"Depuis quelques jours, il y a un élan de solidarité envers la population ukrainienne et pour l'accueil des réfugiés ukrainiens qui est très fort et précieux", note auprès de l'AFP Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade. Mais "on entend aussi des discours qui sont de notre point de vue inacceptables sur les 'bons' et les 'mauvais' réfugiés", des discours "qui mélangent tout", ajoute-t-elle. "On a des remontées de terrain absolument inacceptables sur des tris de réfugiés aux frontières de l'Ukraine sur des questions de couleur de peau".
Le formidable élan de solidarité envers les Ukrainiens rend encore plus visibles les discriminations et le rejet subis par les migrants non européens."
L'Union africaine (UA) avait fait part lundi de son inquiétude après les accusations croissantes de comportements racistes à l'encontre de ressortissants africains aux frontières ukrainiennes, dont certains semblent empêchés de s'y rendre ou de les franchir. "Attention, la question de l'accueil des réfugiés, du droit d'asile est un principe fondamental du droit international, qui est universel" et "n'est pas à géométrie variable", insiste la responsable de la Cimade, association de solidarité et de soutien aux migrants. "Le formidable élan de solidarité envers les Ukrainiens rend encore plus visibles les discriminations et le rejet subis par les migrants non européens", réagit sur Twitter la directrice générale de France Terre d'asile Delphine Rouilleault. "Le droit d'asile est un droit universel".
"Immigration de grande qualité"
En France, le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges (Modem), a fait polémique en déclarant que les Ukrainiens seraient une "immigration de grande qualité dont on pourra tirer profit". L'éditorialiste Christophe Barbier a, lui, affirmé qu'il y avait "un geste humanitaire évident" à avoir avec les Ukrainiens, notamment parce qu'ils "sont des Européens de culture".
"Face à l'emballement émotionnel, je ne peux qu'inviter tout le monde à faire preuve de calme", souligne le président de France Fraternités, Pierre Henry, qui fustige "l'irresponsabilité" d'un "certain nombre d'hommes politiques et de commentateurs". "L'opinion réagit avec une empathie qui varie", reconnaît Jean-François Ploquin, directeur de l'association Forum réfugiés-Cosi. Mais il rappelle le mouvement de sympathie pour les Afghans, "il n'y a pas si longtemps". Et au-delà de l'émotion, "l'action, de l'administration ou des associations, s'inscrit de façon continue dans un accueil indiscriminé des personnes". "Le droit d'asile est le même pour tout le monde", rappelle aussi Didier Leschi, le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii). Par ailleurs, indique-t-il, si "l'administration s'est mise en mouvement pour organiser au mieux l'accueil" des Ukrainiens, celui-ci est "actuellement limité" parce que pour eux, "la priorité n'est pas de venir jusqu'en France".
836 000 personnes réfugiées
Selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 836 000 personnes, au 1er mars, avaient fui l'Ukraine vers les pays voisins depuis le lancement de l'offensive russe. "Moins d'une centaine" d'Ukrainiens sont arrivés en France, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a précisé que la communauté ukrainienne était peu nombreuse dans l'Hexagone ("17 000" personnes recensées). Le gouvernement a adressé aux élus un courrier les invitant à "faire connaître" aux préfets les "initiatives possibles" dans leurs communes. La France va également autoriser les réfugiés ukrainiens à circuler gratuitement à bord des trains, une mesure prise par la Pologne, l'Allemagne ou l'Autriche. Pourquoi cette mesure est-elle limitée aux Ukrainiens ?, s'interrogent certains. La CGT-Cheminots appelle le PDG de la SNCF à autoriser "tous les réfugiés" à circuler gratuitement. Le gouvernement hongrois, connu pour sa politique résolument hostile aux migrants, a ouvert sa frontière aux Ukrainiens fuyant la guerre. Le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto a qualifié mercredi d'"humiliante" la comparaison entre "les migrants illégaux" et "les personnes innocentes dans le besoin qui fuient l'Ukraine".
Avec AFP.
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