C’est une découverte pour le moins surprenante qu’ont fait des chercheurs de l’université Northwestern, dans l’Illinois (Etats-Unis). Dans une étude publiée le 3 octobre dans la revue Environmental Science and Technology, ces scientifiques expliquent qu’ils ont réussi à examiner comment la bactérie Comamonas testosteroni, que l’on retrouve fréquemment dans les eaux usées, parvient à manger et digérer le PET (polytéréphthalate d’éthylène), - polymère présent notamment dans les emballages alimentaires et les fibres textiles.
Publié le 4 octobre dernier, un article du Washington Post, relayé par Libération, indique que "les auteurs ont découvert que la bactérie commence par décomposer physiquement le plastique en petits morceaux", qu’ensuite "elle libère des enzymes – des composants cellulaires qui accélèrent les réactions chimiques – pour décomposer chimiquement le plastique en une source de nourriture riche en carbone, appelée téréphtalate".
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Une solution prometteuse mais pas miracle
Si cette découverte laisse entrevoir de nouvelles possibilités pour lutter contre la pollution plastique, elle n’est pas non plus sans limites. "Pour que ces bactéries deviennent des outils efficaces, il faut encore optimiser leur capacité à décomposer les polluants plus rapidement", pointe le Washington post qui ajoute que ce processus nécessite pour le moment plusieurs mois.
Pour accélérer le rythme, l’une des solutions consisterait à favoriser la croissance des bactéries "en leur fournissant une source alimentaire supplémentaire, comme l’acétate", souligne le média américain.
Les travaux de ces chercheurs illustrent la complexité de se débarrasser des déchets plastiques – toujours plus nombreux, notamment dans les océans. D’après l’ONU, on compte en moyenne 11 millions de tonnes de déchets supplémentaires chaque année dans les eaux du monde entier, soit l’équivalent d’un camion-poubelle déversé toutes les minutes.
"Réduire à la source"
Une pollution particulièrement néfaste pour la biodiversité marine. "Des zooplanctons aux baleines, ces plastiques sont ingérés et contiennent un biofilm sur lequel des bactéries se développent. En les avalant, les animaux souffrent de malnutrition et n’arrivent plus à se nourrir", explique Jean-François Ghiglione, chercheur au CNRS en écotoxicologie microbienne marine, dans le guide Idées Pratiques "Comment vivre presque sans plastique ?", publié en 2022.
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Afin de réduire ces impacts, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander aux industriels de mener des efforts pour harmoniser les formules qui composent les différents plastiques mais aussi développer des alternatives durables aux emballages classiques.
De son côté, le gouvernement tente par ailleurs de pousser les consommateurs à trier mieux et limiter les achats emballés. En France, depuis 2020, la loi Agec, relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, interdit progressivement la vente de certains produits dans les supermarchés : sacs plastiques, couverts, pailles ou encore confettis.
Cette réglementation prévoit également l’équipement d’un filtre à microfibres plastiques pour toutes les machines à laver neuves en 2025, et l’interdiction des microplastiques dans les produits cosmétiques en 2026.