difficiles à obtenir, et l’accès à la terre reste un parcours du combattant."
Une opportunité historique : la transmission des fermes
Plus d’un agriculteur sur deux partira à la retraite d’ici dix ans**. C’est une onde de choc pour notre modèle agricole, mais aussi une opportunité : celle d’installer massivement de nouveaux paysans et paysannes sur des fermes à taille humaine, en agriculture biologique et régénérative.
Le problème, c’est que la majorité de ces terres ne sont pas reprises par des jeunes en installation. Le foncier est trop cher, les prêts sont difficiles à obtenir, et l’accès à la terre reste un parcours du combattant. Résultat : pas assez de conversions ni d’installations quand on compare aux objectifs que l’état s’était fixé d’augmentation des surfaces bio (21% à horizon 2030 - on est un peu au-dessus de 10% aujourd’hui).
Financer et accompagner la relève en bio
L’installation nécessite des financements importants pour le foncier agricole, pour le matériel et l’équipement : on parle de plusieurs centaines de milliers d’euros et selon les activités parfois plus d’un million d’euros. Elle nécessite également un soutien technique et un accompagnement stratégique où de nombreuses structures peuvent avoir un rôle à jouer (ADEAR, CIVAM, chambres d’agriculture…). Enfin elle nécessite aussi une réflexion sur les formations et la transmission du savoir pour que ces modèles deviennent plus communs.
Il est donc critique de flécher plus largement les financements qu’ils soient publics (via la PLOA ou la Politique Agricole Commune en particulier) ou privés (via les banques, les foncières citoyennes ou les solutions de crowdfunding) vers l’installation en Bio. C’est nécessaire, à la fois pour rendre ces installations possibles mais également pour que ces installations perdurent dans le temps !
Un choix de société
Défendre le bio, ce n’est pas juste une question de consommation, c’est un choix de société avec un impact positif sur les écosystèmes, la biodiversité, l’eau que nous buvons et notre santé. C’est s’assurer que les jeunes qui veulent produire autrement ne soient pas freinés par des barrières économiques absurdes.
Aujourd’hui, nous appelons les citoyens, les pouvoirs publics et les entreprises à rejoindre ce combat. Car il ne suffit pas de constater la crise du bio : il faut agir pour assurer la transmission des fermes en agroécologie. Il en va de notre responsabilité collective !
*source insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7728861?sommaire=7728903
**source Insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806717
Par Simon Bestel et Vincent Kraus, cofondateurs FEVE (Fermes En ViE), foncière solidaire spécialiste du financement et de l'accompagnement de reprise de fermes en agroécologie