Près de 60 000 oiseaux tués chaque année en France par les éoliennes. Ce constat alarmant est tiré d’une étude de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) de 2017 qui estime qu’en moyenne chaque éolienne est responsable de la mort de sept oiseaux par an. Parmi les espèces impactées, les oiseaux migrateurs sont les plus représentés. Et 75% des espèces retrouvées mortes sont protégées.
En termes d’impact, tous les parcs éoliens ne se valent pas. Ceux implantés près des zones protégées, comme les zones Natura 2000, sont les plus meurtriers. Mais pour Geoffroy Marx, responsable du Programme Energies Renouvelables et Biodiversité à la LPO, même dans les parcs les moins problématiques "une faible mortalité peut tout de même se traduire par un impact important sur une population fragile". Même constat pour Olivier Duriez et Aurélien Besnard, chercheurs au laboratoire d’écologie fonctionnelle Cefe de Montpellier, qui expliquent à Reporterre qu’à raison de deux adultes tués chaque année pour une population d’à peine cinquante individus, les aigles royaux pourraient disparaître d’ici vingt ans.
Des détecteurs souvent inefficaces
Des raisons évolutives expliqueraient cette difficulté des volatiles à percevoir et à éviter les éoliennes. Habitués à voler dans des espaces aériens sans obstacles, leur vision latérale a été favorisée au détriment de la vision frontale. Mais il existe des solutions pour tenter de préserver les oiseaux.
Les constructeurs ont notamment l’obligation d’installer des caméras ou des radars qui, lorsqu’ils détectent des oiseaux, déclenchent un bruit strident ou ralentissent les pales. Mais pour Olivier Duriez, l’efficacité de ce système est très relative : "les détecteurs d’oiseaux supposés ralentir les pales à l’approche d’un animal volant le détectent à 200 m, alors qu’un rapace doit être détecté à 900 m, sinon le temps de ralentissement de l’éolienne sera bien trop lent comparé à sa vitesse de vol". Et la vision des oiseaux pourrait aussi les empêcher de bien distinguer les pales qui tournent trop lentement.
Des solutions de prévention innovantes
Une autre solution consiste à peindre les éoliennes pour les rendre plus détectables. Une étude du Norwegian Institute for Nature Research de Trondheim, publiée en 2020, a relevé une diminution de 70% du nombre de décès d’oiseaux lorsque les éoliennes étaient partiellement peintes en noir.
Pour aller plus loin : "Tout savoir sur l'alimentation bio"
Les populations de chauves-souris sont également vulnérables face aux éoliennes, en particulier lorsque le vent est faible mais que les pales tournent. L’Agence de la transition écologique (Ademe) préconise, dans ce cas de figure peu rentable pour les exploitants, d’arrêter complètement les éoliennes. Une mesure qui pourrait aussi bénéficier aux oiseaux. Selon l’agence, environ un quart des parcs ont suivi cette recommandation.
Une étude américaine plus récente, publiée en décembre 2023, apporte toutefois de la nuance quant à l’impact négatif des éoliennes sur l’avifaune. Selon les chercheurs, cet impact serait négligeable comparé à celui des forages pétroliers et gaziers.