Avec 21,39 GW de puissance installée à fin juin 2023, la France se classe au quatrième rang européen des pays producteurs d’énergie éolienne, comptabilisant 2 030 installations réparties sur l’ensemble du territoire. Un développement qui bénéficie d’un soutien populaire, puisque 73 % des Français déclarent avoir "une bonne image de l’énergie éolienne", selon un sondage de l’ADEME.
Mais si cette source d’énergie renouvelable séduit, elle reste tributaire de contraintes techniques. Une éolienne classique nécessite une vitesse de vent minimale de 15 km/h pour fonctionner, ce qui limite son déploiement dans les environnements urbains, où les vents sont souvent plus faibles.
Une innovation pensée pour les villes
Face à ces limites, les chercheurs de l’entreprise de conception par intelligence artificielle EvoPhase et les experts en fabrication métallique de Kwik Fab Ltd ont mis au point une innovation majeure : le Birmingham Blade, la première éolienne urbaine conçue grâce à l’intelligence artificielle.
L’objectif ? Développer une solution adaptée aux milieux urbains, où les vents sont généralement trop faibles pour alimenter des éoliennes classiques. Et Birmingham illustre bien ce défi, avec des vents moyens de seulement 3,6 mètres par seconde, bien en deçà des 15 mètres par seconde nécessaires aux modèles traditionnels.
Utiliser l’intelligence artificielle était essentiel pour se détacher des schémas traditionnels qui influencent la conception des éoliennes depuis un siècle.
"Nous avions besoin d’une éolienne capable de capter les faibles vitesses de vent de Birmingham tout en gérant les turbulences causées par les bâtiments environnants", explique Leonard Nicusan, directeur technologique d’EvoPhase. "Le design devait aussi être compact et léger pour s’adapter aux installations sur les toits."
Une efficacité décuplée grâce à l’IA
Concrètement, le Birmingham Blade se distingue par ses pales incurvées tournant autour d’un axe central. Cette conception innovante lui permettrait d’être jusqu’à sept fois plus efficace que les éoliennes classiques installées à Birmingham.
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Selon Leonard Nicusan, l’IA a joué un rôle clé dans cette avancée technologique : "Utiliser l’intelligence artificielle était essentiel pour se détacher des schémas traditionnels qui influencent la conception des éoliennes depuis un siècle. L’IA nous a permis d’explorer des configurations inédites, bien au-delà de ce que les méthodes classiques auraient pu nous offrir."
Une première version du Birmingham Blade a déjà été fabriquée pour démontrer la faisabilité du concept. Un prototype en aluminium sera bientôt installé sur un toit de Birmingham pour des tests en conditions réelles. Si ces essais sont concluants, la commercialisation du modèle final est prévue pour fin 2025.
Vers une adaptation mondiale ?
Forte de cette avancée, l’équipe EvoPhase–Kwik Fab ne compte pas s’arrêter là. Un nouveau modèle spécialement conçu pour s’adapter aux conditions de vent très différentes d’Édimbourg est déjà en cours de développement.
Paul Jarvis, de Kwik Fab, est certain que son équipe a les compétences et les moyens pour produire rapidement des éoliennes adaptées à chaque région du monde. "Nous pouvons concevoir, fabriquer et livrer un prototype en quelques semaines. Nous souhaitons travailler avec des organisations prêtes à exploiter pleinement l’énergie éolienne, une ressource durable, gratuite et présente dans tous les pays." Alors, cette solution fleurira-t-elle prochainement sur les toits hexagonaux ? Affaire à suivre.