L'utilisation de plantes pour traiter les eaux usées gagne du terrain en France.
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Tendances

Phytoépuration : quand les plantes permettent de filtrer et traiter les eaux usées

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La phytoépuration, ou le traitement des eaux usées grâce aux plantes, se développe progressivement en France. Au-delà d'être économique, cette alternative se veut plus naturelle et écologique que les stations d’épuration traditionnelles. Eclairage. 

Méconnu, l’assainissement des eaux usées par les plantes gagne du terrain en France. Loin d’être nouvelle, cette méthode séduit aujourd’hui certains particuliers mais aussi des communes et des entreprises en raison de ses bénéfices écologiques. 

Contrairement aux stations d’épuration classiques, qui ont recours à des produits chimiques pour le traitement des eaux usées, un système de phytoépuration s’appuie uniquement sur la capacité des plantes, et plus particulièrement des bactéries présentes sur certaines d’entre elles – tels que les roseaux, à filtrer puis dégrader les polluants des eaux domestiques, pluviales ou encore industrielles. Ce procédé permet ainsi de favoriser la biodiversité locale mais aussi de générer moins de boues par rapport aux stations d’épuration.

Réduire l’impact des boues 

Considérées comme des déchets, au sens des dispositions législatives du code de l’environnement, celles-ci peuvent toutefois être valorisées en agriculture. Selon Eau de France, 73 % sont aujourd’hui réutilisées à des fins agricoles "pour l’épandage et la fertilisation des sols, direct ou sous forme de compost".  

Celles qui ne sont pas exploitables sont, quant à elles, stockées ou incinérées, afin de "ne pas transmettre à la faune des agents pathogènes et mettre en danger des espèces". 

A l’heure de la multiplication de cas de contamination de l’eau par les Pfas (polluants éternels), l’épandage des eaux usées après traitement dans l’agriculture pose toutefois de plus en plus en question. 

En avril dernier, le gouvernement a lancé un plan interministériel afin de répondre aux enjeux sanitaires et environnementaux sur ces substances chimiques persistantes. L’une des mesures vise notamment à renforcer les dispositifs de surveillance des émissions. Les stations d’épuration sont citées comme de potentielles sources. "Un programme de contrôle des émissions de PFAS dans les eaux usées traitées des stations d’épuration urbaines sera mis en place en 2024 pour les stations de traitement des eaux usées de plus de 10 000 équivalents habitants (environ 1 300 installations)", précise le gouvernement.

Limiter les émissions de gaz à effet de serre 

Au-delà de la production de boues polluées, les stations d’épuration sont aussi responsables d’émissions de gaz à effet de serre. Pour fonctionner, elles ont notamment besoin d’importantes quantités d’énergie ce qui n’est pas sans conséquence sur leur empreinte carbone. En 2017, le traitement des déchets, par stockage ou incinération, ainsi que le traitement des eaux usées représentaient 3 % du total des émissions de CO2 de la France, d’après le Commissariat au développement durable

A cet égard, la phytoépuration offre une alternative intéressante. Les plantes utilisées absorbent le CO2 et permettent ainsi de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Plus écologique, cette méthode reste toutefois limitée dans son application. Si elle convient pour les habitations individuelles ou les petites collectivités, exposées à de faibles taux de pollution, elle est plus difficile à adapter à grande échelle.

Dans des zones où les volumes d’eau à traiter sont plus importants, et les polluants plus variés et complexes - à l'image de ceux présents dans les eaux industrielles, les stations d'épuration présentent plus d'avantages. Afin de répondre aux enjeux sanitaires et environnementaux actuels et futurs, leur modernisation devient toutefois pressante.