Vendredi 17 janvier, lors de l'examen au Sénat de la mission budgétaire dédiée à l'agriculture, les sénateurs ont voté la suppression des crédits alloués à l'Agence BIO. Cette proposition, qui prévoit de transférer ses missions à d'autres structures comme FranceAgriMer ou au ministère de l'Agriculture, a été jugée "pertinente" par la ministre Annie Genevard. "En ces périodes de difficulté budgétaire, personne ne peut être contre l'idée de rationaliser la dépense publique", a-t-elle ajouté.
Si le sort de l'Agence BIO n'est pas encore scellé, la prochaine étape interviendra le 23 janvier, lorsque le Sénat se prononcera sur l'ensemble du projet de loi de finances 2025, avant son examen en commission mixte paritaire. C'est à ce moment-là que son avenir sera véritablement déterminé.
Qualifiant cette décision de "non-sens", l'Agence BIO entend quant à elle se défendre d’ici là. Pour ID, son président, Jean Verdier, prend la parole :
Un amendement a été adopté au Sénat pour supprimer l’Agence BIO. Pouvez-vous nous donner les informations dont vous disposez à ce sujet ?
Nous avons appris cette décision par voie de presse. À aucun moment, les entités qui composent l’Agence BIO n’ont été consultées par le Sénat. Cette décision est tombée de manière inattendue, et nous en avons été profondément surpris. D’autant que, sur le plan économique, l’Agence BIO est très efficiente.
À l’heure actuelle, nous ne comprenons pas pourquoi nous avons été ciblés. Même au sein de la famille politique ayant porté cet amendement, certains disent que cela n’a pas de sens.
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Quelles seraient les conséquences concrètes de la disparition de l’Agence BIO ?
L’un des atouts majeurs de l’Agence BIO est son unicité. Elle permet de transmettre un message commun, issu d’un consensus entre les entités qui la composent et le conseil d’administration.
Même si notre périmètre est encore plus large, nous jouons un rôle clé dans trois missions principales : l’Observatoire du marché, qui collecte des données sur la production agricole, les comportements des consommateurs et les différentes filières ; la communication, avec des messages pédagogiques adaptés pour encourager les consommateurs et les acteurs économiques à soutenir l’agriculture biologique ; et le fonds Avenir BIO, qui permet de répondre aux besoins spécifiques de l’agriculture biologique.
Nous avons pris l’initiative d’organiser une rencontre avec le gouvernement, et un rendez-vous est programmé.
Quelles sont vos prochaines actions pour empêcher cette suppression ? Comment comptez-vous faire entendre votre voix ?
Nous avons pris l’initiative d’organiser une rencontre avec le gouvernement, et un rendez-vous est programmé. Nous sensibilisons aussi les décideurs, qu’il s’agisse de députés, de sénateurs ou d’élus locaux.
Nous avons également un message fort à adresser au monde agricole. Aujourd’hui, 30 % des nouveaux candidats à la reprise d’exploitations souhaitent travailler en bio. Il y a une vraie demande de la part des jeunes agriculteurs, en phase avec les valeurs de l’agriculture biologique. Supprimer l’Agence BIO reviendrait à ignorer cette dynamique et risquer de décourager ces futurs acteurs essentiels du secteur.