"L’épicentre de la désinformation". Voilà comment est présenté X dans le manifeste d’HelloQuitteX. La plateforme est portée par David Chavalarias, mathématicien au CNRS. Son objectif : pousser les utilisateurs du réseau social controversé à le quitter.
"Changer de convention au niveau mondial est un événement majeur. Par définition, personne ne peut le faire seul. Quand les Suédois ont décidé de changer de sens de circulation en 1967, tout le monde a changé de sens le même jour, le Dagen H, avec l’accompagnement des autorités", peut-on lire sur le site Internet du mouvement.
Pour HelloQuitteX, le Dagen H a eu lieu ce 20 janvier, date de l’investiture de Donald Trump. Le nouveau président des États-Unis, connu pour relayer lui-même des fake news, comme lorsqu’il avait déclaré que le réchauffement climatique était un "canular", avait invité son nouvel allié, Elon Musk.
Le patron de SpaceX, Tesla et X suscite depuis une vive polémique à cause d’un geste ressemblant fortement à un salut nazi effectué lors de sa prise de parole. Fraichement nommé ministre de l’Efficacité gouvernementale par Donald Trump, ce n’est pas la première fois que l’homme le plus riche du monde s’illustre pour ses positions extrémistes.
Une "guerre culturelle" contre "le virus de l’idéologie woke"
Il suffit de parcourir les nombreux tweets de Musk et pour comprendre quelles idées le séduisent. Adepte de théories racistes et masculinistes, il mène une "guerre culturelle" contre "le virus de l’idéologie woke" ("woke mind virus"). Le terme "woke", de l’anglais "éveillé", désigne à la base les personnes conscientes des problèmes d’injustice sociale et de discriminations de toutes sortes. Parmi ses prises de parole les plus controversées à ce propos, il avait qualifié sa fille transgenre de "mort, tué par le virus woke", en la désignant délibérément par des pronoms masculins.
La proximité de Musk avec l’extrême droite ne s’arrête cependant pas aux frontières des États-Unis. Alors que les élections fédérales allemandes sont prévues pour fin février, l’homme d’affaires a partagé sur X son soutien à l’AfD (Alternative für Deutschland). Le parti d’extrême droite allemand a pourtant été épinglé pour sa proximité avec le néo-nazisme. En mai 2024, la tête de liste du parti aux élections européennes, Maximilian Krah, avait été écartée de la campagne après avoir affirmé qu’il ne pouvait pas dire que "ceux qui portaient un uniforme SS étaient automatiquement des criminels".
Au-delà de l’Allemagne, Elon Musk a également multiplié les attaques contre le Premier ministre britannique Keir Starmer, réclamant qu’il fasse de la prison, tout en soutenant ouvertement la Présidente du Conseil, Georgia Meloni. À la tête du parti Fratelli d’Italia, elle réfute régulièrement les accusations de fascisme. Elle a toutefois refusé d’enlever de son logo la flamme tricolore, symbole controversé hérité de l’époque mussoliniste.
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Les prises de positions extrêmes de Musk ont profondément modifié X depuis son rachat le 14 avril 2022. En moins de trois ans, le réseau social anciennement connu sous le nom de Twitter est devenu un haut lieu de la désinformation et des idées d'extrême-droite. Les propres messages de Musk et ceux des partisans de Trump sont ouvertement mis en avant par l’algorithme.
Le cas le plus symptomatique de cette nouvelle tendance est le changement de règles concernant la pastille bleue qui s’affichait sur les comptes "certifiés". Elle permettait de s’assurer que l’utilisateur d’un compte est bien celui qu’il prétend être. Musk décide peu après son rachat de la rendre payante et accessible à tous.
Voilà où en est le Twitter de Musk. Un compte certifié New York Times qui n’est pas le New York Times et le compte officiel du New York Times qui n’est plus certifié.
Rappel : la pastille n’indique plus si elle est légitime ou achetée. pic.twitter.com/XC0PB93h2V— Tristan Mendès France (@tristanmf) April 3, 2023
La solution HelloQuitteX
Face au revirement du réseau social, pourquoi rester sur X ? C’est la question que se sont posés les chercheurs à la base du projet HelloQuitteX. Pour de nombreux médias, entreprises et même utilisateurs individuels, leur profil X est le fruit de longues années de réflexions, plus ou moins profondes, partagées à une communauté, plus ou moins large.
C’est là qu’HelloQuitteX entre en scène. L’initiative propose un service gratuit permettant de migrer l’intégralité de ses données utilisateurs vers Bluesky ou Mastodon, des plateformes similaires. Il suffit pour cela de suivre les étapes détaillées sur la plateforme : demander ses données à X, télécharger l’une des deux plateformes alternatives, et enfin migrer les données.
De nombreux médias ont déjà sauté le pas, comme The Guardian, Mediapart ou encore Ouest-France, ainsi qu’un certain nombre d’institutions et de personnalités françaises.