L'agence, qui s'était déjà penchée à l'été 2018 sur la sécurité sanitaire des protections féminines (tampons, serviettes hygiéniques, protège-slips et coupes menstruelles, ou "cups"), réitère par ailleurs sa recommandation faite aux industriels "d'éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques" retrouvées dans ces produits, même si aucune, encore une fois, ne dépasse les seuils sanitaires.
"D'un point de vue sanitaire, le risque principal des protections féminines, c'est le risque de syndrome de choc toxique menstruel qui, bien que rare, peut avoir des conséquences dramatiques", insiste auprès de l'AFP Aurélie Mathieu, qui a coordonné cette expertise scientifique. Une vingtaine de cas sont recensés chaque année en France mais ce nombre est sans doute sous estimé, la déclaration de cette maladie due à une infection bactérienne au staphylocoque doré n'étant pas obligatoire.
Seules 1 % à 4 % des femmes sont porteuses de la souche de staphylocoque impliquée dans le syndrome de choc toxique (SCT) menstruel, et donc potentiellement à risque. Détecté tôt, le SCT se guérit par la prise d'antibiotiques, mais il peut aussi entraîner d'importantes atteintes digestives, musculaires, rénales, etc. Les premiers symptômes (fièvre, éruptions cutanées, baisse de la tension) pouvant ressembler à un état grippal, le diagnostic est souvent difficile à établir.
Le 9 janvier, une adolescente de 17 ans d'abord traitée pour gastro-entérite est décédée en Belgique d'une infection au staphylocoque doré, selon les autorités sanitaires fédérales. Son décès est dû "au choc septique de ses tampons", a rapporté sa famille dans les médias belges. Le cas d'une mannequin américaine amputée des deux jambes suite à un SCT avait aussi été très médiatisé en 2015, entraînant le lancement en France d'une pétition demandant plus de transparence sur la composition des tampons. Mais "dans l'état actuel des connaissances, le SCT n'est pas lié au matériau utilisé dans la composition de ces protections", estime l'Anses dans la mise à jour de son rapport d'expertise.
"Milieu de culture"
"Le risque de développer cette maladie (...) est lié aux conditions d'utilisation des protections intimes", ajoute-t-elle, observant que l'information sur ce risque est trop souvent absente, notamment sur les coupes menstruelles. "Toutes les protections féminines internes bloquent l'écoulement du flux menstruel, qui se comporte alors comme une sorte de milieu de culture", explique Aurélie Mathieu.
Chez les femmes porteuses de cette souche particulière de staphylocoque, la bactérie peut alors parfois "se développer jusqu'à atteindre une charge bactérienne suffisante pour que la toxine" responsable du SCT "soit produite et passe au niveau sanguin". Aussi, l'agence "rappelle aux utilisatrices l'importance de respecter les règles d'hygiène liées à l'utilisation des protections", notamment la durée de port maximale et le lavage des mains avant un changement de protection.
Une enquête réalisée en 2017 par Opinion Way pour l'agence de sécurité sanitaire soulignait que ces règles étaient loin d'être généralisées : seules 61 % des femmes interrogées disaient se laver les mains avant de changer de protection (24 % à l'eau, 50 % avec du savon et 7 % avec un gel hydroalcoolique) et beaucoup déclaraient garder la même protection plus de 5 heures (22 % des utilisatrices de tampons, 26 % pour les serviettes et 75% pour les coupes menstruelles).
Contrairement aux Etats-Unis, où les protections périodiques sont considérées comme des dispositifs médicaux, dans l'Union européenne, "il n'existe pas de réglementation spécifique encadrant la composition, la fabrication ou l'utilisation des produits de protection intime", qui relèvent de la réglementation qui s'applique à l'ensemble des biens de consommation courante, rappelle l'Anses.
Avec AFP.
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